Décrivant d’« irréaliste » le palier de dépenses militaires que les membres de l’OTAN doivent s’efforcer d’atteindre, Martin Schulz, leader du parti allemand social-démocrate SPD et son chef de groupe au Bundestag, Thomas Oppermann, ont annoncé hier qu’ils disent « clairement non à ‘l’objectif des 2%’ de Trump et du CDU/CSU ».
Angela Merkel et Martin Schulz, opposés concernant l’avenir budgétaire de la Bundeswehr (Crédit: European Union 2012 EP/Pietro Naj-Oleari)
Exigeant un changement de cap budgétaire dans une tribune publiée par le groupe de médias Funke Mediengruppe, les deux leaders du parti membre de la « grande coalition » au pouvoir, ont déclaré que l’augmentation du budget de défense allemand n’est pas seulement irréaliste mais représente surtout «
un mauvais objectif ». Avec 1,26% de son PIB actuellement consacré à la défense, l’Allemagne devrait pratiquement doubler son budget actuel de 37Md€ pour atteindre le palier OTAN. Ce qui ferait de Berlin la principale puissance militaire européenne, une situation dont «
personne ne voudrait », ont averti les leaders du SPD en ajoutant que l’augmentation des dépenses militaires devrait aller de pair avec des hausses des budgets pour la diplomatie, l’aide humanitaire et la prévention des crises.
Sauf que…l’action humanitaire, de plus en plus réalisée dans des zones menacées par les groupes terroristes, n’a plus d’autre choix que de se placer sous protection militaire. Autant de déploiements nécessitant un matériel moderne et correctement entretenu, comme le prouve encore le crash d’un hélicoptère Tigre allemand au Mali le 26 juillet dernier.
Cette position n’améliorera pas la popularité du SPD au sein de la Bundeswehr. Outre les critiques répétées vis-à-vis de la politique de la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, le parti social-démocrate s’était, en juin dernier, attiré les foudres de la force aérienne en enterrant le projet d’acquisition de cinq drones israéliens Heron TP.
«
L’Allemagne atteindra les 2% préconisés par l’OTAN d’ici 2024 », a de son côté confirmé von der Leyen dans une réponse publiée ce matin par le groupe Funke-Mediengruppe. «
Si le SPD rejette maintenant la reprise progressive des investissements, il dit au revoir à la modernisation en cours de la Bundeswehr et à l’engagement de personnel supplémentaire », explique-t-elle.
S’il creuse un fossé au sein de la coalition au pouvoir, le projet du SPD n’a que peu de chances d’aboutir. À un mois des élections fédérales allemandes les sociaux-démocrates accusent en effet un retard de 15 points face aux conservateurs de la chancelière Angela Merkel, pratiquement sûre d’être réélue le 24 septembre pour un quatrième mandat et qui a, quant à elle, réaffirmé son soutien envers von der Leyen et sa politique budgétaire.