À chaque défilé militaire du 14 juillet son lot de premières. Cette édition placée sous le signe des forces morales n’y coupe pas avec l’apparition du Grizzly, nouveau véhicule tactique confié au 1er régiment de hussards parachutistes.
Après une quinzaine de répétitions, quelque 200 véhicules des troupes motorisées sont désormais prêts à défiler sur l’avenue des Champs-Élysées. Ce rendez-vous « sera toujours une immense fierté pour une troupe comme pour son chef. C’est l’occasion de nous présenter aux Français, à nos familles et à ceux qui ont peu l’habitude de nous rencontrer », se réjouit le chef de corps du 1er RHP, le colonel Christophe de Ligniville.
La satisfaction est double pour les hussards parachutistes, car ils seront aussi les premiers à présenter le Grizzly, nom de baptême du poids lourd forces spéciales (PLFS) toutes configurations et utilisateurs confondus. Perçu il y a peu, ce véhicule s’inscrit dans « la volonté de différenciation équilibrée de la 11e brigade parachutiste pour renforcer sa dualité ». Car, au-delà du combat de contact partagé avec les autres brigades interarmes, les unités parachutistes sont les seules taillées pour produire des effets loin derrière les lignes adverses. Une spécialisation qui s’étend aux équipements, qu’il s’agisse des véhicules ou, à l’avenir, des moyens de franchissement.
Conçu à Limoges par Arquus, le Grizzly « permet de projeter le régiment dans un nouvel élan en apportant une autonomie qui nous permettra de combattre plus loin et plus longtemps », note le maréchal des logis-chef Edouard, parmi les premiers à dompter la bête. Intégré dans une transformation de niveau brigade, le Grizzly aura vocation à muscler la capacité antichar des escadrons et à accroître la mobilité dans la profondeur des commandos parachutistes, des sections de reconnaissance de l’infanterie et des observateurs d’artillerie.
« Sa charge utile est très intéressante pour nous car elle permet de pallier aux limites du VBL, discret mais petit », souligne le commandant d’un régiment quadricentenaire mais toujours précurseur. Complémentaire plutôt que remplaçant du VBL, ce véhicule de classe 11 tonnes apporte une capacité supplémentaire de transport d’équipements spécifiques, notamment pour répondre à sa vocation de plateforme antichar, de carburant et de ravitaillement mais aussi d’éléments amenés par le génie, l’artillerie ou les unités médicales. Sa puissance de feu est également démultipliée par rapport à celle du VBL grâce à la mitrailleuse lourde en circulaire et les trois supports pour MAG 58.
« Tout cela relève d’un plan sur le long terme », indique le colonel de Ligniville. L’effort initial permettra d’armer un escadron antichar et les commandos parachutistes du 1er RHP ainsi que les observateurs d’artillerie du 35e régiment d’artillerie parachutiste. Les quatre premiers Grizzly affectés aujourd’hui seront progressivement complétés pour former une première vague d’une vingtaine d’exemplaires d’ici la fin de l’été. Tous resteront à Tarbes, dont une poignée au profit du 35e RAP.
La prise en main de ce « couteau suisse » se poursuivra durant l’année à venir. Elle commencera logiquement par des formations avant de basculer sur un cycle d’exercices. « Le premier sera sans doute un raid que l’on conduira entre Tarbes et le camp du Larzac, un exercice qui permettra de mesurer ce qu’est la vie et le service à bord dans la durée et sur une certaine distance et qui se conclura par une séquence de tirs », complète le colonel de Ligniville. Soit, près de 400 km générateurs de premiers RETEX utiles pour ensuite se caler sur des rendez-vous de plus grande ampleur.
Et cette montée en puissance se poursuivra au rythme des livraisons. Plateforme partagée avec le Commandement des opérations spéciales (COS), le Grizzly sera à terme complété d’un porteur plus léger qui contribuera à son tour à renforcer cette capacité propre à la 11e BP d’agir loin et en autonomie.