Sévèrement critiqué suite aux attentats du 22 mars 2016, le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS), équivalent belge de la DRM, change aujourd’hui son fusil d’épaule, se restructure et, surtout, reçoit des renforts, avec près d’une centaine de recrutements en 2018, confirmait le ministre de la Défense belge, Steven Vandeput, dans une réponse écrite à la députée libérale (MR) Kattrin Jadin.

(Crédit photo: la Défense/DG COM)
Manque de moyens et d’effectifs, absence d’approche intégrée, coopération et échange d’informations insuffisants,… les dysfonctionnements des services de renseignements pointés suite aux attentats de 2016 sont nombreux. Un constat qui reste d’actualité, rappelait le député centriste George Dallemagne (Cdh) dans le rapport du projet de budget 2018 de la Défense nationale : les services de renseignement belges accusent toujours «
un manque cruel de moyens si on les compare à leurs homologues étrangers, et un mode de fonctionnement qui ne semble pas toujours adapté aux défis actuels ». Pour autant, la classe politique belge a repris la haute main sur le renseignement, mettant fin à des années d’austérité.
Tant la Sûreté de l’Etat (VSSE), service de renseignement civil, que le SGRS voient maintenant leurs effectifs progressivement renforcés, leurs financement ponctuellement augmentés. Pour ce faire, les procédures de recrutement ont été accélérées et des crédits de la «
provision interdépartementale terrorisme [IDP Terro]
ont été libérés au bénéfice du SGRS. Bien que ce dernier n’ait pour l’heure capté «que» 4,9 des 400M€ débloqués pour l’IDP Terro en novembre 2015, les crédits restant (près de 70% du montant) autorisent le service à voir les choses en grand. Ainsi, en 2018, les 600 employés civils et militaires du SGRS seront rejoints par «
40 inspecteurs, 18 documentalistes, 18 commissaires-analystes et quatre spécialistes cyber ». D’ici 2020, le service engagera un total de 50 spécialistes cyber. Et ce n’est qu’un début car la « Vision stratégique » du ministre Steven Vandeput a fixé à 936 le plafond des effectifs du SGRS à l’horizon 2030.
Relativement hermétiques avant mars 2016, les relations entre services de renseignement belges sont aujourd’hui en pleine mutation. «
Maintenant, la mentalité ce n’est plus le ‘need to know’ mais le ‘need to share’, l’obligation de s’informer et de dire ‘moi, j’ai ces infos; qu’est-ce que toi tu as’, et les mettre ensemble », déclarait le patron du SGRS, le lieutenant-général Claude Van De Voorde, en mars dernier.
L’avenir du SGRS sera donc désormais étroitement lié à celui de la Sûreté de l’Etat (VSSE), notamment au travers de futures plateformes de coopération, annonce le ministre de la Défense. Si le document final définissant les contours de ces futurs organes interdépartementaux n’est pas encore finalisé, «
des efforts sont déjà faits pour améliorer la coopération et le flux d’information ». Pas question de fusionner les deux services, ajoute le Ministre qui précise qu’il s’agira avant tout de remplacer la coopération actuelle par «
une coopération formelle et exécutable ».
La future plateforme commune devra appuyer l’échange d’informations, des moyens techniques et humains, mais également établir des plans d’action communs et des priorités. En outre, les capacités de traduction et de renseignement sur les médias sociaux seront à terme organisées en cogestion. Objectif annoncé : «
optimiser ensemble le renseignement humain », ajoute Vandeput.
Cette optimisation à venir reposera en partie sur le renforcement d’une structure inédite, créée en août 2015 à l’initiative du ministère de la Sécurité et de l’Intérieur : les cellules de sécurité intégrales locales (CSIL). Critiqué pour la faiblesse juridique des moyens mis en œuvre par simple circulaire, ce dispositif est aujourd’hui l’objet d’un avant-projet de loi susceptible de convaincre les 280 communes (sur 589) toujours indécises.
Destinées à lutter contre le radicalisme, le terrorisme et l’extrémisme, les CSIL relèvent directement de l’autorité du bourgmestre. En collaboration avec les entités fédérales, elles permettront aux administrations communales et autres acteurs de la société civile d’aborder des cas de radicalisation. Les CSIL fonctionneront principalement en « mode veille » et ne se réuniront que sur demande ou lorsque qu’un cas de radicalisation devra être abordé.