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FOB Interview : le colonel Yann Poincignon

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Interview du colonel Yann Poincignon, Chef de corps du 4ème Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales.

 

 

Quelle est la situation actuelle de votre régiment ?

 

Nous disposons d’une quarantaine d’hélicoptères, répartis dans cinq escadrilles des opérations spéciales (EOS) et servis par environ 300 personnes. Avec deux pôles principaux : Pau, où sont basées quatre escadrilles de combat, les EOS 1, 2, 3  et 6, et Villacoublay, où nous formons l’escadrille « Terre » du GIH (Groupement Interarmées Hélicoptères) placé à la disposition du GIGN. En résumé, le 4ème RHFS est le seul régiment utilisant à lui seul toute la panoplie des hélicoptères de l’Alat. A noter que le « 4 » ne dispose pas d’escadrille de maintenance : il s’appuie pour l’entretien de son parc sur le 5ème RHC dont la capacité technique a été étoffée.

 

Qu’est ce qui vous différencie de l’Alat « traditionnelle » ?

 

Nous travaillons en module mixte, c’est notre marque de fabrique. Chacun de nos commandants d’escadrille est capable de commander un module rassemblant différents types d’hélicoptères. C’est un savoir-faire que nous cultivons en permanence. Une de nos spécificités est aussi de travailler en synergie très étroite avec les autres unités de la Brigade des Forces Spéciales Terre et du Commandement des Opérations Spéciales, et notamment les aviateurs de l’escadron 3/61 Poitou. Autre point d’importance, nous pouvons être engagés sur un théâtre d’opération avec un très court préavis, sans passer par la case « MCP » (Mise en Condition avant Projection).

 

De combien d’équipages disposez-vous ?

 

Nous disposons en moyenne d’un équipage par appareil quand ce n’est pas moins. Nous sommes donc en limite basse, sans gras ! Mais nous allons toutefois renforcer dans les mois à venir le nombre de nos mécaniciens navigants et notre bureau de préparation opérationnelle : pour bien répondre au contrat opérationnel du COS, avec notamment la possibilité de nous engager au coup de sifflet, il faut que la préparation opérationnelle se fasse en continue.

 

Les nombreux déploiements de l’année 2011 ont ils pesé sur votre activité ?

 

Pendant Harmattan, près de la moitié de notre effectif était déployé sur les différents théâtres d’opération ! C’est un rythme très élevé que nous pouvons tenir au coup par coup, mais pour lequel nous ne sommes pas dimensionnés sur le long terme. Un ratio de 30% de nos équipages déployés est plus conforme à ce que nous pouvons fournir.

 

Comment recrutez-vous vos personnels ?

 

Nous organisons deux sessions d’évaluation par an, avec à chaque fois une trentaine de candidats (navigants et personnel de soutien). A l’issue de cette évaluation, les personnes sélectionnées sont placées dans une sorte de vivier dans lequel nous puisons en fonction de nos besoins. La personne qui nous rejoint reçoit alors deux à quatre mois d’instruction spécialisée. Les flux sont assez restreints, car la durée de service au sein du 4ème RHFS est souvent beaucoup plus longue que dans les autres régiments.

 

Que devient aujourd’hui votre flotte de Gazelle ?

 

Notre EOS 2 utilise une douzaine de Gazelle de tous types, dans une grande variété de missions (appui-feu, commandement, tireur d’élite embarqué etc.) Parmi les machines les plus anciennes, il nous reste aujourd’hui deux Gazelle canon et nous disposons d’une prolongation pour utiliser ces appareils jusqu’en 2014. D’abord pour assurer l’intérim avec le Tigre dans les missions d’appui-feu, ensuite parce que la Gazelle est encore très utile, notamment par sa très grande discrétion. 

 

Vous évoquez les Tigre. De combien d’appareils disposez-vous ?

 

L’EOS 6 en aligne quatre, tous au standard 1, c’est à dire pleinement projetables en opex, et nous avons cinq équipages formés. Nos équipages contribuent d’ailleurs à la projection des Tigre de l’Alat en Opex. Nous sommes à présent stabilisés sur ce volume, quatre hélicoptères et cinq équipages, mais nous n’excluons pas à l’avenir de remplacer nos HAP par des Tigre HAD, plus polyvalents. Sans toutefois remettre en question l’équipement à venir du 1er RHC.

 

Quelle est la situation des hélicoptères de manœuvre ?

 

L’EOS 1 dispose de six Cougar et deux Puma pour lesquels nos équipages sont biqualifiés. Les Puma nous sont très utiles car ils nous permettent de continuer à travailler pendant le chantier de rénovation des Cougar. L’EOS 3 dispose quant à elle de neuf Caracal, dont un en provenance de l’escadron 1/67 Pyrénées de l’armée de l’Air.

 

Quelle est aujourd’hui la part de l’armée de l’Air dans votre secteur « Caracal » ?

 

Il a été décidé au niveau interarmées de faire du 4ème RHFS le pôle « force spéciale » pour l’emploi du Caracal. Nous avons donc reçu un premier hélicoptère et un premier équipage (pilote, copilote et mécanicien navigant) en 2010. Deux autres équipages nous ont rejoint en 2011 et nous attendons à présent un deuxième hélicoptère. Harmattan a fait prendre un peu de retard à ces transferts, mais à l’été 2012 nous serons sur la cible : deux appareils et trois équipages, ces derniers étant totalement intégrés à nos effectifs.

 

Quelle est votre liberté de manœuvre pour développer des matériels spécifiques ?

 

Nous bénéficions de facilités financières et procédurales pour développer rapidement des matériels répondant à nos besoins. Le système fonctionne plutôt bien. Mais dès que nous arrivons au stade de l’intégration physique sur les hélicoptères, la chaine de développement devient plus lourde. Si je prends l’exemple de la mitrailleuse Gatling qui doit équiper nos Gazelle, nous sommes en cours de qualification de ce matériel par la DGA. Ensuite viendra le temps des tests en vol par le Gamstat. L’ensemble du processus pourra prendre de 12 à 18 mois.

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