Les premiers Griffon attendus au 1er RI "dès cet été"

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Un VBMR Griffon manoeuvré par un futur instructeur régimentaire du 3e RIMa, cette semaine au camp de Canjuers


 
Les premiers véhicules VBMR Griffon arriveront « dès cet été » au 1er régiment d’infanterie de Sarrebourg (Moselle), annonce celui-ci sur son compte Facebook. Le « Picardie » deviendra alors la troisième unité opérationnelle de l’armée de Terre à entrer dans l’ère Scorpion.
 
La production et le déploiement des matériels Scorpion continuent, en dépit de la crise sanitaire. Une dizaine de Griffon avaient été perçus par le 3e régiment d’infanterie de marine de Vannes en février. D’autres sont attendus de pied ferme au 13e bataillon de chasseurs alpins de Chambéry. Selon le projet de loi de finances (PLF) pour 2020, marsouins et chasseurs en percevront chacun 29 exemplaires cette année. Le 1er RI en attend quant à lui 24.
 
À l’instar de ces deux unités, le travail d’intégration du Griffon a démarré il y a quelques mois au sein du 1er RI. À commencer par les missions de formation, dispensées par les industriels et par le 1er RCA de Canjuers, dont nous avons déjà détaillé le rôle central. En septembre dernier, l’adjudant Olivier, maître de simulation du régiment, a participé à un cycle initial de formation dans le Var.
 
« Une fois la partie théorique assimilée, le plus important à comprendre avec les nouveaux VBMR ce sont les différences avec le VAB : ils n’ont pas le même gabarit ni la même maniabilité. La conduite est simplifiée, les capacités de franchissement de détection et de réaction sont impressionnantes, il faut donc connaître son potentiel pour pouvoir l’exploiter au maximum de ses capacités », explique l’adjudant Olivier.
 
À l’issue de cette primo-formation, l’adjudant Olivier est devenu le référent Griffon de son régiment. Il sera, à ce titre, chargé des différentes formations prévues pour les militaires du 1er RI en vue de l’arrivée des véhicules.
 
Après le Commandement de l’entraînement et des écoles du combat interarmes (COM E2CIA) en janvier-février, puis le 13e BCA en mars, un détachement d’instructeurs régimentaires et d’aides-moniteurs pilotes du 1er RI devrait se rendre au 1er RCA pour fin avril-début mai. Durant deux à trois semaines, ils y acquerront à leur tour les fondamentaux du véhicule Griffon, de la théorie à la conduite et au maniement du tourelleau téléopéré.
 
Scorpion parmi les priorités

La crise sanitaire risque-t-elle de gripper la mécanique bien huilée du programme Scorpion, bouleversant en conséquence le calendrier de perceptions pour 2020 ? A priori non, car non seulement le 1er RCA avait d’emblée constitué un stock tampon de plateformes, mais les conséquences de la pandémie n’ont, à première vue, que peu ralenti les activités de production dans ce créneau. À lui seul, le lot initial de 92 véhicules livré l’an dernier doit suffire à équiper a minima les trois unités citées plus haut sans menacer les missions essentielles de formation menées par le 1er RCA et les écoles militaires d’application.
 
Les livraisons de nouveaux systèmes, ensuite, restent l’une des priorités du ministère des Armées, en parallèle avec le soutien des matériels indispensables aux OPEX et MISSINT. « La continuité de l’industrie de la défense est essentielle à nos opérations », rappelait  la semaine dernière la ministre des Armées, Florence Parly. « Lorsqu’elle le peut, elle doit continuer, dans le respect des consignes sanitaires données par le Gouvernement ».
 
Message reçu, du moins par les grands groupes du secteur. Si les activités de MCO n’ont pas été suspendues, la production n’a pu reprendre qu’après une interruption d’une semaine nécessaire pour adapter l’outil industriel aux nouvelles mesures barrières. Que ce soit à La Chapelle-Saint-Ursin, à Bourges ou à Roanne, les lignes d’assemblage de Nexter ont progressivement redémarré dès la fin du mois de mars. Même cas de figure chez Arquus, responsable des kits de mobilité du Griffon et du Jaguar. « La remontée en puissance de ces capacités se fera de manière progressive sur l’ensemble de ses quatre sites, en donnant la priorité aux programmes essentiels », annonçait le groupe versaillais le 6 avril. La rediscussion des cibles établies pour 2020, susceptible de préserver les industriels d’éventuelles pénalités de retard, n’est par ailleurs pas encore à l’ordre du jour.
 
L’effort est manifeste, mais l’incertitude demeure quand à l’avenir de la filière. La ministre des Armées multiplie donc les visites de terrain et les appels téléphoniques avec les têtes de file de la BITD afin de faire le point et de cartographier les difficultés et les éventuels besoins de chaque secteur. Après une visite chez Naval Group le 31 mars, la ministre des Armées s’est rendue une semaine plus tard chez Nexter, à Satory, pour constater le travail accompli en matière de MCO terrestre.
 
L’occasion également de discuter du soutien à l’industrie avec Stéphane Mayer, PDG de Nexter mais également président du CIDEF et du GICAT. Ce tour d’horizon s’est notamment poursuivi hier avec Atos, responsable du système d’information du combat Scorpion (SICS). « La mobilisation d’Atos, malgré la crise, est importante pour le respect du déploiement du système d’information du combat Scorpion, indispensable à la conduite de nos opérations », soulignait la Ministre sur son fil Twitter.