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Geonyx, le nouveau bébé de Safran pour les artilleurs français, mais pas que

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Alors non, Geonyx n’est pas un nouveau venu dans le monde de Goscinny et Uderzo. Ce nom bien gaulois a été donné au dernier bijou de technologie des ingénieurs de Safran Electronics & Defence. Pour sortir de la dépendance au GPS et pour faire progresser la navigation des troupes et la précision de leurs tirs, Safran a dévoilé à l’occasion d’Eurosatory 2018 un petit boitier en métal concentré de technologies. En voici les détails pour comprendre les qualités compactées à l’intérieur de cette centrale inertielle dernière génération.  
 

La centrale inertielle Geonyx dévoilée sur le salon Eurosatory (Crédits : Forces Opérations Blog)

La centrale inertielle Geonyx dévoilée sur le salon Eurosatory (Crédits : Forces Opérations Blog)


 

Geonyx, c’est comme son prédécesseur Sigma 30 dans lequel on aurait remplacé le gyroscope original pour y installer le dernier venu des gyroscopes à résonateur hémisphérique, une fierté chez Safran et un système déjà éprouvé, le HRG Crystal. « Le HRG Crystal permet de mesurer la rotation d’une plateforme pour en déduire sa position et son orientation précises dans l’espace. » nous indique l’industriel français. « Basé sur les principes inertiels du pendule de Foucault et de mise en résonnance, le fonctionnement du gyroscope HRG Crystal peut être assimilé à ce qui se passe lorsque l’on fait tinter un verre en cristal. La déformation du verre se traduit par l’apparition d’une onde et la détection de sa position permet d’en mesurer la rotation. Le HRG Crystal n’a besoin d’aucune communication extérieure pour se repérer, ce qui le rend parfaitement indétectable et autonome. »

 

Intégré à la centrale de navigation Geonyx, le gyroscope sert à la navigation terrestre et au ciblage (pointage) de plus en plus précis pour les artilleurs et les tireurs dans leurs véhicules de combat (alignement des tourelles). Selon Jean-Christophe Mugler de Safran Electronics & Defence, les efforts des ingénieurs français doivent être compris comme la volonté de s’affranchir de la technologie GPS sur le champ de bataille. Bien qu’on puisse lui reconnaître une révolution dans nos modes de vie, sur un champ de bataille actuel, et surtout futur, le GPS n’a plus lieu d’être : il est brouillé par les ennemis sans trop de difficulté, voire même par les alliés pour ne pas que la technologie puisse être retournée contre leur utilisateur. Alors d’après Mugler, très heureux de présenter la dernière innovation de la filiale Electronics & Defence sur le salon Eurosatory, pour se déplacer et pour cibler l’ennemi, il faut revenir aux lois fondamentales de l’univers : la gravité et la rotation terrestre. C’est là que la navigation inertielle, « la véritable navigation », intervient.

 

Avec un système de navigation inertielle « la technologie est toujours disponible », à la différence du GPS, grâce à la technologie des gyroscopes résonnants. Bien que cette technologie révolutionnaire soit née il y a 30 ans (Safran a commencé leur production il y a 15 ans) ce n’est qu’aujourd’hui qu’est arrivé le stade de la production de masse et de l’utilisation de masse, un grand moment pour les services commerciaux de l’industriel qui semble prendre de l’avance sur ses concurrents. Au premier cycle de l’innovation, les gyroscopes étaient mécaniques, avant de devenir optiques puis résonnants aujourd’hui. Dès lors, le système Sigma 30, connu pour être intégré sur les CAESAr et divers plateformes du même type, devrait être petit à petit remplacé par le Geonyx.

 

Le Geonyx, outre ses nouvelles caractéristiques supérieures à ses prédécesseurs, voire à la concurrence, que nous développerons ci-dessous, répond à l’attente des clients et leurs nouveaux besoins : la confiance en le système s’impose, alors les ingénieurs de Safran se sont concentrés sur sa fiabilité et sur prix au long terme : le Geonyx est fait pour durer 1 million d’heure, soit 10 ans avant de tomber en panne ! Maintenant que cette technologie peut être produite en masse, son prix a bien baissé au fil des années de développement, mais c’est véritablement le coût de la maintenance qui a chuté. C’est en tout cas sur quoi Safran veut appuyer en présentant son nouveau bijou de technologie.

 

Le cadette des centrales inertielles peut être prête en 5 minutes (temps d’alignement), peut fonctionner indépendamment de la technologie GPS pendant plusieurs jours et possède la capacité de « mémorisation du cap » qui facilite la réactivité et l’adaptation. Ensuite, quand une centrale inertielle classique pouvait peser jusqu’à 25 kilos, le Geonyx ne dépasse pas les 6 kilos ! Autre spécificité qui donne à Safran un avantage certain sur ses concurrents, tous les systèmes sont concentrés à l’intérieur du produit, ce petit boitier n’est pas plus encombrant que deux briques de lait. Même le système d’absorption des chocs qui, chez les concurrents est ajouté à l’extérieur, y est intégré ce qui apporte compacité et robustesse. Un véritable « all in the box » assuré d’une « tenue aux chocs extrêmes ».

 

La centrale inertielle qui équipe actuellement les CAESAr, la Sigma 30 (Crédit photo : Philippe Wodka-Gallien - Sagem)

La centrale inertielle qui équipe actuellement les CAESAr, la Sigma 30 (Crédit photo : Philippe Wodka-Gallien – Sagem)


 

Là où le Geonyx remplira son rôle le plus déterminant, c’est dans le domaine de l’artillerie. Effectivement, si l’utilisation de centrales inertielles de Safran n’est pas nouvelle, dans l’armée de terre française par exemple, la dernière génération fait progresser le ciblage (pointage) et donc de fait la précision de la frappe qui s’ensuit. Un système d’observation, de reconnaissance/renseignement, repère une cible ennemie, ses cordonnées précises sont transmises par satellite au Geonyx qui n’a plus qu’à les recopier pour que le canon frappe l’ennemi avec précision. Avant l’arrivée du Geonyx sur le marché, la précision dépassait les 2 miliradians. Aujourd’hui Safran propose trois offres pour trois qualités de précision :  Geonyx SP (précision à 2 mil), Geonyx  HP (1 mil) et Geonyx XP (moins d’1 mil)… des chiffres qui ne parleront qu’aux artilleurs, probablement.

 

Le Geonyx peut être proposé sur tout type de véhicule terrestre de quelque production qu’il soit. Bien qu’il puisse servir à tous les véhicules d’une armée, comme nous l’avons dit, son intérêt premier se trouve dans sa capacité de ciblage/pointage ultra-précis, alors pour la navigation des véhicules, le système Epsilon et son principe de « GPS backup » suffit. En fait, dans le cas français on peut imaginer les flottes de VAB, de VBL, VBMR légers et Griffon équipés des Epsilon, quand les véhicules de combat – Jaguar et Leclerc – se verront intégrer la centrale Geonyx. Aussi, outre l’artillerie « fixe » et mobile, qu’elle tire des obus ou des roquettes, Geonyx conviendra parfaitement aux véhicules ISR pour l’acquisition de cibles, assurant la précision des coordonnées transmises.

 

Quand on demande au service de communication de Safran, si l’armée française est intéressée par Geonyx, on nous répond que oui, avec un large sourire et des yeux pétillants qui nous annoncent de belles années à venir pour Safran. Des démonstrations ont déjà été organisées à l’attention des officiers français de la STAT et des ingénieurs de la Direction Générale de l’Armement.

 

Rien que sur le volet artillerie, les commerciaux de Safran Electronics & Defence ont de longues heures de travail devant eux : outre le CAESAr, la SIGMA 30 avait été sélectionnée pour plus de 40 systèmes d’artillerie dans vingt pays, indique le site de Safran – dont le système Archer, le système sur roues Nora, le lance-roquettes unitaires M270 Mars 2, et le mortier mobile 2R2M. Dès lors, si leurs utilisateurs sont séduits par les promesses de Safran (sur l’abattement du coût de maintenance) et sa technologie dernier cri, on comprend vite que les ventes de l’industriel sont parties pour grossir, encore et encore. 

 

Enfin, Geonyx est dévoilé au moment où le programme Scorpion bat son plein. Son intégration aux véhicules de combat – nouveaux ou modernisés pourrait encore faire progresser le combat collaboratif et la puissance de feu pour surpasser l’ennemi : avec l’échange d’informations et le systèmes d’assistance au tir, une tourelle de Jaguar peut par exemple être automatiquement dirigée vers une cible détectée par le véhicule ou un allié proche. Difficile de croire qu’on puisse refuser longtemps à l’armée de terre un bonus de réactivité et de précision.

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