(Crédit : Défense belge)1ç
La Défense belge part à son tour à la chasse aux masques dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le gouvernement fédéral a officiellement donné son feu vert pour le « lancement d’un marché par procédure négociée sans publicité » pour l’acquisition de 12 millions de masques en tissu destinés à la population belge, confirmait hier le ministre de la Défense et des Affaires étrangères, le libéral Philippe Goffin.
Après les ministères de l’Agenda numérique et de la Justice, c’est finalement celui de la Défense qui hérite du dossier. Si les ministres se refilent la patate chaude, c’est notamment parce que l’approvisionnement en masques de protection est devenu un exercice particulièrement complexe. «
Ce n’est évidemment pas facile parce que beaucoup de pays sont dans la situation de la Belgique. (…)
Il va falloir travailler beaucoup pour essayer de se frayer un chemin parce que nous ne sommes pas les seuls demandeurs », expliquait le ministre Goffin.
Entre les pénuries, les malfaçons et les produits non conformes, les spécialistes des marchés publics ne savent plus à quel saint se vouer pour répondre à ce besoin urgent. «
La Défense a des outils sérieux pour lancer des commandes », précise le ministre Goffin. Côté militaire, cette tâche devrait revenir aux équipes de la Direction générale des ressources matérielles (DGMR), l’équivalent belge de la DGA. De même, des spécialistes en marchés publics de la Défense sont aujourd’hui intégrés à la Task Force 3 «
Personal equipment protection » du ministère de l’Agenda numérique, chargé de coordonner l’une des deux forces opérationnelles de lutte contre le Covid-19.
Il appartient désormais aux militaires de solliciter les candidats pour une remise d’offres, avec plusieurs critères essentiels. «
Bien sûr, l’élément du prix mais aussi le délai par rapport à la mise à disposition de ces masques », détaille le ministre de la Défense. Il paraît très peu probable que ces livraisons interviennent d’ici au lancement de la première phase de déconfinement, fixé au 4 mai. «
Donner un délai serait, à mon avis, trop facile. (…)
Je peux vous dire que nos équipes sont mobilisées pour faire en sorte que cela soit fait le plus vite possible », avance le ministre Goffin.
La Défense dispose dans ce cadre d’un atout majeur : l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA), qui fonctionne comme intégrateur contractuel au profit des États membres. À l’instar de l’Italie ou de l’Espagne, la Belgique a déjà fait appel à la NSPA pour l’achat global de matériel de protection critique pour une valeur de 200 M€, révélait le ministre de la Défense début avril. Une opération réalisée par la Task Force 5 « Distribution et logistique » du ministère de l’Agenda numérique, dirigée par un officier belge. Comme huit autres pays de l’OTAN, la Belgique bénéficie par ailleurs d’heures de vol sur un pool d’avions de transport stratégique mis à disposition dans le cadre du programme SALIS de la NSPA. La République tchèque, la Slovaquie, la Pologne et, dernièrement, l’Allemagne ont eu recours à leur quota d’heures pour transporter des centaines de tonnes d’équipements médicaux en provenance de Chine.
Entre l’acquisition de masques, les détachements d’EMI dans les maisons de repos et le rapatriement de ressortissants belges et étrangers, par exemple, la Défense poursuit une mission d’aide à la nation entamée dès premiers jours de la crise. Une tâche essentielle mais jusqu’alors peu médiatisée, et que certains députés socialistes souhaitent pouvoir revaloriser. Dans une proposition de résolution déposée hier à la Chambre, ceux-ci estiment entre autres que «
la réorganisation annoncée à terme de la composante médicale de la Défense en tant que telle pose question ». Parmi les solutions avancées, les parlementaires invitent le gouvernement fédéral à accentuer les synergies entre la Défense et d’autres partenaires pertinents, ainsi qu’à évaluer et, éventuellement, à modifier la Vision stratégique de 2016 afin de donner aux missions d’aide à la nation toute l’importance qui doit leur revenir au regard de cette crise.