Des journalistes finlandais ont rapporté les propos tenus par le ministre de la Défense Jussi Niinisto lors du point presse du 8 mars dernier. Outre les questions-réponses typiques sur l’actualité militaire du pays, Niinisto a annoncé que le pays limitrophe de la Russie développait une nouvelle arme de dissuasion : une mine détonée à distance destinée à décourager les agresseurs potentiels par son « horreur ». D’autres pays porteraient un intérêt certain pour cette technologie.
Le journaliste finlandais de Reuters, Jussi Rosendahl, rappelle justement que la Finlande était le dernier pays de l’Union européenne à avoir ratifié la Convention d’Ottawa (en 2011!). Cette ratification fait encore aujourd’hui, et comprenons-le, l’objet de critiques de la part de certains Finlandais qui soutiennent que les mines terrestres seraient indispensables pour défendre les longues frontières du pays. Le pays de Simo Häyä, (« la Mort Blanche » pour les plus connaisseurs ou Belaya Smert), partage une frontière de 1 340 km avec la Russie. Rosendahl rappelle également que les dépenses militaires avaient été logiquement augmentées suite à l’annexion de la Crimée en 2014.
Selon un responsable du ministère de la Défense finlandais, la Convention d’Ottawa, dont ni les États-Unis, ni la Chine, l’Inde ou encore Russie ne sont signataires, indiquerait que le déclencheur de la mine doit avoir un contact visuel direct avec l’endroit où il l’a déclenche, alors que les mines qui y sont interdites impliquent des explosifs déclenchés par la proximité ou le contact avec la cible sans autre intervention humaine. Les mines traditionnelles explosent vers le haut ou sur les côtés mais l’impact de cette nouvelle mine « se fait de haut en bas, ce qui rend la protection plus difficile » et peut mettre hors de combat soldats comme véhicules.
Si Niinisto souhaite que la technologie soit développée en conformité avec les conventions internationales (les mines seraient alors déclenchées volontairement et consciemment par des militaires finlandais), Rosendahl explique que le ministre considère tout de même la ratification de la Convention d’Ottawa comme une erreur, celui-ci aurait déclaré que son pays pourrait revenir sur l’interdiction des mines terrestres si une « crise » où « tous les accords » seraient « devenus des papiers insignifiants » l’exigeait.
Lors de son échange avec les journalistes, Niinisto a également indiqué que certains pays s’y intéressaient de près à la technologie finlandaise (probablement la Pologne ou la Chine) et qu’il en avait déjà discuté avec plusieurs de ses homologues.