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Des pistes parlementaires pour muscler le Service interarmées des munitions

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Derrière l’effort promis par le ministère des Armées pour le renouvellement des stocks de munitions, certains s’interrogent sur le dimensionnement du principal acteur du soutien dans ce segment, le Service interarmées des munitions (SIMu), au regard de l’hypothèse d’engagement majeur. Plusieurs parlementaires proposent notamment de développer l’infrastructure et les ressources humaines.

« Les munitions constituent l’un de nos principaux points d’attention », rappelait le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale. Une « somme exceptionnelle de 2 milliards » leur sera consacrée l’an prochain, soit une hausse de 500 M€ par rapport à 2022. L’efffort doit s’inscrire dans le temps long et demande aussi de plancher sur le format et les moyens du Service interarmées de munitions (SIMu), organisme chargé de la gestion et de la mise à disposition des munitions conventionnelles.

Tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale, plusieurs parlementaires ont émis quelques points d’attention lors de travaux portant sur le projet de loi de finances pour 2023, avec pour enjeu d’inclure les besoins du SIMu dans la prochaine loi de programmation militaire. Doté d’une capacité maximale de stockage de 107 000 tonnes, ce service garantit actuellement un volume équivalent à trois années de visibilité en terme d’entraînement ainsi que le stockage des hypothèses d’emploi de munitions du scénario de haute intensité. Si cette capacité est « jugée suffisante pour répondre aux exigences des contrats opérationnels », la modernisation des infrastructures doit se poursuivre dans le cadre du plan SIMu 2025. À ce titre, les crédits consacrés au fonctionnement du SIMu augmenteront de 28% l’an prochain pour atteindre près de 19 M€. Cette enveloppe alimentera à hauteur de 2,5 M€ le plan d’équipement visant à améliorer les conditions de stockage et la durée de vie des munitions.

Demain, l’hypothèse d’engagement majeur (HEM), un conflit générateur d’attrition massive et accélérée, pourrait conduire à « un besoin de stockage accru », soulignent les sénateurs Olivier Cigolotti et Michelle Gréaume, rapporteurs pour avis sur le programme 178 « Préparation et emploi des forces ». Ceux-ci proposent de consolider l’organisation par la création d’un nouvel établissement principal des munitions (EPMu). Quatre sites de ce genre existent actuellement en France, nés pour la plupart en 2017 de la fusion d’établissements existants. Ce projet de 5e EPMu existe depuis l’an dernier. Il serait issu de la scission de l’établissement « Provence-Méditerranée » en deux EPMu avec, potentiellement, la réouverture du dépôt de Beaumont-lès-Valence (Drôme), fermé depuis 2015. Soutenue par l’État-major des armées, l’idée pourrait commencer à prendre forme dès l’an prochain.

Si la sécurisation de la vingtaine de dépôts stationnés en outre-mer et en métropole est elle aussi jugée « satisfaisante », il existe par ailleurs « une véritable problématique de mise à disposition et de transport des munitions », alertait il y a peu le général Éric Laval, à la tête du SIMu depuis cet été. Ainsi, l’environnement logistique et le nombre de wagons nécessaires au transport de munitions constitueraient « davantage de ‘maillons faibles’, bien avant le niveau des stocks ». Au-delà, l’HEM implique une diversification des moyens de mise à disposition, à laquelle le SIMu pourrait répondre « en multipliant par exemple les possibilités d’acheminement ferroviaire via l’installation d’embranchements spécifiques (ITE) ».

Derrière les questions matérielles, les forces vives de ce service de soutien sont l’autre point d’attention majeur relevé par les parlementaires. « Certains viviers de pyrotechniciens militaires sont à la fois restreints et fortement sollicités, notamment les sous-officiers pyrotechniciens brevetés supérieurs ainsi que les officiers supérieurs, » pointait le député LFI Bastien Lachaud, rapporteur des crédits pour le soutien et la logistique interarmées. D’autre part, le renforcement de la fonction défense et sécurité et le pilotage des projets majeurs à venir exigent de « gagner en épaisseur organique en sécurisant la remontée en puissance des ressources humaines », relève-t-on du côté du Sénat. Des créations de postes, estimées à 80 pour le seul personnel militaire, sont donc à prévoir.

Le problème est connu et a déjà conduit à l’adoption de premières mesures, entre autres en poussant sur le recrutement. « Jusqu’en 2016, les ressources humaines du SIMu, civiles comme militaires, ont connu une baisse importante. À compter de l’actuelle LPM, une trajectoire de remontée en puissance a été amorcée, avec un effort marqué sur les personnels militaires », déclarait le chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, au cours d’une récente audition sénatoriale. Bonne nouvelle, « ce service n’a pas été oublié et bénéficiera d’une ouverture de 26 postes en 2023 », annonçait-il, précisant par ailleurs que « la numérisation permettra aussi des gains en efficacité ».

Crédits image : armée de Terre

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