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CEMAT: ces deux mois de crise "ne peuvent pas être sans conséquence"

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Le général Burkhard en déplacement le 13 mai au 93e régiment d'artillerie de montagne de Varces (Crédits: CEMAT/Twitter)

Le général Burkhard en déplacement le 13 mai au 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces (Crédits: CEMAT/Twitter)


 
« L’armée de Terre est prête à s’engager et à exécuter ses missions », assurait le CEMAT, le général Thierry Burkhard, début mai devant les députés de la commission Défense. Confiant dans les capacités de ses forces, celui-ci n’en reste pas moins vigilant quant aux conséquences durables de la crise sur le recrutement, la préparation opérationnelle et le soutien des matériels. 
 
« Il ne faut être ni catastrophiste ni naïf mais deux mois de crise Covid avec beaucoup d’activités gelées ne peuvent pas être sans conséquence », rappelle le CEMAT. Dans le domaine des ressources humaines premièrement, l’interruption du recrutement devrait occasionner un déficit potentiel de 1000 à 2000 nouvelles recrues sur les 16 000 espérées en 2020 pour la seule armée de Terre. S’il ne pourra être entièrement comblé, le creux occasionné devrait être compensé en partie par les nouvelles mesures entreprises pour poursuivre les engagements et consentir à la prolongation des contrats en cours.
 
Depuis le 11 mai, les CIRFA ont réouvert en vue d’une reprise accélérée des recrutements et de la poursuite des entretiens entamés à distance. « Même si nous utilisons davantage internet cela n’est pas pleinement satisfaisant. En effet, avant d’engager des volontaires pour cinq ans, il est indispensable de les rencontrer et de leur faire passer une visite médicale », déclare le général Burkhard. Ces entrées ne suffiront probablement pas à remplir les quotas annuels. Aussi le ministère des Armées envisage-t-il de juguler les sorties en autorisant une prolongation d’engagement d’une année pour les militaires dont le contrat arrive à terme ou ayant atteint la limite d’âge. Selon le député LREM Jean-Charles Larsonneur, les études d’impact estiment que cette mesure « permettrait de réengager à peu près 2000 militaires ». Fort heureusement, la baisse du nombre d’engagements n’aura pas de conséquence immédiate sur les OPEX ou sur les opérations intérieures comme Sentinelle. « Au pire, nos unités tourneront temporairement plus vite en OPEX ou en OPINT », avertit le général Burkhard.
 
L’armée de Terre s’est ensuite retrouvée forcée de réduire de deux tiers ses activités d’entraînement interarmes et d’une bonne partie de ses formations pour se concentrer sur l’opération Résilience. « Il y a donc un déficit de préparation opérationnelle [PO] que nous allons chercher à résorber », souligne le CEMAT. L’impact aura notamment été significatif pour la 9e brigade d’infanterie de marine (9e BIMa), qui « a malheureusement passé son tour » pour sa phase de préparation opérationnelle interarmées (POIA).
 
Pour assurer la continuité, l’armée de Terre a pris des mesures comme « la règle des trois tiers ». Cette règle implique de diminuer par trois le volume de personnel formé afin d’aérer les dispositifs et d’éviter une trop grande concentration synonyme de propagation du coronavirus. Les activités de PO se déroulent également en trois temps pour respecter les mesures barrières. Une étape préparatoire durant laquelle les militaires s’équipent d’effets de protection précède maintenant le déroulement de l’entraînement proprement dit. La sortie d’activité s’accompagne quant à elle d’une phase de décontamination des matériels. « Cela prend du temps et met l’instruction sous contrainte. Je constate que nos unités se sont assez bien adaptées car des solutions ont été trouvées », constate le CEMAT.
 
À l’instar du recrutement, l’impact sur la PO n’aura pas occasionné de réduction du niveau d’engagement en OPEX. Après des rotations décalées en raison de la mise en place des sas de quarantaine, la prise de risque est désormais maîtrisée pour la relève du mois prochain et devrait « être acceptable pour celle de fin d’année ».
 
Le maintien en condition opérationnelle (MCO), enfin, apparaît comme « satisfaisant à court terme », note le CEMAT. La contraction des entraînements aura permis à certains véhicules de moins rouler, autorisant par conséquence la SIMMT à donner la priorité aux flottes engagées dans l’opération Résilience. Les différents ateliers auront pu maintenir un niveau suffisant d’activité pour permettre à la disponibilité technique opérationnelle (DTO) de repartir à la hausse, mais au prix d’un recours substantiel aux stocks constitués avant la crise. Les flux d’approvisionnement en provenance des industriels doivent dès lors se rétablir rapidement, au risque pour l’armée de Terre de se retrouver en difficulté « à moyen terme ». « Je suis donc très vigilant », indique le CEMAT. À noter que deux semaines se sont écoulées depuis ces déclarations, et l’assouplissement des mesures instauré depuis lors a permis aux industriels concernés de regagner un potentiel appréciable en matière de soutien.

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