Mali : Retour sur les récents accrochages

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Depuis début septembre, des éléments djihadistes isolés ont tenté des opérations de déstabilisation au nord de la boucle du Niger. Une recrudescence d’actions qui amène à la question : les djihadistes ont-ils les moyens de déstabiliser la tenue des élections législatives locales qui se dérouleront fin novembre/début décembre ?

Retour sur les évènements :

La force Serval continue de mettre la pression sur les djihadistes demeurant sur le territoire malien, avec des opérations régulières au sol de contrôle et de ratissage de zone. Appuyée par en moyenne, 80 sorties aériennes hebdomadaires (transport, renseignement, chasse)

Le 19 septembre, l’opération Dragon, menée par les français a abouti à la découverte de caches d’armements, dont des roquettes artisanales de 122 mm.

Le 28 septembre, un attentat frappe à Tombouctou un camp des forces armées maliennes (FAMA). Al Qaeda (AQMI) revendique l’action qui aurait fait des dizaines de morts parmi les FAMA et de nombreux dégâts. En fait, les conséquences ont été bien moins importantes que celles revendiquées. Le colonel Jaron, porte-parole de l’Etat Major des Armées (EMA) indique qu’une voiture piégée, remplie de 100 kg d’explosifs a été arrêtée par les soldats maliens à l’entrée du camp militaire FAMA, la charge est alors activée, qui provoque la morts de 4 personnes dont 2 civils. Les dégâts matériels sont très faibles.

Le 1er octobre, des sources de renseignements humains (population), font état de la présence de plusieurs « technicals » (pick-up) remplis de djihadistes au marché de Douaya, au Nord de Tombouctou pour y organiser une action terroriste. Un hélicoptères français est dépêché sur place pour mener une action de reconnaissance, pendant qu’un groupement tactique s’organise appuyé par des soldats maliens. Le colonel Gilles Jaron,  se refusant à indiquer le type d’appareil envoyé, on peut facilement imaginer qu’il s’agisse des forces spéciales françaises. A la vue de l’appareil français, les pick up s’enfuient, l’hélicoptère en poursuit un, abandonnant les autres partant dans des directions différentes. L’hélicoptère fait feu. S’ouvre alors des accrochages à terre entre le groupement tactique (probablement des forces spéciales) et les occupants du « technical » qui ont débarqué et vont se battre « avec un comportement jusqu’au boutiste » précise le porte parole de l’EMA. L’action prend fin à 16:30, le véhicule est détruit et une dizaine de djihadistes sont tués grâce à l’action combinée de l’hélicoptère et des forces au sol. Des opérations seraient toujours conduites sur place a indiqué le colonel Jaron, probablement pour retrouver les djihadistes qui se sont enfuis.

Le 7 octobre, cinq tirs de roquette artisanales de 122 mm sont recensés entre l’aéroport et la ville de Gao. La zone de tir et immédiatement localisée, soit à 16 km au nord de Gao. Le bilan est somme toute léger : un blessé et une maison détruite.

Le 8 octobre, une charge explosives ébranle le pont de Bentia, à 160 km au sud de Gao. Seule une des deux charges rudimentaires a fonctionné, le pont n’est finalement que légèrement touché, et la circulation n’est en rien gênée.

Si de prime abord, l’on pourrait croire à une recrudescence des actions djihadistes, L’EMA indique qu’il ne s’agit que d’actions isolées, avec des moyens rudimentaires. Un aspect tend à confirmer cette analyse : la collaboration de la population locale démontre la confiance en la force Serval, la Munisma et les FAMA et a contrario la défiance envers les groupes djihadistes. Pas de quoi s’alarmer donc ! Et les français vont rester sur place pour assurer la bonne tenue  des élections à venir. Un constat partagé par l’ancien commandant de la force Serval, le général Barerra (aujourd’hui Dicod adjoint), interrogé par FOB.

 

Relève et retrait

« Nous sommes dans une double logique : celle de la relève et du retrait de Serval et celle de la sécurisation des élections législatives » a précisé le colonel Jaron. 3200 soldats français environ demeurent sur place, il ne devraient plus être que 1000 fin janvier/début février. Pour l’ossature de Serval, la 9ème Blbima a relevé la 6ème BLB. Les relèves s’effectuent depuis la plateforme logistique de Côte d’Ivoire. A noter qu’une compagnie Epervier (Tchad) a été déployée à Kidal pour assurer la relève d’une unité sur le départ. Les deux premiers bataillons maliens formés par la mission EUTM (European Training mission) sont dorénavant déployés sur leur territoire, la première au nord de Tessalit et la seconde à Gao, encadrés par les français. Le troisième bataillon poursuit sa formation à Koulikoro.

 

crédit photo: ECPAD/Ministère de la Défense