Le Grand-Duché de Luxembourg entérine son entrée dans le « club Scorpion »

Deux Dingo II PRV en patrouille autour du camp d'entraînement de Koulikoro, dans le cadre de la mission EUTM Mali. Ils seront remplacés à compter de 2024-2025 par le futur CLRV. (Crédits : Armée luxembourgeoise)

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Par 56 voix pour et 4 contre, les députés luxembourgeois ont adopté hier le projet de loi autorisant l’Armée luxembourgeoise à acquérir de nouveaux véhicules de commandement, de liaison et de reconnaissance (CLRV). Une flotte qui sera équipée de sous-systèmes Scorpion afin de « maintenir, voire d’améliorer, le niveau d’interopérabilité avec l’armée belge et donc également avec l’armée française ».

Un investissement de 367 M€ sur 25 ans


« Le vote de la loi 7582 sur l’acquisition de 80 véhicules de commandement, de liaison et de reconnaissance [par la] Chambre des députés, permet à l’Armée luxembourgeoise d’assumer ses missions au Grand-Duché de Luxembourg et d’honorer ses engagements solidaires avec nos Alliés », a commenté la Direction de la Défense sur Twitter.

Conformément au plan annoncé cet été, le gouvernement luxembourgeois remplacera les 48 Dingo II (PRV) et 42 HMMWV (Hummer) actuellement en service par « des véhicules équipés de sous-systèmes compatibles avec le matériel et/ou programme Scorpion », rappelle un récent rapport parlementaire luxembourgeois.

Vétustes et trop peu protégés au vu des engagements à venir, les Hummer ne pouvaient être modernisés. Quant aux PRV, si leur mise à niveau a un temps été envisagée, ce scénario a été écarté en raison de son coût élevé, estimé à 220 à 250 M€ pour étendre la durée de vie jusqu’en 2032. 

PRV et Hummer laisseront donc place à un seul type de véhicule. Le gouvernement prévoit d’y allouer 367 M€ sur 25 ans, dont 51 M€ pour les plateformes, 110 M€ pour les sous-systèmes (radios, TTOP, kits de protection CBRN et balistiques, etc.), 2 M€ pour l’achat optionnel de 20 remorques et 82 M€ pour le soutien en service durant la durée de vie du matériel, estimée à 20 ans. D’après le calendrier initial, la contractualisation interviendra courant 2022 en vue de premières livraisons en 2024-2025.

Étant donnée son envergue, ce projet sera réalisé en étroite collaboration avec l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA), basée dans le sud-ouest du Luxembourg. Elle sera chargée d’acquérir l’ensemble des matériels, de moderniser les capacités de soutien de l’Armée luxembourgeoise et de préparer les véhicules en vue de l’intégration des sous-systèmes d’observation et de communication Scorpion.

L’intégration indispensable dans Scorpion

Pour les députés luxembourgeois, « l’installation de matériel Scorpion se serait imposée peu importe la solution retenue afin de garder une interopérabilité avec non seulement la Belgique, mais aussi la France ». Les militaires luxembourgeois étant presque exclusivement déployés dans un cadre multilatéral, une telle interopérabilité est indispensable pour « assurer la communication et la transmission de données entre les unités déployées sur le théâtre d’opération ».

Les coûts d’acquisition du CLRV ne prennent pour l’instant en compte qu’une « scorpionisation de base » à partir des briques déjà existantes. Les véhicules seront néanmoins préconfigurés et disposeront des capacités de réserve nécessaires pour pouvoir accueillir de futurs capteurs ISR additionnels et d’autres innovations technologiques tels que des drones ou des robots terrestres. Ces éventuels incréments seront alimentés au travers d’une enveloppe de 50 M€ comprise dans le projet de loi.

Cette « scorpionisation » pourrait par ailleurs dépasser le seul cadre du CLRV. « À moyen terme et en fonction des évolutions technologiques du programme Scorpion, il est prévu de doter également les camions, les ambulances tactiques, les postes de commandement et les soldats de nouveaux sous-systèmes issus du programme Scorpion », stipule le rapport parlementaire.

Quant à sélectionner une plateforme Scorpion, le scénario semble exclu en raison de certaines exigences formulées par le client. La masse maximale du futur CLRV est en effet limitée à 10,5 tonnes, quand le plus léger des véhicules Scorpion disponibles aujourd’hui, le Serval, atteint 15 à 17 tonnes. Le JLTV de l’américain Oshkosh, moins lourd et retenu par la Belgique, aura certainement une carte à jouer.

D’autres opportunités pourraient survenir pour la filière française. S’il n’est pour l’instant question que de l’achat de 80 CLRV, « il n’est pas exclu qu’un nombre supplémentaire de véhicules blindés de reconnaissance plus lourds devra être acquis » pour répondre aux objectifs capacitaires attribués par l’OTAN et en vue d’une coopération renforcée avec la Belgique dans le domaine de la reconnaissance.