
Un Unimog Cargo de La Défense belge (Crédit : Composante Terre/Défense)
Le Conseil des ministres belge a donné son feu vert pour le remplacement d’une partie du parc logistique de la Défense, annonçait vendredi la Direction générale des ressources matérielles (DGMR, l’équivalent belge de la DGA) sur son compte Twitter. La date limite de remise des demandes de participation est fixée au 6 mars.
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Le Conseil des ministres donne le feu vert à l’achat de 636 camions légers et 243 camions blindés lourds pour remplacer l’Unimog Cargo et le Volvo N10, » explique la DGMR. Seule une cinquantaine d’Unimog seront conservés à des fins d’instruction, ajoute le service. Les 879 futurs camions remplaceront à terme des parcs d’Unimog 1.9T et de Volvo N10 d’un autre âge, dont une partie a d’ores et déjà été revendue lors de ventes publiques. Le segment « lourd » de la flotte logistique repose quant à lui sur des modèles plus récents de types Astra/ALC (Iveco) et Actros (Mercedes).
Selon la demande de participation (RFP) publiée hier soir, le segment léger comprendra 410 camions transporteurs de container 10 pieds (6 t), 174 avec superstructure cargo et 52 dotés d’une grue et d’une superstructure cargo (4,5 t). Le segment lourd se subdivisera quant à lui en 171 transporteurs de container 20 pieds (16 t), 52 avec grue et superstructure cargo (12 t), ainsi que 20 camions-benne (14 t). Tous les châssis devront être issus du même constructeur, par ailleurs chargé d’établir au moins un point de service en Belgique pour effectuer une partie du MCO, précise la RFP. Initialement, seuls 40% des véhicules seront équipés d’une cabine blindée. Néanmoins, «
la totalité de la flotte doit, durant son cycle de vie, pouvoir être équipée d’un blindage permanent par une installation ultérieure d’une cabine blindée, » souligne la Défense.
Il faut à nouveau se replonger dans la Vision stratégique pour 2030 pour dénicher les paramètres budgétaire et calendaires théoriques. D’après ce document, la Défense prévoit le remplacement de l’entièreté de son parc logistique en deux tranches. La première, actée ce vendredi par le gouvernement belge, s’étendra de 2021 à 2026. Toutes composantes confondues, plus de 276M€ seraient débloqués par la Défense pour l’acquisition de «
camions lourds blindés » et «
camions légers blindés ». La seconde tranche comprend le remplacement du segment lourd entre 2026 et 2030, au profit des Composantes Terrestre, Aérienne et Médicale. La facture globale pour l’achat de successeurs aux plateformes Astra, ALC et Actros s’élèverait quant à elle à 122M€.
À noter que la communalisation de l’appui logistique est l’une des pistes étudiées dans le cadre du partenariat stratégique franco-belge CaMo. Un effort équivalent, quoiqu’à une toute autre échelle, est d’ailleurs attendu à moyen terme en France. Selon la LPM 2019-2025, le ministère des Armées projette l’acquisition de 7020 camions de quatre à six tonnes d’ici 2030 en remplacement des vénérables GBC 180 et autres TRM. De source industrielle, la cible pourrait par ailleurs être élargie à plus de 11 000 unités et comprendre, outre des variantes 4×4 et 6×6, des porteurs lourds 8×8. Le lancement du programme sera un signal fort à destination des tringlots, « grands oubliés » jusqu’à présent des renouvellements capacitaires majeurs des Armées malgré les exploits logistiques menés au quotidien au profit de l’opération Barkhane.
L’enjeu est donc majeur pour les quelques acteurs européens du secteur, le programme étant synonyme d’activité industrielle pour les 40 prochaines années. Rheinmetall l’a bien compris et courtise depuis quelques temps le client français sur base de sa gamme HX. Fournisseur historique de l’armée de Terre, Arquus n’est pas en reste et a dévoilé en octobre dernier le premier exemplaire en version 8×8 d’une nouvelle gamme de porteurs logistiques. Pour convaincre, le groupe versaillais n’aura pas manqué d’y adjoindre quelques innovations maison :
Automatic Traction Control, tourelleau Hornet Lite, roulage en convoi autonome, MCO 2.0, etc. Nul doute qu’en l’attente du programme français, espéré côté industriel pour «
début 2020 », les regards seront dans l’immédiat tournés vers le marché belge.