Sentinelle devient plus imprévisible

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Alors qu’il y a encore eu ce matin une attaque, sans conséquence heureusement, contre un militaire de l’opération Sentinelle à Paris, la nouvelle articulation de cette opération présentée hier par la ministre des Armées et le ministre de l’Intérieur devrait rendre les soldats en patrouille moins susceptibles à ce genre d’agression.

Une patrouille Sentinelle au pied de la Tour Eiffel

« Il faut être plus imprévisible, plus discret, plus à la manœuvre (…) pour ne pas permettre à l’agresseur de disposer d’un certain nombre d’informations qui rendraient l’opération moins efficace et exposeraient de façon inutile les forces engagées », précisait Florence Parly, ministre des Armées hier.

Même si le nombre de militaires mobilisés restera à son niveau actuel de 7 000 personnes, auxquels vient s’ajouter une « réserve » de 3 000 autres prêts a intervenir en cas de besoin, Parly expliquait que l’opération devrait être rendue « plus efficace, plus réactive, plus imprédictible. Nous déterminerons, en fonction des zones et des circonstances, le bon niveau de forces à déployer en complément des policiers et des gendarmes. Nous prendrons l’initiative sur l’ennemi en renforçant notre posture dissuasive par des patrouilles plus aléatoires. »

La nouvelle approche prévoit trois niveaux, avec un « dispositif permanent » pour sécuriser les sites sensibles et touristiques, un « échelon de renforcement planifié » pour assurer la protection des évènements occasionnels ainsi que la « réserve stratégique » de 3 000 soldats. Cette nouvelle organisation s’accompagne d’une gouvernance rénovée et d’une coordination renforcée entre les deux ministères.

Les effectifs des deux premiers échelons seront répartis en fonction des besoins, contrairement, donc, à ce qu’avait indiqué Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, le mois dernier quand il avait avancé qu’il y aurait probablement « 3 500 dans des postes définis et 3 500 dans des postes plus souples de manière à pouvoir garantir par exemple la Braderie de Lille. » Parly indiquait hier qu’ « on va adapter la ressource selon le principe du paratonnerre, en déployant là où la foudre est susceptible de tomber plutôt que de dire aux hommes ‘attendez ici, peut-être qu’un jour cela tombera’ ».

En juillet dernier, alors que le président Emmanuel Macron venait d’annoncer une étude « approfondie » sur les modalités de l’opération Sentinelle, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser, estimait lors de son audition devant la commission de Défense de l’Assemblée Nationale, qu’il fallait mobiliser au moins 9 000 hommes pour Sentinelle, dont 3 000 « sur des points clés de Paris », 3 000 « en réserve pour pour monter en puissance en cas de coup dur, n’importe où en France » et 3 000 pour travailler sur des scénarios de crise en relation avec les forces de sécurité intérieure.

« Ce que nous voulons, c’est faire mieux pour être plus efficace », Parly expliquait hier sur les ondes de la radio Europe 1. « Il s’agit de rendre le dispositif plus flexible, plus mobile, moins anticipable. Il faut éviter que l’opération Sentinelle soit prévisible par avance », a-t-elle continué. Et donc « il y aura des missions aléatoires qui auront été planifiées mais qui ne seront connues ni des élus ni de la population. » Et donc, il faut l’espérer, ni des agresseurs potentiels.