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En Belgique, un SkyGuardian pleinement opérationnel à l’été 2027

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« Il vole depuis ce matin ». « Il », c’est le premier MQ-9B SkyGuardian livré à la Belgique par General Atomics Aeronautical Systems (GA-ASI). En vol depuis plusieurs semaines mais présenté officiellement mardi dernier, ce drone est une avancée majeure dans la reconstruction d’une capacité de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) pour la Force aérienne belge. 

La pleine capacité opérationnelle pour 2027

Voilà près de 40 ans que la base aérienne de Florennes, dans l’ouest de la Belgique, n’avait plus accueilli un nouvel appareil. Un appareil qui précède de quelques semaines l’arrivée de quatre premiers chasseurs de nouvelle génération F-35A et qui, surtout, permet à la Force aérienne de récupérer des moyens ISR perdus avec le retrait des drones B-Hunter. 

« Toute opération militaire réussie commence par la connaissance de la position de l’ennemi et de ses mouvements », déclarait le ministre de la Défense belge, Theo Francken, en amont de la présentation officielle du premier drone SkyGuardian belge. C’est avec cet enjeu qu’était créée, durant le premier conflit mondial, la 2e escadrille. Dissoute en 2001, l’escadrille des Comètes renaît après 24 ans d’absence avec l’arrivée de ce drone MALE de 24 m d’envergure certifié pour évoluer dans l’espace aérien civil.

« Le MQ-9B constitue une capacité stratégique dans un monde en mutation. Le monde qui nous entoure évolue rapidement. Les conflits à nos frontières deviennent plus complexes, les menaces plus diffuses et l’importance de la supériorité informationnelle n’a jamais été aussi cruciale », poursuivait le chef de la Défense belge (CHOD), le général Frédérik Vansina. Avec son autonomie d’une quarantaine d’heures, son radar Lynx et ses capteurs EO/IR, le SkyGuardian « nous offre des yeux et des oreilles là où le gouvernement en a besoin ». 

Entamé en 2018, « le chemin pour arriver jusqu’à aujourd’hui fut long et semé d’embûches. Implémenter une nouvelle capacité a demandé un effort considérable dès le début », relevait le commandant de la Force aérienne, le général-major Geert De Decker. Pour celui-ci, « le calendrier est clair ». Un deuxième drone – MS-04 – est attendu vers la mi-novembre. Constitué des drones MS-02 et MS-03, le dernier des deux systèmes commandés en 2019 pour un coût alors estimé à 226 M€ devrait atterrir en Belgique en décembre prochain.

L’objectif sera d’atteindre la capacité opérationnelle initiale (IOC) au troisième trimestre 2026, jalon intermédiaire vers une capacité opérationnelle finale (FOC) que la Force aérienne projette d’acter à l’été qui suit. « Tous les avions seront livrés, tout le personnel sera formé, et le système pourra être utilisé pour toutes les missions prévues », commente la Défense. La Belgique aura alors pleinement rejoint un club d’utilisateurs pour l’instant formé par le Royaume-Uni, le Japon et l’Inde. D’autres suivront, à l’instar du Canada, de Taïwan, du Qatar, de la Pologne, du Danemark et des États-Unis.

Tant la montée en puissance de la flotte belge que les commandes à l’export génèrent au passage de l’activité pour les industriels belges embarqués au fur et à mesure dans l’aventure par GA-ASI. Si Sabena Aerospace assure la maintenance à Florennes, SABCA fabrique le radôme et Scioteq des éléments du système de détection et d’évitement, « nous avons aussi commencé à travailler avec Thales Belgium », annonçait le PDG de l’entreprise américaine, Linden Blue. Approchée dès l’automne 2019, la filiale belge du groupe français amène en effet son expertise en matière d’exploitation des données. 

Troisième système, surveillance maritime et armement

Dégradation du contexte sécuritaires oblige, cette capacité renaissante est appelée à évoluer rapidement. Plus de 500 M€ lui sont consacrés dans une Vision stratégique adoptée durant l’été puis transposée dans une loi de programmation militaire pour 2026-2034 dont l’avant-projet a reçu l’aval gouvernemental vendredi dernier. La moitié doit permettre d’acquérir un troisième systèmes pour parvenir, selon la Défense, à six appareils et trois cockpits « à l’horizon 2028 ». 

L’autre moitié de l’enveloppe financera des mises à niveau et l’achat d’équipements supplémentaires. « Des updates techniques et un programme d’interopérabilité (concernant la connectivité et le système de radar) » seront ainsi initiés au travers de la prochaine LPM. La Défense prévoit notamment d’adapter l’appareil aux missions de surveillance maritime, démarche qui fait l’objet de premières discussions avec les marins belges. 

Si le radar embarqué propose déjà des modes dédiés à l’environnement marin, les neufs pilônes extérieurs et leurs deux tonnes de capacité d’emport laissent les coudées franches en matière de charge utile. L’ajout d’un lanceur de bouées acoustiques, par exemple, est l’une des pistes étudiées pour participer à la lutte anti-sous-marine et rapprocher à terme la configuration du SkyGuardian de celle adoptée par son pendant naval, le SeaGuardian. 

Tout comme leurs prédécesseurs « habités », ces drones « seront également capables d’engager [des cibles adverses] lorsque les circonstances le permettent », rappelait le ministre de la Défense. Longtemps exclu, l’armement du SkyGuardian n’est désormais plus une option. L’idée définitivement adoptée, les travaux ont déjà démarré pour aboutir au plus vite à sa matérialisation, en théorie à l’horizon 2028. « On s’y attelle » mais « toujours dans le respect du droit international, sous contrôle d’un être humain et sous contrôle politique strict », assurait le CHOD.

Le premier système d’arme dans le viseur de la Défense ? Le missile Brimstone développé par la filiale britannique du groupe MBDA. La commande d’un « petit nombre » de missiles doit en théorie être actée dès cette année afin de disposer d’un embryon d’armement en 2027. En cours de qualification au Royaume-Uni, l’intégration du Brimstone constituera une solution intermédiaire avant de basculer sur le missile AGM-114 Hellfire et la munition guidée GBU-54 JDAM.

GA-ASI étudie d’autres pistes pour « muscler » la famille MQ-9. La feuille de route comprend par exemple un pod de renseignement électromagnétique grâce auquel le SkyGuardian pourra « détecter des émetteurs de forte puissance […] jusqu’à 200 km de distance », indiquait le PDG du groupe américain. Derrière, GA-ASI planche aussi sur un SkyGuardian capable de lancer des munitions téléopérées « qui peuvent pénétrer profondément dans l’espace aérien adverse ». Une application de plus qui permettra à l’équipage, grâce au retour assuré par le drone, de guider ces munitions sur « de très longues distances », relevait Linden Blue. 

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