La ministre des Armées Florence Parly s’est entretenue hier soir avec le vice-ministre de la Défense nationale de Lituanie, Vilius Semeška. En ressort principalement une volonté de consolider la coopération bilatérale, notamment au travers de développements capacitaires communs et de l’acquisition de matériels français.
Avec moins de 50 M€ de prises de commandes entre 2011 et 2020, la Lituanie n’est pas à proprement parler un client majeur de la BITD française. Le seul contrat « majeur » concerne l’achat de trois hélicoptères Dauphin en 2013 avec l’aide financière de l’Union européenne. Si l’on en croit le vice-ministre Semeška, la situation pourrait évoluer favorablement.
« La France a une industrie de défense très développée, nous visons donc à rejoindre certains programmes de développement et de production d’armements et à acquérir les systèmes les plus modernes », déclarait ce matin Vilius Semeška, sans détailler les besoins prioritaires. Lors de sa visite, celui-ci a également évoqué les questions d’acquisitions et de renforcement capacitaire avec la Direction générale de l’armement (DGA).
De l’artillerie aux véhicules blindés 8×8, la Lituanie a massivement investi ces dernières années pour muscler son outil de défense. Son budget annuel a pratiquement quintuplé en 10 ans pour atteindre 1,2 Md€ en 2022. Elle est aujourd’hui l’un des rares membres de l’OTAN à respecter les trois exigences budgétaires fixées en 2014 : 2% du PIB investis dans la Défense, au moins 20% des dépenses militaires consacrées à l’acquisition d’équipements majeurs et maximum 50% de l’enveloppe allouée au personnel.
En matière de R&D, Paris et Vilnius coopèrent d’ores et déjà au niveau européen. La France est associée à quatre des six projets PESCO auxquels la Lituanie participe : « Military Mobility », « Cyber Ranges Federations » (CRF), « Network of Logistics Hubs in Europe and Support to Operations » (NetLogHubs) et « Common Hub for Gouvernmental Imagery » (COHGI).
Hormis le pilier capacitaires, les deux pays continueront de collaborer sur le terrain opérationnel. Les forces terrestres françaises, entre autres, se déploient alternativement en Lituanie et en Estonie dans le cadre de la mission Lynx, volet français du dispositif de présence avancée renforcée (eFP) de l’OTAN dans les États baltes.
Si la mission Lynx lancée en mars 2021 en Estonie se prolonge avec l’envoi d’une compagnie d’infanterie des troupes de montagne, le vice-ministre lituanien annonce avoir discuté du potentiel « déploiement d’une capacité d’appui-feu indirect de l’armée de Terre dans les plus brefs délais ». Le cas échéant, l’armée de Terre retournerait pour la troisième fois en Lituanie dans un cadre eFP après ses contributions de 2018 et de 2020.
Cette éventuelle présence supplémentaire dans la région, plusieurs députés l’appellent de leurs vœux dans un récent rapport parlementaire consacré aux enjeux géopolitiques et de défense en Europe de l’Est. « Il pourrait être envisagé de muscler le dispositif, à la faveur de la réduction des effectifs dédiés à l’opération Barkhane. (…) Si la France faisait un tel choix, elle devrait envisager une permanence des troupes et un renforcement au niveau tactique, afin notamment de se préparer plus efficacement à la haute intensité », relevaient les députés Jean-Charles Larsonneur (LREM) et Charles de la Verpillière (LR).
L’Allemagne a quant à elle entrepris dès début février, soit plusieurs semaines avant l’invasion de l’Ukraine, d’augmenter sa présence militaire en Lituanie. Environ 350 militaires et une centaine de véhicules, dont des canons automoteurs PzH 2000, sont venus renforcer le bataillon eFP basé à Rukla et placé sous commandement allemand.