FOB Interview : Yves Fromion, député du Cher (1ère partie).

Ancien officier, St-Cyrien, Yves Fromion a passé 17 ans dans l’armée de Terre au sein de laquelle il a exercé de nombreux métiers… Dans l’arme blindée cavalerie tout d’abord, avant de rejoindre l’Alat comme pilote d’hélicoptère. Yves Fromion a ensuite été aide de camp de trois ministres de la défense successifs, avant de terminer commandant en second du groupement opérationnel du 1^er RPIMA. Après avoir quitté l’armée, il a rejoint le corps préfectoral avant de décrocher différents mandats électifs locaux et nationaux. Il est aujourd’hui maire d’Aubigny sur Nère et député UMP de la première circonscription du Cher. Yves Fromion revient aujourd’hui pour FOB sur la place de l’industrie de Défense dans la région Centre.

Bourges, préfecture du Cher, a une longue histoire liée à l’industrie militaire. Sur fond de restrictions budgétaires, que va devenir ce lien ?

Au delà des déclarations et des vœux, il faut regarder les réalités : dans le cadre des restructurations générales du dispositif de défense consécutives au Livre Blanc de 1998, la ville de Bourges a été très préservée par les pouvoirs publics qui en ont fait un pôle d’excellence de l’armement terrestre. Bourges accueille un centre de formation très important pour l’armée de Terre. La DGA Technique Terrestre a également développé ses infrastructures, avec notamment un polygone d’essais de premier plan.

Il était aussi question de déplacer la Section Technique de l’Armée de Terre à Bourges…

C’était prévu mais il semble que cette décision soit aujourd’hui remise en cause par le nouveau gouvernement, ce que je déplore. Je pense que c’est un calcul à très court terme…

Vous avez cité les établissements publics. La région de Bourges accueille également un important pôle industriel de l’armement.

Oui, avec deux sociétés de premier plan, Nexter et MBDA, mais aussi d’autres acteurs essentiels de l’armement comme Roxel ou ASB. Je rappelle simplement que Nexter dispose de deux sites dans le Cher, dont notamment la dernière fabrique de munitions de moyen et gros calibre pour les  armées françaises. MBDA, numéro deux mondial de l’industrie missilière, est fortement positionné chez nous et la pose de la première pierre de son usine de démantèlement vient renforcer le pôle de Bourges. Il est heureux que MBDA ait bien perçu tout l’intérêt qu’il y avait à développer son expertise dans notre région…

Bourges est donc un atout fort dans le jeu industriel français ?

J’insiste sur ce point : il est important pour la France de disposer d’une telle concentration de moyens dans la région de Bourges, car on ne va échapper à l’exacerbation d’une concurrence européenne en matière d’armement terrestre. Les Allemands, les Britanniques ou même les Suédois sont eux-mêmes très bien équipés. Si nous, Français, ne voulons pas être marginalisés, il est important que nous disposions d’un véritable centre d’excellence avec une concentration de moyens pour travailler dans de bonnes conditions. C’est bien ce qui a été développé à Bourges…

Ce développement industriel s’accompagne-t-il des efforts souhaitables au niveau des formations et de l’apprentissage ?

Nous disposons à Bourges d’une école d’ingénieur de très haut niveau qui a été créée et s’est développée avec un soutien appuyé des industriels de la Défense. Cette école propose des enseignements sur des savoir-faire spécifiques en matière par exemple de risques industriels, de « détonique »… Si je me félicite de la très grande porosité qui existe entre le milieu industriel et cette structure d’enseignement supérieur, je regrette en revanche la relative indifférence du personnel politique local sur ce point… Je constate que le Cher ne tire pas tous les profits qu’il pourrait des infrastructures présentes. Autre exemple : celui de la base aérienne d’Avord qui accueille une école de pilotage et les quatre Awacs français. Les militaires offrent une large palette de métiers et font de grands efforts pour s’ouvrir à l’Education nationale … avec des résultats décevants.

à suivre…