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FOB Interview : le lieutenant-colonel Philippe Guyot

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FOB a évoqué hier la mutation en cours du musée de l’artillerie, installé dans l’enceinte de l’école d’artillerie de Draguignan. Nous revenons aujourd’hui plus en détail sur les projets en cours avec son conservateur, le lieutenant colonel Philippe Guyot.

 

Quelles sont les thématiques abordées par le musée que vous dirigez ?

Pendant 20 ans, le musée a été celui du canon et des artilleurs. Il est aujourd’hui devenu celui de l’artillerie. Cette variation sémantique sous-entend que nous nous intéressons aujourd’hui à tout l’environnement de l’artillerie : depuis les pièces jusqu’aux munitions, obus ou missiles, en passant par le renseignement, les transmissions etc. Le musée présente en outre de nombreuses pièces, uniformes, drapeaux, armes légères,  permettant d’animer la présentation des matériels lourds.

Pourquoi vous êtes vous lancés dans les travaux d’extension en cours ?

Avant toute chose, il me faut préciser que c’est un projet vieux de presque vingt ans, longtemps porté par mon prédécesseur, le lieutenant-colonel Gilles Aubagnac. J’ai la chance d’être le conservateur du musée au moment où le projet se concrétise… L’extension va nous permettre de présenter plus de pièces et de mieux accueillir le public, qui n’aura plus à pénétrer dans l’enceinte militaire pour venir nous voir. Le premier étage va enfin devenir accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à l’installation de la passerelle et d’un ascenseur.  

Quel est le coût des travaux ?

Le budget total est de 2,4 M€. Le ministère de la défense prend en charge environ un million d’Euros, ce qui correspond à la mise aux normes pour les personnes à mobilité réduite. Les collectivités territoriales, très impliquées dans le projet, prennent en charge le reliquat. Je tiens à préciser que le cabinet d’architecte Rudy Ricciotti nous fait cadeau de ses honoraires. « C’est mon côté bonapartiste » m’a expliqué Rudy Riccioti…

Quelles pièces nouvelles allez-vous pouvoir présenter sur la passerelle ?

La partie non close, qui sera posée à terre, pourra supporter 6 tonnes au m2. Nous allons donc y présenter des pièces lourdes, comme un automoteur AU 50 avec canon de 105mm en casemate, un obusier BF50 de 155mm, un Half Track HTM 16… Sur la deuxième moitié de la passerelle,  qui sera partiellement fermée, nous présenterons des pièces plus légères mais tout aussi intéressantes parmi lesquelles une tourelle Roland sur son châssis de maintenance ou une maquette didactique de missile Pluton.

Quelles sont les dernières pièces reçues par le musée ?

J’ai récupéré la semaine dernière deux affuts triples de Hawk, qui m’ont été reversés par le 402ème régiment d’artillerie de Chalons en Champagne. Nous allons également recevoir un camion Renault de 1915 tracteur d’artillerie lourd. Son achat a été financé par l’AMAD, l’association des Amis du Musée de l’Artillerie de Draguignan. Toute la caisse en bois du véhicule est à refaire. C’est un gros programme de restauration qui se déroulera sur 2013…

De combien de pièces disposez-vous au total ?

Le musée possède environ 300 pièces d’artillerie. Avec l’extension, je pourrai en exposer une soixantaine. Environ la moitié des réserves sont aussi visitables.

Vous disposez notamment d’un superbe Gribeauval, canon de l’Empire napoléonien…

C’est un canon qui avait cinquante ans d’avance sur son époque. Il n’était pas révolutionnaire, mais la rationalisation de sa fabrication et de son fonctionnement lui donnait une très grande supériorité sur ses concurrents. Le tube du modèle présenté est en parfait état. Il est monté sur un affut qui a par contre été refabriqué. Le modèle initial, que nous exposons également, était un produit de fouilles et serait bien incapable de supporter les 600 kg du tube.

Quelles relations entretenez-vous avec les industriels français de l’armement ?

Le premier axe de coopération tient à la récupération de pièces de leur production. Nous recevons également des pièces prototypes, des modèles de démonstration et d’essais… Les industriels peuvent nous aider également dans les travaux de restauration, la solution la plus simple étant pour eux de nous mettre en relation avec leurs spécialistes. C’est par exemple le cas avec Nexter pour l’AUF2 ou avec l’association « Ceux du Hadès » pour le travail  en cours sur la remorque Hadès dont nous disposons. Dernier point, les industriels peuvent nous aider financièrement en tirant profit de la loi sur le mécénat, le musée étant labellisé « Musée de France ».

Quels sont les effectifs actuels du musée ?

L’atelier occupe un ouvrier d’état et un sous-officier chevronné. Ils sont épaulés par un réserviste présent trente jours par an. Dans le cadre de contrats aidés, l’association des amis du musée, l’AMAD, finance de son côté les salaires des trois personnes chargées de l’accueil et des visites pédagogiques. Mon adjoint, la secrétaire, le mécanicien d’armement et moi-même complétons les effectifs.

Combien de visites par an enregistrez vous ?

Nous avons passé la barre des 20.000 visites annuelles en 2011 et la croissance se poursuit. L’extension du musée et son ouverture sur le domaine public vont nous permettre de progresser encore plus. J’ajoute que le musée est aussi un lieu d’apprentissage tourné tant vers les armées que vers les scolaires et qu’il a un rôle de rayonnement, notamment vis à vis des officiers étrangers qui sont en formation au sein des écoles de Draguignan.

Illustration : le lcl Philippe Guyot devant les travaux en cours sur le musée de l’artillerie. (crédit Frédéric Lert)


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