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La défense britannique pourrait allonger les milliards pour ses Boxer

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Alors qu’il avait quitté le programme du Boxer en 2003, le ministère de la Défense britannique revient finalement en force sur ce véhicule 8×8 pour en faire le Mechanised Infantry Vehicle de son armée de terre: le contrat initial portait déjà sur un minimum de 400 unités, aujourd’hui on parle d’une option pouvant porter la commande jusqu’à 1500 véhicules ! Ce sont près de 13 Mds € qui pourraient être déboursés sur vingt-quatre années pour s’offrir cette famille de Boxer.
 

Crédits : ALAMY

Crédits : ALAMY


 
Le Ministère de la Défense britannique passera par l’OCCAR (organisation conjointe de coopération en matière d’armement) pour la livraison desdits véhicules. Comme expliqué dans l’avis relatif à l’attribution de marché publié ce-jour, le gouvernement britannique a souhaité ne plus perdre de temps pour ce programme d’importance en attribuant directement le marché sans passer par une concurrence ouverte qui devait pourtant voir le Boxer en compétition avec le VBCI, le Piranha et l’AMW de Patria. Cette pratique est autorisée par l’article 12 c) de la directive 2009/81 / CE qui laisse à l’OCCAR la conduite du programme comme cela avait été fait pour les Boxer allemands et néerlandais il y a maintenant plus de dix ans.
 
Selon le MoD britannique, en attribuant le marché à l’organisation européenne à l’origine du véhicule, il peut « acquérir cette capacité militaire » par « les moyens les plus économiques », « réaliser des économies d’échelle et d’interopérabilité avec les pays partenaires » et  « renforcer la base industrielle de la défense européenne ». Les principaux industriels engagés dans le programme Boxer et donc dans sa version britannique, le MIV, sont réunis au sein d’ARTEC, un consortium où l’on retrouve les allemands Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall.
 
Bref, pour résumer, les responsables Britanniques ont indiqué au Parlement préférer le Boxer à ses concurrents car il offrait des avantages supérieurs en matière de sécurité, de puissance, de mobilité et de fiabilité, tous démontrés selon eux par la Bundeswehr sur le théâtre afghan. Surtout, outre une facilité de procédure, et qui dit facilité dit rapidité, ce sont les potentielles économies d’échelle et les droits que le MoD a obtenus sur le Boxer en participant à sa conception et à ses premiers essais qui ont pesé dans la balance. Le Boxer étant probablement le plus cher du marché, on peut comprendre nos amis britanniques.
 
Bien que la préférence britannique ait été annoncée en mai dernier, l’avis publié apporte quelques chiffres en précision ainsi qu’une surprise : une option pouvant porter l’acquisition totale à 1500 véhicules. Pour voir large donc, le MoD d’outre-Manche a fixé la valeur totale du marché à 12,9 Mds € qui seront répartis entre les différents industriels concernés (pour embellir son offre, ARTEC a signé des partenariats avec Thales UK, BAE Systems et Pearson Engineering, promettant qu’au moins 60% de la valeur du programme sera générée par des entreprises au Royaume-Uni). Que y-a t’il donc dans ces 12,9 Mds€ ? Pour sûr, les Britanniques acquerront entre 400 et 600 véhicules dans quatre différentes versions dont le transport de troupes, les véhicules de commandement, et les ambulances. À ces véhicules produits, s’ajouteront la formation et le support, pour une valeur totale estimée à 5 Mds€.
 
Avec l’option de lots additionnels, on peut imaginer que les Britanniques opteront pour d’autres modules du Boxer, comme les véhicules d’assistance et de réparation ou des véhicules équipés de mortier (les observateurs britanniques parlent d’un canon de 105 ou de 120 mm). Le premier lot de véhicule devant arriver entre 2021 et 2023 nous en saurons bientôt plus sur les équipements choisis par les Britanniques pour équiper leurs véhicules d’infanterie. Le spécialiste Nicholas Drummond imagine qu’ils seront lourdement armés : un canon de 30mm de type canon de l’hélicoptère Apache, monté sur tourelle téléopérée ainsi qu’un lance-missile anti-tank Javelin et une mitrailleuse de 12,7mm. Drummond espère même que le MoD passe une commande supplémentaire d’un demi-millier de véhicules pour former des régiments de Boxer de reconnaissance équipés de canons automatiques 40 CTAS et d’autres de Boxer équipés d’un canon d’artillerie de 155mm pour se rapprocher des capacités des systèmes CAESAr ou Archer.
 
À suivre, avec le feu vert définitif l’année prochaine. La quantité de lots peut changer d’ici là : si la défense britannique poussera pour équiper aux mieux ses Strike Brigades il n’est pas certain que, ni le Parlement, ni le Trésor, secoués par le Brexit, ne soient très emballés à l’idée de débourser jusqu’à 8 milliards supplémentaires en 24 ans.

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