Sept pays s’apprêtent à joindre leurs forces pour développer la frappe longue portée terrestre de demain. Une initiative proposée par la France qui doit notamment conduire à résorber un trou capacitaire au sein du pilier européen de l’OTAN.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu l’avait annoncé le mois dernier en marge d’un sommet franco-allemand : le renouvellement du lance-roquettes unitaire en service dans l’armée de Terre passera aussi par des développements communs avec l’Allemagne et d’autres partenaires. Un scénario dont l’étendue a été quelque peu clarifiée hier à l’occasion d’une rencontre des ministres de la Défense français, allemand et polonais au format Weimar, la première depuis 2015.
« Les ministres se sont préparés à la signature d’une lettre d’intention au niveau ministériel avec l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, la Pologne et la Suède », annonçait le ministère de la Défense allemand en marge de la réunion trilatérale. Ce document sera ratifié début juillet au sommet otanien de Washington. Il posera les bases d’un effort baptisé « European Long Strike Approach » (ELSA) et visiblement appelé à être subdivisé en « pôles capacitaires ».
Lancé par Paris et soutenu par Berlin, ELSA prévoit le développement et l’acquisition conjoints d’armements de précision longue portée. Des systèmes d’armes atteignant « une portée supérieure à 1000 km », dont les alliés européens sont dépourvus et pour laquelle l’OTAN demande un rattrapage à grande échelle.
« Nous serons amenés à signer une lettre d’intention tous ensemble pour réfléchir à ce que pourrait être justement ces frappes dans la profondeur en sol-sol », déclarait Sébastien Lecornu. « Nous souhaitons que ce soit un livrable du sommet de Washington », insistait son homologue allemand, Boris Pistorius. Le ministre de la Défense polonais, Władysław Kosiniak-Kamysz, s’est quant à lui dit « ouvert à toutes les initiatives présentées au sein du triangle de Weimar. Tout ce qui pourrait resserrer nos liens doit être soutenu ».
Ces annonces interviennent à l’heure où plusieurs industriels français commencent à se positionner pour répondre en priorité au besoin national. Plusieurs pistes ont ainsi été dévoilées la semaine dernière au salon Eurosatory par MBDA. Derrière le missile Thundart conçu avec Safran, le missilier européen présentait une variante terrestre du missile de croisière naval (MdCN). Un exemple d’ailleurs repris par le ministre des Armées. Ce bon capacitaire, « la France dispose déjà de briques technologiques pour le faire avec notamment le MdCN », notait-il ce lundi.