Un nouveau parapluie anti-aérien pour le Danemark

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Après la refonte complète de son artillerie, le Danemark projette la réactivation d’une capacité de défense anti-aérienne d’ici 2023. Mentionné en filigrane dans une poignée de documents officiels, le projet se précise désormais au travers d’une RFI publiée le 29 juillet.

 

Image d’un temps où l’armée royale danoise déployait encore des missiles anti-aérien MIM-23 Hawk (Crédit photo: Forces armées danoises)


 
La capacité de défense anti-aérienne de l’armée royale danoise est donc sur le point de renaître, 10 ans après avoir été officiellement désactivée. Touchée par des réductions budgétaires, l’armée avait en effet décidé en 2009 de mettre sous cocon ses seuls effecteurs anti-aériens, des missiles FIM-92 Stinger acquis dans les années 1990. Une partie d’entre eux, minime par rapport au stock existant selon la Défense danoise, avait même été revendue à la Lettonie en 2018. Mais la dernière décennie aura vu se multiplier les menaces émanant du – presque – voisin russe, forçant les membres de l’OTAN à revoir leurs ambitions budgétaires et capacitaires à la hausse. Avions de chasse, véhicules blindés, artillerie, etc., le Danemark a d’emblée emboité le pas en augmentant sensiblement le budget alloué aux investissements capacitaires. Le dernier Accord de défense pour la période 2018-2023 prévoit ainsi une hausse budgétaire de 227M€ en 2020, qui augmentera graduellement pour atteindre 642M€ en 2023. Parmi les priorités établies, le Danemark poursuit l’établissement d’une nouvelle brigade de déploiement rapide interarmes dotée d’unités d’artillerie et d’un nouveau « parapluie » anti-aérien.
 
« Comme vous le savez peut-être, l’Organisation d’acquisition et de logistique de la Défense danoise [DALO] envisage le lancement d’une procédure contractuelle portant sur l’acquisition d’un système de défense anti-aérienne terrestre [GBAD], comprenant un accord de soutien couvrant les pièces détachées et le support technique », précise la RFI en question. Il s’agit, à ce stade, de définir les grandes lignes d’une future procédure d’acquisition sur base des informations fournies par les entreprises potentiellement concernées.
 
Par « GBAD », la défense danoise entend « un système complet de protection des forces terrestres contre les menaces aériennes. Le GBAD est un ensemble de missiles sol-air et/ou de canons composé de capteurs, d’effecteurs et d’un système C2 ». En d’autres termes, la DALO requiert un système de systèmes rassemblant six composants principaux: un radar de détection courte/moyenne portée incluant un IFF Mode 5, une tourelle optronique EO/IR pour la détection et le suivi de cibles, un système C2, un tourelleau téléopéré pour l’intégration de missiles Stinger, un lanceur de missiles AMRAAM AIM-120B, ainsi que le soutien et les véhicules logistiques nécessaires.
 
D’après la DALO, le système GBAD devra pouvoir être intégré sur les véhicules Eagle 5, les camions Scania ou tout autre véhicule similaire en service au sein des forces armées danoises. À des fins de rationalisation budgétaire, il est requis que les systèmes mentionnés soient capables de réintégrer les missiles AMRAAM et Stinger stockés par l’armée danoise. Une batterie GBAD complète devra par ailleurs pouvoir fournir une capacité de défense anti-aérienne au niveau de la brigade. La livraison d’une première batterie est prévue pour 2022-2023. Celle-ci pourra être adjointe de batteries supplémentaires et/ou intégrer de nouveaux composants après 2023.
 
Malheureusement, la simple évocation du missile AMRAAM met a priori MBDA hors-jeu. Exit les familles de missiles Aster ou CAMM, le choix du Danemark se portera sur une variante sol-air du missile AIM-120B AMRAAM produit par l’entreprise américaine Raytheon et déployé, entre autres, sur les F-16 et les futurs F-35 de la force aérienne danoise. En conséquence, seul le système à moyenne et longue portées NASAMS (pour « Norwegian Advanced Surface to Air Missile System ») du Norvégien Kongsberg, développé en partenariat avec Raytheon et les forces armées norvégiennes, est susceptible de se positionner dans les starting blocks.
 
Opérationnel depuis 1998, le système NASAMS a été adopté, entre autres, par la Finlande, la Norvège, l’Espagne et, plus récemment, par la Lituanie au travers d’un contrat estimé à 109M€. En théorie, une batterie NASAMS comprend deux lanceurs chacun doté de six missiles, en plus des systèmes radar, C2, de contrôle de tir et d’acquisition et suivi de cibles.