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Interview exclusive: le général Olivier Gourlez de la Motte, COMALAT

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Nous avons décidé de vous proposer, de temps à autres, des interviews exclusives avec des personnalités du terrestre et de l’aéroterrestre.

Et justement, le commandant de Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT), le général de division Olivier Gourlez de la Motte, nous a fait l’amitié de bien vouloir accepter notre invitation et d’inaugurer avec nous cette nouvelle page de FOB.

Le général Olivier Gourlez de la Motte, commandant de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre

Le général Olivier Gourlez de la Motte, commandant de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre

Olivier Gourlez de la Motte, 57 ans, marié et père de six enfants, ne pensait pas faire une carrière militaire. Fait exceptionnel pour un étoilé, il n’est pas passé par les bancs des Ecoles de St Cyr Coëtquidan, mais plutôt par ceux de Paris-Sud 11 pour y obtenir en 1981 une maîtrise d’électronique, d’électrotechnique et d’automatisme. Et puis, suite à son service militaire, il a décidé de suivre la tradition familiale et de s’engager dans la cavalerie : en effet, l’école d’application de l’arme blindée cavalerie de Saumur fut autrefois dirigée par son père.

En 1986 il a opté pour les hélicoptères en intégrant l’école de spécialisation à Dax puis l’Ecole de l’Aviation légère de l’Armée de Terre (EALAT), au Luc, qu’il a dirigé de août 2010 à août 2012, avant de prendre le commandement de l’ALAT à Villacoublay dans la banlieue ouest de Paris. Et quand il le peut, ce pilote qui a vu le combat lors de la première Guerre du Golfe [1991], s’échappe de son bureau pour faire un vol en hélicoptère.

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FOB : Vous êtes dans votre quatrième année à la tête de l’ALAT. C’est exceptionnel ?

Général de la Motte (en souriant): Celui qui a fait le plus de temps est resté cinq ans ! Le Chef d’état-major de l’armée de Terre m’a demandé de rester jusqu’à l’été 2016 pour mettre en place la future structure du COMALAT qui s’inscrit dans le projet Armée de Terre Au Contact.

Cela changera quoi pour l’ALAT ?

Beaucoup de choses. A l’heure actuelle, le COMALAT exerce son commandement selon des modalités de direction « horizontale ». Le futur COMALAT deviendra un commandement en mode « vertical ».

Ainsi, aujourd’hui s’agissant de la préparation opérationnelle, le COMALAT est hors de la chaine de commandement mais il donne des directives à l’attention des unités de l’ALAT. Le général commandant les forces terrestres à Lille [Arnaud Sainte-Claire Deville], le directeur des ressources humaines et le directeur de la section technique de l’armée de Terre (STAT) sont responsables de leurs mises en œuvre. Le COMALAT doit ensuite s’en assurer. En d’autres termes, les consignes sont élaborées à Villacoublay, elles transitent ensuite par Lille, Tours ou Satory pour arriver jusqu’aux unités de l’ALAT.

Avec la nouvelle organisation qui se mettra en place avant l’été 2016, une brigade aérocombat à vocation interarmes sera créée et les ordres passeront directement du COMALAT à cette 4ème brigade d’aérocombat (4é BAC), donc aux régiments, ainsi qu’à l’école de l’ALAT.

Quelles sont les challenges pour vous ?

J’ai vraiment une grande confiance dans l’avenir même s’il y a deux défis colossaux et j’ai le sentiment que la phase actuelle est une étape charnière, comme celle qui a marqué l’arrivée de l’hélicoptère sur le théâtre algérien, où il a fallu faire ses preuves. Aujourd’hui tout le monde est conscient que l’hélicoptère est un outil incontournable.

Le premier défi est l’appropriation des appareils de nouvelle génération : le Tigre et le Caïman. Cinquante-trois Tigre ont déjà été livrés sur les 67 attendus. Nous sommes en cours de changement de version. Même si nous avons l’impression d’être bien lancé, nous sommes en perpétuel renouvellement. S’agissant du Caïman : 17 appareils sur les 74 attendus ont été livrés. Nous n’en sommes qu’au début de l’évolution qui va marquer les appareils de nouvelle génération.

Le deuxième défi est la projection simultanée d’une trentaine d’hélicoptères , ce qui représente pour l’ALAT un volume très important à soutenir en opération extérieure.

Pour nous donner une idée, combien y avait il d’appareils en Afghanistan ?

Nous avions environ une quinzaine d’appareils dont cinq Tigre. Au Mali 40 appareils ont été projeté. Une trentaine d’hélicoptères sont engagés en continu en France tout en maintenant par ailleurs une alerte en métropole depuis le 13 novembre 2015.

Des Tigre sont déployés au Mali dans le cade de l'Opération Serval

Des Tigre sont déployés au Mali dans le cade de l’Opération Serval

Qu’est-il advenu de votre idée de mettre tous les hélicoptères terre, air et mer sous un seul commandement ?

Cette cellule (le CIH) a été créée en 2009 et dissoute en 2013. Elle ne détenait pas toutes les prérogatives d’un commandement, loin s’en faut. Alors au moment où il a fallu basculer sur Balard [le nouvel espace du ministère de la défense dans le sud-ouest parisien] nous nous sommes posé la question : le CIH avait-il rendu tout ce qu’on attendait de synergies interarmées ? Des avancées ont été réalisées grâce à ce commandement, notamment avec le groupement interarmées d’hélicoptères (GIH) au profit du GIGN (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale), mais aussi dans le domaine des forces spéciales. Le COMALAT a dans le même temps acquis de plus en plus d’ampleur ce qui a beaucoup compté aussi.

Au final, l’EMA a décidé de faire différemment. Je regrette qu’on ne lui ait jamais vraiment donné sa chance, mais il n’en reste pas moins que beaucoup de choses sont réalisées en interarmées.  L’acquisition : c’est la DGA avec l’EMA ; la maintenance et la réparation relèvent du périmètre de la Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la défense (SIMMAD) ; le bureau enquête analyse défense est interarmées ; la formation des pilotes des trois armées est assurée par l’armée de Terre alors que celle des mécaniciens est réalisée dans l’armée de l’Air. Ainsi presque tous les piliers qui déterminent une capacité sont déjà interarmées.

Il reste deux domaines. L’emploi demeure propre à chaque armée. Pour l’ALAT c’est l’aérocombat ; pour l’armée de l’air ce sont des missions aériennes, et pour la marine c’est l’aéromaritime.

Même si nous essayons d’avoir des synergies, les métiers peuvent rester spécifiques.

Enfin, les ressources humaines réalisent le recrutement en fonction des statuts et des profils de carrière d’Armée.

Y a-t-il des hélicoptères de l’armée française en Syrie ?

Non, il n’y a pas d’hélicoptères de la défense en ce moment mais il y a des études. Pour l’instant, la France n’a pas décidé d’envoyer des troupes au sol en Syrie. Si cet aspect évoluait, l’utilisation des hélicoptères se posera.

Mais en Libye il n’y avait pas de troupes au sol et pourtant les hélicoptères ont lourdement participé à la mission Harmattan ?

C’est une bonne remarque. Je prendrai le problème un peu à l’envers en disant qu’en Libye nous avons réalisé une opération aérienne, et puis pour complètement démanteler….

Pour connaître le reste de la pensée du général sur la question, revenez demain pour la deuxième partie.

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