Les hélicoptères australiens dans le viseur de Safran

Share

L’un des 47 MRH90 Taipan acquis par l’Australie (Crédit: Département de la Défense)


 
Que ce soit dans le bush, dans les airs ou, plus récemment, dans les abysses du Pacifique, les systèmes produits par Safran sont désormais bien ancrés dans l’inventaire des forces armées australiennes. Présente cette semaine au salon Pacific, la filiale locale du groupe français, Safran Australasia Pty, mise à présent sur sa gamme optronique pour, cette fois, venir s’imposer dans le renouvellement des capacités d’aérocombat de l’armée australienne.
 
Portée par les financements inscrits dans le plan d’investissement adopté en 2016, la valse des programmes d’acquisition « LAND », « AIR » et « SEA » de la Défense australienne continue à 17.000 km de l’Hexagone. Si les bénéficiaires sont aujourd’hui connus, reste une quelques projets de second rang et une myriade de sélections de sous-systèmes pour lesquels la BITD française a encore la possibilité de transformer l’essai. Hormis des désignateurs laser pour les JTAC, des parachutes pour les forces spéciales, ou encore des centrales inertielles pour les futures flottes de blindés, Safran mise sur le renouvellement ou la modernisation des flottes de Tigre ARH et de MRH90 Taipan de l’armée australienne pour venir grappiller de nouveaux succès. « Ces programmes sont forcément très intéressants pour nous, » déclare un responsable de Safran Australasia. Assisté d’Airbus Helicopters, le groupe technologique propose d’intégrer la boule EuroFLIR 410 NG sur les MRH90 Taipan et le viseur de toit Strix NG sur les hélicoptères d’attaque Tigre ARH. En plus du sursaut technologique qui en découlerait, l’adoption de l’EuroFLIR 410 NG et du Strix NG apporterait un gain appréciable en terme d’interopérabilité et de maîtrise des coûts au profit de l’armée australienne.
 
L’interopérabilité, nous l’avons vu lors du dernier exercice Baccarat, se révèle plus que jamais être un facteur clef des opérations interalliés et interarmes. À ce titre, tant le Strix NG que l’EuroFLIR 410 NG permettront d’accorder idéalement les capacités des plateformes australiennes à celles présentées par les flottes concernées par les programmes précités (Espagne, Allemagne, Italie, France, Begique, Pays-Bas, Finlande). Bien entendu, l’interopérabiité n’est pas uniquement conditionnée par l’achat de systèmes identiques. Mais elle ressort nécessairement renforcée de l’atténuation des disparités technologiques. Par l’intégration des solutions proposées par Safran, l’Australie s’assure un niveau d’interopérabilité optimal avec quelques uns de ses plus proches alliés en matière d’aérocombat.
 
Du choix de l’interopérabilité technique découle forcément une inflation du volume de commandes et donc des économies d’échelle. De fait, la maîtrise des coûts s’avèrerait non négligeable pour l’Australie si elle choisissait de cumuler la modernisation d’une plateforme déjà opérationnelle et l’adoption transversale de systèmes matures ou développés dans le cadre d’initiatives multinationales. Ce qui est parfaitement le cas pour l’EuroFLIR 410 NG et le Stryx NG, par ailleurs étroitement liés. « Le Stryx NG repose sur l’architecture interne de la boule EuroFLIR 410 NG, » note le représentant de Safran Australasia. Dévoilée en juin 2017, la boule gyrostablisée de Safran accueille jusqu’à dix capteurs différents et est déclinée en trois variantes : M (marqueur), D (désignateur laser), et S (surveillance). Aujourd’hui intégrée sur le drone tactique SDT Patroller, elle le sera à terme sur les futurs Hélicoptères interarmées légers (HIL) Guépard, ainsi que sur le NH90 TTH Caïman Standard 2. Loin de se limiter aux forces spéciales, cette nouvelle mouture du NH90 TTH a vocation à essaimer vers les forces conventionnelles à l’horizon 2030 en ce qui concerne la France. « L’Australie mène aujourd’hui un programme aux objectifs similaires, baptisé CAP, ou Capability Assurance Program, » précise Safran, qui espère que « l’armée australienne adoptera la même suite de mises à niveau ». Si la ou les prises de commande parviennent à cette échelon, Safran envisagerait en conséquence d’établir « une chaîne complète de maintenance sur place, » nous explique-t-on.
 
Quant au Strix NG, il est l’une des briques essentielles du futur Standard 3 du Tigre, programme conduit par l’OCCAR au bénéfice de la France, de l’Espagne et de l’Allemagne. À l’horizon 2025, cette nouvelle génération remplacera notamment les Strix HAD en service sur les Tigre de l’ALAT. Tant la DGA que l’industriel sont jusqu’à maintenant restés très discrets concernant les améliorations apportées par rapport à la version actuelle, qui intègre un imageur thermique, une caméra et un désignateur laser. Tout au plus, le ministère des Armées annonçait en avril dernier une série d’essais menés par le GAMSTAT dont les « résultats sont d’ores et déjà très prometteurs ». Lancé en septembre dernier, le programme LAND 4503 Armed Reconnaissance Capability vise théoriquement au remplacement des 22 Tigre opérés par les 161st et 162nd Reconnaissance Squadron de l’armée australienne par 29 nouvelles machines achetées sur étagère. Face à l’AH-1Z de Bell Helicopter et l’AH-64E Apache de Boeing, Airbus a choisi de privilégier une seconde voie en soumettant une offre qui permettra à la flotte actuelle de se projeter au-delà de 2040. À nouveau, le choix de récupérer une ou plusieurs briques d’un programme multinational s’avérerait profitable pour le contribuable australien. « Airbus a soumis une offre reposant sur la modernisation de la plateforme, ce qui doit considérablement réduire les coûts, » souligne Safran Australasia. L’hélicoptériste table ainsi sur une économie globale d’approximativement 1,85Md€ en cas de sélection. La maintenance des Strix intégrés sur les Tigre ARH est déjà réalisée dans les infrastructures de Safran à Sidney, rappelle la filiale de Safran. Ce volet ne nécessiterait donc pratiquement aucun investissements supplémentaires.