Le sergent Yohann Douady, tireur d’élite au 2ème RIMA, publie « D’une guerre à l’autre » aux éditions Nimrod. Les témoignages de soldats sont rares en France. Ceux portant sur la Côte d’Ivoire et l’Afghanistan le sont encore plus. La seule existence du livre du sergent Douady est un premier motif de satisfaction. Un autre trouve son origine dans la vigueur de ce témoignage. L’auteur nous fait plonger avec talent dans le quotidien de ces soldats en pointe dans les combats : ceux qui dorment dans les VAB ou sur les COP, ceux qui se glissent le long des compounds, qui crapahutent sur les pitons… Le sergent Douady est d’un naturel franc et direct. Il répond aux questions sans hésitation et avec discernement. Le livre qu’il signe est à son image.
Quelle a été la genèse de ce livre ?
Lorsque j’étais en opération en Afghanistan, j’ai tenu au jour le jour un carnet que je destinais à ma mère. Avant mon départ, celle-ci m’avait posé beaucoup de questions sur ma vie quotidienne et sur ce que j’allais faire en Afghanistan. Elle a pu lire ce carnet à mon retour et je crois qu’elle l’a beaucoup apprécié…
Comment avez-vous franchit le pas pour ensuite en faire un livre ?
En rentrant d’Afghanistan en 2011, j’ai disposé de deux semaines de permission. J’en ai donc profité pour donner le carnet à ma mère qui m’a ensuite mis au défi de le diffuser plus largement. J’ai ensutie rencontré d’autres personnes, reçu différents conseils qui m’ont conduit de fil en aiguille à faire la rencontre de François de Saint Exupéry des éditions Nimrod.
Le livre actuel reprend il in extenso le contenu de votre carnet ?
Non. Mes notes se limitaient à l’Afghanistan, mais François de Saint Exupéry a souhaité inclure dans le livre mon expérience ivoirienne, qui a également été très marquante. C’est un bon choix, parce qu’il permet de montrer les racines de mon engagement et ma première expérience de la « guerre ». Inversement, j’avais pris le temps de noter longuement dans mon carnet les événements les plus infimes de la vie au sein des groupes de combat, en dehors des périodes d’opération. Toutes ces petites choses qui avaient un sens pour moi sur le moment, mais qui n’en auraient pas eu pour le lecteur. Ces passages n’ont pas été reproduits dans le livre.
Il y a-t-il des ouvrages qui vous ont inspiré dans votre rédaction ?
J’ai raremement lu des témoignages récents sur les opérations françaises. Mais j’ai toujours apprécié les livres d’Erwan Bergot sur l’Indochine. Il ne raconte pas la vie des grands chefs mais celle des hommes au sol, dans la boue. C’est ce qui peut me rapprocher de son travail…
Dans les remerciements, à la fin du livre, vous expliquez avoir été très aidé par vos camarades…
Je n’ai pas fait ce livre seul… De nombreux camarades du 2ème RIMA m’ont consacré du temps pour partager leurs témoignages, pour m’aider à reconstituer le puzzle des opérations que nous avons vécues ensemble. Je pense notamment au capitaine Thomas, au lieutenant David, à plusieurs camarades blessés dans l’explosion d’un IED sous leur VAB, ou encore à l’adjudant-chef Duke du 11ème RAMa qui a pris des jours de permission pour venir me rencontrer à Paris. Ce livre n’aurait pu se faire sans la très grande fraternité partagée par tous ceux ayant pris part aux missions.
à suivre…
En illustration ci-dessus : le sergent Douady dans son bureau en vallée de Tagab, avec une vue imprenable sur un village afghan…
Je suis en train de lire ce livre et je suis absolument captivée, non seulement pas l’histoire mais également par la verve du Sergent Douady. Merci Sergent, à vous et à tous vos Camarades de nous faire connaître certains dessous de l’histoire que nous ne saurions pas sans cela.
Merci pour votre sensibilité, merci pour votre humanité.