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La filière de défense terrestre craint une crise majeure « à retardement »

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Plutôt épargnée par les conséquences économiques de la crise sanitaire, la filière de défense terrestre redoute néanmoins une crise majeure dans les deux ans en raison de la détérioration du marché export. Pour le principal acteur du segment, le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), il sera dès lors primordial de conserver une loi de programmation ambitieuse pour compenser l’éventuel recul. 

Une crise dans les deux ans

L’industrie de défense terrestre, c’est un chiffre d’affaires annuel de 8 Md€, un peu plus de 50 000 emplois indirects et une très grande majorité de PME et TPE. L’export représente traditionnellement 50% de l’activité, avec une clientèle répartie entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. 

Cela, c’était avant la crise sanitaire. Celle-ci a déjà freiné les résultats à l’export et continuera de les impacter à moyen terme. La part réalisée hors-France a diminué de 10% en 2020, avec « une baisse encore plus sensible dans le lointain export, c’est à dire en dehors de l’Europe », relevait Marc Darmon, président du GICAT et directeur général adjoint de Thales, fin juillet en audition parlementaire. 

« On ressent (…) une baisse de l’export à venir encore pire que celle-ci et qui peut faire attendre une crise dans le domaine de la défense, et de la défense terrestre en particulier, de même nature que la crise aéronautique mais décalée de deux ans ». 

En cause, un marché lointain export grippé par la crise sanitaire et les difficultés à voyager et négocier qu’elle engendre. Pour les industriels, il faut aussi compiler avec une clientèle et des prospects qui ont renvoyé aux calendes grecques ou annulé certains investissements intéressant directement la filière française.

Les quelques succès remportés l’an dernier ne doivent pas occulter ce « risque (…) très important, y compris pour nos PME et TPE, alors que les emplois que nous avons sont très technologiques, absolument pas délocalisables, assurent un certain équilibre en région ».

La ligne de production de VBL Ultima installée à Marolles-en-Hurepoix par Arquus, sujet sur lequel nous reviendrons en détails prochainement.

La LPM comme amortisseur

Avec ces perspectives très incertaines, les industriels misent plus que jamais sur un marché domestique et une loi de programmation militaire 2019-2025 particulièrement favorable, principalement grâce au programme Scorpion. En l’absence de plan de relance dédié, c’est grâce au respect de la LPM et à une poignée de mesures d’urgence étatiques que la filière a pu limiter la casse.  

Pas étonnant donc que le secteur terrestre en appelle au maintien, voire au renforcement de la trajectoire au travers des travaux d’actualisation. Marc Darmon l’annonçait dès janvier dernier : « il conviendra d’être attentif aux travaux d’actualisation à venir, en cohérence avec les tendances opérationnelles de l’armée de Terre vers le combat de haute intensité et la guerre de l’information ».

Au vu des dernières évolutions sanitaires, ce constat reste plus que jamais d’actualité. « La LPM, qui a été un amortisseur en 2020, est absolument indispensable pour servir d’amortisseur par rapport à cette crise qui nous arrive sur l’exportation », relançait le président du GICAT aux députés. 

« Le besoin de rattrapage capacitaire et l’arrivée des nouveaux grands programmes en coopération nécessitent un effort important qui doit être couvert par cette loi de programmation militaire et très certainement celle d’après », a à son tour souligné Eric Trappier, PDG de Dassault et président du Conseil des industries de défense (CIDEF).

Or, les premiers échos relevant de l’actualisation, relayés par les sénateurs, font état d’arbitrages négatifs dans le domaine terrestre. Avec, à la clef, des décalages de livraisons et un impact négatif sur les plans de charges des entreprises. Les jalons de Scorpion sont majoritairement tenus et seuls 27 Griffon manqueraient à l’appel à l’horizon 2025. D’autres renouvellements majeurs subissent quant à eux un écart très important par rapport aux cibles initiales, voire sont entièrement reportés à la prochaine LPM. C’est le cas du VBL Ultima, diminué de 123 unités sur les 733 prévues, et du remplacement des poids lourds 4/6 tonnes, pourtant absolument nécessaire. 

À cela s’ajoute l’incertitude concernant l’étendue des deux dernières marches de la LPM, pour 2024 et 2025. La LPM les fixe théoriquement à 3 Md€ chacune pour parvenir à un budget de 50 Md€ en 2025, jalon qui peut être revu suivant la situation macroéconomique. La crise sanitaire a entre-temps rebattu les cartes, empêchant le ministère des Armées d’affermir la trajectoire faute de disposer d’une vision exacte sur la croissance économique.

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