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Commission de la Défense : le cas Louvois.

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Dans son rapport sur la mise en œuvre et le suivi de la réorganisation du ministère de la Défense, la commission de la Défense évoque longuement le cas Louvois : environ un tiers du rapport rédigé par les députés Geneviève Gosselin Fleury et Damien Meslot lui est consacré. Et ceux-ci n’y vont pas avec le dos de la cuillère, évoquant « le grand raté de la réforme » et même « le scandale Louvois ». Les deux députés parlent « d’un écosystème Louvois et des dysfonctionnements de la chaine ressources humaines/soldes qui repose sur plusieurs outils informatiques. Si Louvois bogue, il y a aussi des problèmes ailleurs dans la chaine ».

Toutes les armées et les services raccordés à Louvois, bien au-delà de la seule armée de Terre, sont touchés par les problèmes. Pire, expliquent les rapporteurs, « au fur et à mesure que l’on corrige les bogues, il en apparaît d’autres. On a donc les plus grands doutes sur la stabilité de l’outil et plus particulièrement de son calculateur ».

La commission liste en fait cinq sources au problème Louvois : en premier lieu le calculateur qui présente des défauts majeurs. Ensuite vient le pilotage du projet qualifié de « pas assez robuste ». En trois, le télescopage des réformes qui a ajouté à la complexité ambiante. Quatrième point, la mauvaise appréciation des risques et des contraintes dans les décisions de bascule des centres payeurs préexistants vers Louvois. En enfin en 5 un mauvais traitement des données tout au long de la chaine conduisant à l’établissement des soldes. Conclusion : les précautions prises étaient sous dimensionnées, inadaptées face aux enjeux techniques. « Les plus hautes autorités étaient pourtant régulièrement informées sur les risques et les premiers dérapages, y compris avant la bascule de l’armée de terre, et elles ont tardé à réagir » notent les rapporteurs qui déplorent simultanément l’absence de plan B et l’irresponsabilité ambiante… : « On a identifié les causes des dysfonctionnements, mais pas ses responsables. Il y a une impunité générale sur ce dossier qui fait que ce qui n’était qu’un échec devient un scandale (…) Au niveau du ministère, les décisions de bascule ont été collectives. C’est donc une responsabilité collective, mais (…) ça aboutit à une irresponsabilité générale. Il ressort de nos travaux que c’est bien à la DRH du ministère de la Défense qu’il revenait de piloter le projet et c’est là que sont à rechercher les responsabilités des déboires actuels ».

Est ce la faute du prestataire Steria demandent les députés ?  Il est à peu près certain que non répondent les rapporteurs, les services de cette société ne sont pas en cause. Autre question posée pendant la présentation du rapport : le cahier des charges au départ n’était il pas trop ambitieux étant donné la complexité du calcul des soldes ? Réponse des rapporteurs : c’était un projet ambitieux, mais il était réalisable si les bonnes précautions avaient été prises. Il y a d’autres ministères qui le font…

Le rapport montre également que si la prise de conscience a été tardive, la réaction à partir de l’automne 2012 a été adaptée. Mais se pose maintenant la question concrète de la sortie de crise. « Comment sortie de la crise ? Aujourd’hui on ne le sait pas encore » avoue la commission qui évoque trois hypothèses :

–       Continuer avec Louvois et redresser progressivement  la situation.

–       Etudier le recours à un autre progiciel dont le déploiement exigerait au moins trois ans.

–       Gérer mois après mois la solde en ramenant l’armée de Terre au système antérieur, le temps de remédier aux défauts de Louvois.

Le ministère de la Défense a écarté la troisième hypothèse, qui exigerait de reconstituer les centres payeurs. Or le personnel qui avait l’expertise nécessaire à leur fonctionnement n’est plus là. Reste donc à faire dans les mois qui viennent un choix entre les deux premières hypothèses. Avec une mise en garde et une recommandation : ne pas céder à la tentation du tout externalisation et mettre en place un pilotage robuste de la manœuvre RH pour les restructurations à venir…

 

Notre illustration : l’homme qui a bon dos, François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois.

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