Que devient le programme de radar d’artillerie BORA, successeur du RATAC monté sur VAB ?
Le BORA sera le radar mutualisé renseignement et artillerie, capable de détecter les objectifs mobiles. Le BORA, qui sera également débarquable, sera monté sur les futurs VBMR dont il est prévu d’acquérir 140 exemplaires en version VOA (Véhicule d’Observation de l’Artillerie). Sur ces 140 VOA de nouvelle génération, 120 seront acquis au profit des DLOC (Détachement de Liaison d’Observation et de Coordination). Les DLOC, commandés par un capitaine d’artillerie, regroupent les observateurs et les experts conseillers feux des colonels qui commandent les GTIA et de leurs capitaines commandant les compagnies interarmes. Nous disposons de trente DLOC dans les régiments de l’armée de terre et chaque DLOC disposera d’un VOA équipé d’un radar.
Travaillez vous également sur l’emploi de nouvelles munitions ?
Oui, parce que l’évolution des capacités de manœuvre interarmes, notamment la nuit, et les nouveaux contextes des opérations, comme la contre-insurrection menée en Afghanistan, nécessitent des munitions aux effets plus variés et à la précision accrue. Pour le mortier de 120mm, nous disposions par exemple d’obus explosifs et éclairants dans le spectre visible. Pour l’appui des opérations de nuit nous sommes passé à l’éclairant IR, pour le seul bénéfice des porteurs de JVN et autres moyens optroniques. Dans le même esprit, l’obus éclairant IR de 155mm est en cours de développement. Pour les fumigènes, nous travaillons sur une diminution de l’aspect incendiaire. Au-delà, les développements en cours chez Nexter portent actuellement sur les obus guidés offrant une précision métrique au mortier de 120mm comme au canon de 155mm. Ces obus constituent une partie importante de l’avenir de l’artillerie…
L’opération afghane a également débouché sur un large usage des obus de semonce….
Oui, l’Afghanistan est le premier théâtre sur lequel nous utilisons ces obus dans le souci d’adapter les effets à la situation tactique sur le terrain. L’obus de semonce emporte une centaine de grammes d’explosif seulement. Son emploi est quasi systématique en préalable à des frappes dans la zone verte.
Travaillez vous également sur la normalisation des munitions au sein de l’Otan ?
Conséquence d’opérations toujours plus intégrées, tant au niveau interarmées qu’interalliés, un groupe de travail interarmées a été récemment créé pour normer les effets des munitions françaises, de façon « lisible » par l’OTAN. Mais l’artillerie n’est pas la seule concernée : les munitions aériennes et de la marine sont également concernées. Il s’agit de limiter les dommages collatéraux en agissant toujours avec la bonne munition employée à bon escient. L’Afghanistan a souligné le besoin de mieux intégrer les munitions françaises, mais cela participe également d’une évolution générale.
L’augmentation des performances des systèmes et des munitions se paie cher… Une des solutions pour l’entrainement est de faire appel à la simulation. Comment développez vous cet aspect ?
La simulation est déjà très bien développée pour tout ce qui touche à la défense sol-air et la surveillance de l’espace aérien. Pour l’artillerie sol-sol, nous disposons de systèmes d’apprentissage au tir mais qui prennent de l’âge… Nous sommes effectivement au début d’une nouvelle phase de mise en place de simulateurs plus modernes qui permettront aux observateurs d’artillerie de travailler en interarmes avec les fantassins ou les cavaliers, en offrant des modélisations réalistes. Ce programme est piloté par l’EMAT et comprendra des modules artillerie et appui aérien. L’école d’artillerie, en liaison avec la STAT, a également exprimé à l’EMAT le besoin d’une simulation technique des canons Caesar permettant aux équipes de pièces de s’entrainer sans user le potentiel des pièces réelles.
Quelles sont vos actions en cours dans le domaine sol-air ?
Nous poursuivons l’adaptation de Martha à nos besoins. Martha, qui est un programme ambitieux de coordination des feux et de gestion de l’espace aérien local d’une force terrestre, avait été développé quand nous mettions en œuvre le Roland, le Hawk et des drones rapides dans plusieurs régiments. Aujourd’hui il ne reste que le 54ème RA avec la spécialité sol-air. Le régiment va recevoir quatre CMD3D (Centre de management dans la 3ème dimension) lui permettant de gérer en temps réel l’espace aérien local d’une force terrestre, et les moyens qui y circulent, hélicoptères, drones, munitions d’artillerie, missiles sol-air . Ces CMD3D peuvent agir soit sous le contrôle des moyens de l’armée de l’air, soit de manière autonome.