Nexter s’associe à John Cockerill pour séduire la Bulgarie

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Le VBCI 2 de Nexter, ici armé d’une tourelle « maison » T40 (Crédit: Nexter Systems)


 
Confortée par le partenariat franco-belge CaMo, la collaboration entre Nexter Systems et le Belge John Cockerill (ex-CMI) se construit désormais aussi sur le marché export. Dernièrement, le systémier-intégrateur de Versailles s’est adjoint les services de la division défense du groupe liégeois pour tenter de décrocher un contrat de 750M€ en Bulgarie.
 
Quatre sociétés avaient été retenues en août dernier par le ministère de la Défense bulgare en vue de la livraison de 150 nouveaux véhicules blindés 8×8, dont 90 armés d’un canon de 30 mm, pour un budget que certains industriels estiment « serré ». Le VBCI y affronte le Piranha V de la filiale suisse de GDELS, l’AMV du Finlandais Patria et le Boxer d’Artec GmbH. Fixée à l’origine au 31 octobre, la date butoir de remise des offres a été repoussée au 16 décembre. L’annonce de l’industriel sélectionné devrait intervenir au minimum deux mois plus tard.
 
Nexter Systems ne produisant pas le calibre requis, le groupe a choisi d’intégrer une solution offerte par John Cockerill Defense, qui s’est par ailleurs également associé à Patria. La proposition de Nexter reprend la version « Cockerill 3030″ de la plateforme modulaire Série 3000, déjà sélectionnée par l’Arabie saoudite. Hormis le canon ATK, la tourelle Cockerill 3030 est dotée de missiles antichars et du viseur de surveillance et d’acquisition d’objectif Paseo de Safran. La concurrence proviendra de deux visages bien connus de ce segment, que sont les Israéliens Elbit Systems et Rafael et leurs tourelles UT30 Mk2 et Samson. Tous deux sont réputés pour proposer des solutions financièrement très abordables. Un avantage certain au vu des limitations budgétaires du programme, mais qui pourrait potentiellement être contrebalancé par l’incapacité des deux sociétés à respecter les calendriers de livraison. Ainsi, Elbit Systems a récemment été mis à l’amende en Roumanie, tandis que Rafael est l’objet d’une plainte émanant du ministère de la Défense tchèque pour avoir été dans l’impossibilité de livrer des pièces détachées en temps et en heure.
 
Difficilement lisible, cet appel d’offres est le premier du genre lancé par Sofia concernant un véhicule blindé de combat d’infanterie depuis la fin de l’Union soviétique, sous laquelle la notion de choix n’avait pas lieu d’être. Il semblerait donc que les militaires bulgares, peu rompus aux procédures d’acquisition « à l’occidentale », doivent encore assimiler certaines spécificités propres à ce type de démarche. Les impératifs relatifs à l’origine géographique du véhicule et de l’armement principal sont en soi déjà surprenants. De fait, si la plateforme doit obligatoirement provenir d’une entreprise basée dans un pays de l’OTAN ou d’Europe, le choix de la tourelle n’est quant à lui soumis à aucune restriction.
 

L’une des variantes possibles de la tourelle Cockerill 3030 sélectionnée par Nexter Systems et Patria pour répondre au marché bulgare


 
La grille d’évaluation est ensuite conçue de tel sorte qu’il sera pratiquement impossible pour les entreprises concernées de respecter le périmètre budgétaire tout en répondant parfaitement à tous les critères. Outre le cadre géographique, les offres industrielles devaient notamment s’accommoder de certains scénarios d’usage parfois… « surprenants » (comprenez : potentiellement irréalisables). Entre autres exemples, la Bulgarie exigeait que le véhicule soit capable de tirer deux missiles simultanément afin de pouvoir frapper la cible de deux directions opposées. La méthode a le don de brouiller davantage les pistes car, en principe, aucun des quatre industriels en lice n’est capable de répondre parfaitement à chacun des prérequis. Tout le monde étant à la fois gagnant et perdant, l’armée bulgare peut donc choisir d’éliminer n’importe quelle proposition sur base de n’importe quel critère. On aura vu mieux en terme d’objectivité.