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FOB Interview : le général Didier Brousse, commandant la BFST.

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Né en 1960, le général de brigade Didier Brousse a passé la majeure partie de sa carrière au sein des parachutistes et des Forces Spéciales de l’armée de Terre. Il a notamment commandé le 8ème RPIMA de 2003 à 2005. Depuis le 1er août dernier, le général Brousse a pris le commandement de la brigade des forces spéciales Terre (BFST)

 

 

Quel est le positionnement de la BFST vis à vis du COS ?

 

La préparation opérationnelle est la raison d’être de la BFST dont les employeurs opérationnels  sont le COS (Commandement des Opérations Spéciales) et la DRM (Direction du Renseignement Militaire). A nous de préparer les modules qui seront ensuite engagés dans un cadre interarmées. Mais j’aime également expliquer que la BFST est aussi une « Base pour les Forces Spéciales Terre ». Ce sont des infrastructures, et notamment un Centre d’Entrainement Spécialisé (CES), nous permettant de travailler efficacement tous ensemble et d’agréger les différentes composantes forces spéciales en provenance des trois armées.

Quels est votre champ d’action ?

 

La brigade couvre en fait l’ensemble du spectre des forces spéciales : depuis le renseignement stratégique avec le 13ème RDP jusqu’à l’action directe avec le 1er RPIMA, en passant par l’aérocombat avec le 4ème RHFS et la coordination de l’ensemble, avec notre compagnie de commandement et de transmission (CCT). Nous sommes aujourd’hui en plein emploi opérationnel dans toutes nos missions, ce qui est relativement nouveau.

En quoi le plein emploi opérationnel que vous évoquez est il une nouveauté ?

 

Notre travail de renseignement stratégique au profit des opérations spéciales était moindre avant l’arrivée du 13ème RDP dans notre giron. Après la période de rodage consécutive à cette arrivée, le renseignement stratégique est désormais pleinement intégré chez nous. J’espère à ce propos que la fonction connaissance/anticipation sera sanctuarisée par le prochain Livre blanc. J’ajoute également que nous développons de nouvelles capacités en matière d’actions d’environnement et d’opérations psychologiques, qui vont nous permettre d’élargir un peu plus encore notre champ d’intervention.

La BFST connaît-elle une surchauffe, à l’instar de nombreuses autres unités de l’armée de Terre ?

 

La brigade est aujourd’hui globalement employée au bon niveau. Mais il y a sans doute un sur-emploi pour certaines catégories de personnels. Il est par exemple certain que l’actualité est chargée pour le 4ème RHFS. Les pressions sont également fortes sur les officiers, les opérations spéciales étant très demandeuses de cadres.

Comment gérez vous cette tension sur les effectifs ?

 

La devise du COS est « faire autrement ». Pour parvenir à « faire autrement », il faut plus d’officiers, particulièrement des lieutenant colonels. Nous sommes donc en train de changer notre modèle d’effectif, notamment au niveau de l’état-major de la brigade. Toutes mes unités ont été inspectées ces dernières semaines, à l’exception du 13ème RDP à l’heure où je vous parle (NDA : jeudi 26 janvier 2012). Ces inspections ont mis en évidence une certaine inadéquation entre le périmètre de l’état-major et son effectif, 70 personnes seulement aujourd’hui. Un état-major resserré et léger était un objectif louable lors de la formation de la brigade. Mais l’environnement opérationnel a depuis bien changé et les opérations ont évolué vers beaucoup plus de complexité.

Quel emploi faites vous des réservistes ?

 

Les réservistes sont un atout précieux pour la brigade. Nous en avons environ 300 et nous voulons encore renforcer leur présence. D’abord parce qu’ils vont nous permettre de compenser la réduction inéluctable du format des armées. Lors de mes stages au sein des SAS britanniques, j’ai toujours été impressionné par la place laissée aux réservistes, et notamment ceux du 23ème SAS. Les instructeurs de mon premier stage Outre-Manche étaient d’ailleurs des réservistes. Mais si ceux-ci représentent une opportunité pour les régiments de la BFST, encore faut il en tirer le meilleur. C’est pour cette raison que je fais rédiger en ce moment une doctrine d’emploi les concernant. Il s’agit de diffuser les meilleures pratiques des unités, sans non plus tomber dans le travers de l’uniformisation.

Quels sont les profils que vous recherchez ?

 

Nous avons besoins d’instructeurs, c’est à dire de réservistes connaissant bien le système pour y être restés longtemps. Puis il nous faut de « jeunes anciens » capables de venir compléter un dispositif opérationnel dans le soutien direct. Troisième catégorie, les réservistes adaptés aux nouveaux métiers liés à l’intelligence de situation et capables de nous offrir un conseil, un appui dans le commandement. Et là je songe notamment à ce que peuvent nous apporter les éléments féminins dans les situations de conseil ou d’analyse…

Aurez-vous le budget pour les payer ? 

 

Je dispose du budget que m’accorde le CFT (Commandement des Forces Terrestres) pour les réserves. Le CEMAT a pris l’engagement très ferme de faire un effort budgétaire pour les réserves. Le problème que nous avions rencontré l’an dernier, à l’instar du reste de l’armée de Terre, et qui nous avait obligé à bloquer l’emploi des réserves pour des raisons budgétaires ne se renouvellera pas.

Allez vous faire évoluer vos infrastructures ?

 

Nous allons construire un nouveau bâtiment pour abriter la CCT, qui est aujourd’hui installée dans des Algeco. Ce bâtiment abritera également le 4ème RHFS qui manque également de place alors même qu’il gagne progressivement en puissance. Nous allons donc lui permettre de s’agrandir dans de bonnes conditions.

Vous disposez également d’un centre d’entrainement spécialisé remarquable…

 

Oui, et j’ai proposé à l’armée de Terre d’en densifier l’utilisation. Non pas pour la partie tir, qui est déjà bien employée avec le stand de tir en situation (STS) et le Centre de Tir Adapté (CTA). Mais je souhaite donner au CES une dimension nouvelle en élargissant le champ des formations particulièrement en direction de nos officiers, pour venir épauler le travail fait en régiment. Je souhaite également que le CES puisse devenir le garant d’un parcours normé pour nos hommes, particulièrement avant toute mise en condition avant projection.

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