La Défense belge est repartie à la recherche d’un bouclier anti-drones, trois ans ans après une première demande d’information (RFI) avortée en raison de la guerre en Ukraine et de la nécessité de revoir le besoin. Un préambule au lancement potentiel d’une compétition pour des systèmes dont les militaires belges sont aujourd’hui dépourvus.
Jamais deux sans trois. Pour la troisième fois en trois ans, la Défense belge part sonder le marché de la lutte anti-drones (LAD). Lancée en mai 2021, la RFI initiale était annulée un an plus tard puis remplacée par une seconde pour mieux prendre en compte l’évolution rapide du marché et les premiers retours d’expérience du conflit russo-ukrainien. Rebelote vendredi dernier, avec une nouvelle RFI visant à « identifier d’éventuels intégrateurs qui peuvent aider l’état-major de la Défense belge dans le développement de la capacité anti-UAV belge ». Le besoin, tout en restant concentré sur la menace des petits drones, est néanmoins étendu.
Les RFI précédentes se concentraient sur des systèmes fixes et semi-mobiles axés sur la protection des principales bases opérationnelles de la Composante Air, d’infrastructures critiques et d’événements majeurs. Cette troisième tentative étend le champ à l’acquisition d’une solution mobile intégrée sur plateformes terrestres ou navales ainsi que sur des systèmes portables pour doter les « unités mobiles » de capacités de détection et de neutralisation.
Le tout est envisagé comme un système de systèmes composé d’effecteurs et de capteurs manoeuvrés à partir d’un outil de commandement et de contrôle unique (C2). Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle adoptée pour le système PARADE des armées françaises, un outil modulaire et évolutif livré jusqu’à présent à six exemplaires et mobilisé cet été durant les Jeux olympiques et paralympiques.
Les militaires belges insistent par ailleurs sur la nature incrémentale de la démarche. L’éventuelle acquisition s’inscrirait dans un « partenariat innovant de long-terme » établi pour une quinzaine d’années mais potentiellement extensible pour répondre aux besoins et/ou menaces futurs. Un partenariat qui devra trouver un « ancrage belge solide » – l’heure étant au renforcement de la filière défense locale – afin de garantir les performances, la disponibilité et l’évolution du système.
« En adoptant un processus de développement agile, le consortium garantira flexibilité et réactivité face à l’évolution des besoins opérationnels. Cette approche permettra des améliorations itératives et des mises à jour ponctuelles des systèmes C-UAS, permettant à la Défense belge de répondre efficacement aux menaces émergentes et de maintenir une posture de défense globale contre les véhicules aériens sans pilote », commente la Direction générale des ressources matérielles (DGMR). Réponses souhaitées pour la mi-février 2025.
La construction d’une capacité LAD avait clairement été identifiée dans le plan STAR de 2022, avec près de 23 M€ fléchés vers la Composante Air et plus de 358 M€ pour la Composante Terre dans un effort combiné avec la défense sol-air très courte portée (VSHORAD). Reste que cette RFI n’est que la phase amont d’un processus qui, malgré l’urgence, se révèle long à concrétiser. La notification d’un contrat paraît encore lointaine à l’heure où la plupart des pays européens s’attachent à muscler leur défense anti-aérienne, un segment dans lequel la Belgique accuse un temps de retard, qu’importe l’envergure de la menace.