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FOC en ligne de mire pour la force expéditionnaire franco-britannique

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Soldats français du 1er RTir et britanniques des 3 PARA et 2 RGR côte à côte lors de l'exercice Griffin Strike 2016 (Crédits: Cpl Andy Reddy RLC)

Soldats français du 1er RTir et britanniques des 3 PARA et 2 RGR côte à côte lors de l’exercice Griffin Strike 2016 (Crédits: Cpl Andy Reddy RLC)

 

Après une longue maturation, la force expéditionnaire conjointe interarmées (CJEF) formée par la France et le Royaume-Uni est sur le point d’être déclarée « pleinement opérationnelle » (FOC). Une annonce officielle devrait intervenir à l’occasion du 10e anniversaire des accords bilatéraux de Lancaster House, point de départ de la CJEF.

 

Malgré l’annulation de l’exercice de validation Griffin Rise au 1er semestre 2020, la CJEF est enfin parvenue « à une pleine capacité qui est aujourd’hui acquise ». Ce aboutissement devrait « faire l’objet d’une annonce des ministres chargés de la Défense très prochainement », déclarait ce mercredi le député LREM Jacques Marilossian, auteur d’un récent rapport parlementaire sur les accords de Lancaster House.

 

Scellé le 2 novembre 2010, ce renforcement de la collaboration militaire franco-britannique comprend deux traités dont l’un relatif à la « coopération en matière de défense et de sécurité ». Il se subdivise lui-même en deux axes majeurs. L’un, industriel, se cristallise notamment avec des développements communs type SLAMF et l’autre, opérationnel, dont le volet le plus ambitieux est la mise sur pied de la CJEF. « Ce volet opérationnel, c’est ce qui marche très bien », souligne le député LR et co-rapporteur Charles de La Verpillière.

 

La CJEF est équivalente à deux brigades, soit plus de 10 000 militaires pouvant être projetés à très court préavis pour, entre autres, conduire des opérations de haute intensité défensives ou offensives. Capable « d’entrer en premier dans un territoire potentiellement hostile », la CJEF n’est pas une entité permanente mais une structure ad-hoc comprenant des volets aériens, terrestres et maritimes sous commandement intégré. En cela, elle est un outil mis à disposition de l’OTAN, de l’Union européenne ou encore des Nations Unies. Le  concept d’emploi révisé signé en juin 2020 prévoit par ailleurs l’utilisation des procédures otaniennes et l’ouverture éventuelle à d’autres partenaires.

 

À entendre les deux députés, une décennie n’aurait pas été de trop pour cimenter l’interopérabilité entre les deux armées. Lancée quelques mois après Lancaster House, l’opération Harmattan menée en Libye avait en effet « mis à l’épreuve la réalité de l’interopérabilité des forces françaises et britanniques », rappelle Jacques Marilossian. Les lacunes identifiées ont donné lieu à la constitution de six groupes de travail interarmées et de 13 sous-groupes pour plancher sur des sujets cruciaux comme le soutien médical, la logistique, les forces spéciales ou la communication stratégique.

 

De grands rendez-vous (Griffin Rise & Strike, Rochambeau, Joint Warrior, etc.) ont émaillé la dernière décennie pour monter en puissance et valider différents concepts, contribuant à établir « une très, très, très grande complémentarité entre les deux armées britannique et française. Bien plus qu’avec n’importe quelle autre si l’on exclut les États-Unis ». En 2019, près de 900 militaires de la seule armée de Terre ont traversé la Manche dans ce cadre.

 

Depuis 2016, les forces terrestres des deux pays ont également convenu d’un partage de commandement permanent, un officier français devenant le n°2 de la 1ère division de l’armée britannique à York. Un officier britannique assume un rôle équivalent au sein de l’état-major de la 1ère division Scorpion de l’armée de Terre, implanté à Besançon. Pour les députés, la CJEF a ainsi permis de passer d’un objectif général d’interopérabilité à « un projet concret, politiquement engageant, contrairement à d’autres forces conjointes comme la brigade franco-allemande ou l’Eurocorps ».

 

Quant à l’avenir de cette force dans un monde post-Brexit, les députés se sont voulus rassurants. Cette coopération et les instances qui en découlent, « sauf coup de théâtre », n’ont pas vocation à être remises en question suite au Brexit car le tout est engagé dans un cadre strictement bilatéral. « En tant que tel, le Brexit n’a pas d’incidence », rassure Charles de La Verpillière. Atteindre le stade de la FOC n’est, enfin, pas synonyme d’inertie pour la CJEF, pour laquelle un plan de consolidation et d’adaptation (« Consolidate and adapt plan ») est en cours d’élaboration. Celui-ci prévoira « des exercices et des travaux doctrinaux autour de scénarios ».

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