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En Belgique, « pas de défense forte sans une industrie forte »

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Qu’elle soit nationale ou européenne, « il n’y a pas de défense forte sans une industrie forte pour la soutenir », a rappelé la ministre de la Défense belge, Ludivine Dedonder en ouverture d’une journée consacrée à l’industrie de défense européenne. 

L’événement est rarissime en Belgique. Plusieurs dizaines d’entreprises belges, de filiales de groupes étrangers et d’organes de recherches se sont réunis ce mardi à Charleroi, dans l’ouest du pays, pour un mini-salon de défense tenu dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne. Un symbole du changement de cap opéré par l’un des rares pays européens traditionnellement peu enclins à organiser ce type de rendez-vous. 

« Avec l’installation de la guerre en Ukraine dans la durée, le renforcement des capacités de production industrielle européennes au service d’une plus grande autonomie stratégique ont pris une importance capitale », déclarait Ludivine Dedonder devant un parterre d’industriels, de militaires, de politiciens et de chercheurs européens. L’heure est donc au réinvestissement global dans « un outil de défense suffisamment robuste pour être dissuasif et, le cas échéant, suffisamment résilient pour soutenir un effort de guerre si nécessaire ». 

Réindustrialisation et innovation sont au coeur des préoccupations car « nous devons reconnaitre avec lucidité que la dépendance industrielle que nous avons développée ces dernières années s’avère aujourd’hui être notre plus grande faiblesse. Nous le savions avant la guerre en Ukraine. Nous le constatons de manière encore plus aiguë aujourd’hui lorsque nous devons reconstituer nos stocks de munitions », soulignait la ministre de la Défense. 

Derrière les tables rondes et discours, cet « EU Defence Industry Event » marquait un nouveau jalon dans le déploiement de la « Defense, Industry and Research Strategy » (DIRS) adoptée en 2022 par la Belgique. Autre grande première, cette stratégie s’est vue octroyée une enveloppe de 1,8 Md€ d’ici à 2030 pour soutenir des actions de R&D au travers de partenariats établis avec l’industrie et le monde de la recherche. 

Après 18 mois d’existence, la DIRS livre ses premiers résultats. En témoigne l’octroi, ce mardi par la Défense belge, d’une enveloppe 100 M€ au profit de l’Agence spatiale européenne (ESA). Fruit du partenariat établi avec Belspo, l’action permettra de cofinancer des technologies spatiales à usage dual. Le mouvement est inédit, les activités civiles de l’ESA étant pour la première fois soutenues par des fonds d’origine militaire.

Bénéficiaires d’une explosion de la demande, les entreprises « doivent en conséquence investir également pour répondre à la demande croissante, et ce afin de capter le marché ». Bien que de taille limitée, la BITD belge réagit déjà dans plusieurs secteurs critiques. Dans le spatial, dont la montée en puissance s’illustrait par la présence à Charleroi de jeunes pousses prometteuses comme Antwerp Space et Aerospacelab. Dans le cyber, avec cette Cyber Defense Factory récemment inaugurée à Charleroi. Dans l’intelligence artificielle, avec la création par Thales d’un centre de compétence C4ISR sur son site de Tubize, au sud de Bruxelles. Dans les munitions, enfin, avec les investissements consentis sur fonds propres par Eurenco Belgium, KNDS Belgium et le fleuron historique liégeois, FN Herstal. 

Entre les besoins accrus des armées et les efforts consentis pour y répondre, « il y a donc un momentum », relève la ministre de la Défense. L’avenir ne manque pas de défis. Il s’agira par exemple de pérenniser l’enveloppe de la DIRS après les élections fédérales de juin prochain. Voire, de s’assurer de la considérer comme un seuil minimum dont l’évolution serait liée à celle du contexte sécuritaire. 

Une industrie forte ne peut l’être si elle croule sous les normes et démarches administratives. Pour le ministre wallon de l’Économie, le libéral Willy Borsus, il convient dès lors de revoir « l’une ou l’autre règle », dont celles touchant à l’octroi des licences d’armes, mécanisme régional « qui nous parait décalé aujourd’hui par rapport à la réalité, à l’acuité et à l’urgence de la situation géopolitique ». Et ce travail d’adaptation des cadres réglementaires et législatifs s’avère d’autant plus crucial que la santé financière – donc la force – de la filière belge dépend en très grande majorité du marché export. 

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