
L’EC725 proposé par Eurocopter dans le cadre de la compétition polonaise (Photo F. Lert)
Le chiffre, tiré d’un rapport du parlement sur les exportations d’arme, tourne en boucle dans les publications économiques : entre 2006 et 2010, la France n’a vendu que pour un peu plus de 40 millions d’euros d’équipements militaires à Varsovie. Quand même, quelle ingratitude à l’égard de la France qui entretint des liens si étroits avec sa sœur polonaise dans la première moitié du siècle dernier !… Souvenez-vous, Paris avait même déclaré la guerre à l’Allemagne après que celle-ci fut entrée illégalement en territoire polonais, avec armes et bagages, en septembre 1939. Bon d’accord, les armées françaises étaient finalement restées l’arme au pied derrière la ligne Maginot après une timide offensive dans la Sarre. La période d’immobilisme qui avait suivi avait été baptisée « drôle de guerre », mais il est douteux que les Polonais aient trouvé ça drôle… Jean-Yves Le Drian, commis voyageur efficace si l’on en croit les commentaires de la grande presse, déroule sa méthode faite de relations suivies et de confiance pour tenter de remonter la pente. Il a donc préparé le terrain à François Hollande qui était à Varsovie en fin de semaine dernière, accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprises. Aucun miracle n’est à attendre du côté des armements terrestres pour lesquels la Pologne, peu rancunière, reste immanquablement attirée par les matériels allemands. En témoigne l’achat annoncé de 119 Leopard d’occasion (105 Leopard 2A5 et 14 Leopard 2A4) ex Bundeswehr, accompagnés d’un important lot de véhicules et de matériel logistique et technique. Ces blindés viendront compléter un nombre équivalent de Leopard 2A4 déjà en service. La meilleure chance française réside en fait dans les hélicoptères, avec une compétition en cours portant sur 70 appareils multirôles destinés à remplacer les Mi8, Mi17 et Mi14 en service au sein des armées. Eurocopter est en concurrence avec l’américain Sikorsky et l’anglo-italien AgustaWestland. L’hélicoptériste franco-allemand met en avant l’EC725 tandis que AgustaWestland propose son AW149 et Sikorsky son Blackhawk. Tout autant que les performances affichées par les appareils, l’aspect industriel va jouer un rôle majeur dans le choix polonais. Or les concurrents d’Eurocopter bénéficient de solides positions dans le pays : depuis le rachat en 2007 de PZL Mielec, Sikorsky emploie 2600 personnes en Pologne et y fabrique le S70i « International Blackhawk ». Depuis 2010, Finmeccanica, maison mère d’Agustawestland, possède 97% du capital de PZL Swidnik qui emploie 3700 employés. En conjonction avec le motoriste Turbomeca, EADS (maison mère d’Eurocopter) annonce l’installation (en cas de sélection) de deux chaines d’assemblage pour l’hélicoptère et ses moteurs chez l’industriel polonais WZL. Une évaluation des trois appareils en compétition serait attendue à l’été 2014. Pour une fois, on ne se plaindrait pas du côté français des bonnes relations entretenues par Berlin et Varsovie…