KNDS a entériné hier son rapprochement avec des industriels de défense ukrainiens, une première étape vers une production et un soutien locaux et durables au profit des forces armées ukrainiennes.
« À court terme, l’Ukraine a besoin d’équipements pour faire face à l’agression russe. À long terme, son armée aura besoin de continuer à s’équiper. Aux cessions de matériels s’ajoute donc le développement de partenariats entre nos industries de défense », rappelait le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Cette bascule avait été annoncée en septembre dernier à l’occasion d’un déplacement ministériel à Kyiv. Elle s’est concrétisée hier à Paris avec la signature par KNDS de plusieurs contrats en présence du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. L’occasion également d’officialiser la création d’une filiale locale, KNDS Ukraine LLC.
Entériné avec KZVV, le premier contrat opérationnel prévoit la co-production en territoire ukrainien d’obus d’artillerie de 155 mm. Selon le président du conseil d’administration de KNDS, Philippe Petitcolin, la production devrait démarrer dans les 12 prochains mois. Une première étape vers la production de sous-systèmes, voire de systèmes complets, ajoutait-il.
KZVV n’est pas un inconnu dans le domaine. Fondée dans les années 1930, cette entreprise est notamment impliquée dans la conception et l’assemblage du canon automoteur 2S22 Bohdana. Dès juillet 2023, elle s’était rapprochée de la société slovaque Konštrukta Defence – notamment à l’origine du système d’artillerie Zuzana – dans un but similaire de localisation de la production de munitions.
Le second contrat relève lui aussi de l’artillerie. Signé avec ENMEK, il annonce la création d’une unité de maintenant dédiée au canon CAESAR. Cette « Maintenance Repair Operations Unit » disposera notamment d’une capacité de fabrication additive afin de « faciliter l’entretien et la réparation des canons », explique le ministère des Armées. Une cinquantaine de CAESAR 6×6 et 8×8 ont été fournis à ce jour par la France et le Danemark. Tous deux, rejoints depuis peu par le Grand-Duché de Luxembourg, prévoient de financer l’acquisition d’exemplaires supplémentaires.
« Merci d’avoir fourni ces CAESAR. Il s’agit d’un très bon canon de calibre 155 mm. Depuis le début de la guerre, nous utilisons divers systèmes d’artillerie de calibre 155 mm. La qualité était importante. Je tiens à vous remercier pour ce qui est l’un des meilleurs systèmes que nous ayons jamais eu, le CAESAR », a déclaré Volodymyr Zelensky.
Avec près de 400 plateformes conçues par KNDS en service dans les forces ukrainiennes et environ 250 autres en commande, le besoin en matière de maintenance ira grandissant. Dans la foulée, le ministre des Armées et le ministre ukrainien des Industries stratégiques, Oleksandr Kamyshin, officialisaient l’intention commune d’identifier d’autres opportunités de coopération entre les deux filières industrielles de défense tant dans la production que dans le soutien des matériels.
Pour mettre en oeuvre ces nouvelles dispositions et améliorer le dialogue bilatéral, la France et l’Ukraine ont par ailleurs convenu de la mise en place d’un comité directeur co-présidé par des représentants de chaque gouvernement.
Si la production locale démarre, les cessions se poursuivent. Au 1er mai, le soutien militaire octroyé par la France avait dépassé les 5 Md€ depuis le début du conflit, estime le ministère des Armées dans un communiqué publié ce jeudi. De nouvelles livraisons se sont concrétisées au cours du premier quadrimestre pour une valeur de 420 M€. Plus de 100 000 rations de combat, de même que 1526 jumelles de vision nocturne, 15 systèmes MILAN et 34 VAB supplémentaires, entre autres, ont été fournis depuis le 1er janvier à l’allié ukrainien.
Crédits image : Présidence de l’Ukraine