Le général Lecointre sur le départ après quatre ans à la tête des Armées

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Le chef d’état-major des Armées (CEMA), le général François Lecointre, quittera ses fonctions cet été, annonçait-il hier dans Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Il sera remplacé par le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) depuis juillet 2019.

Une décision prise de longue date

« Je quitte mes fonctions », a déclaré le général Lecointre, après quatre années à la tête de « la plus belle armée d’Europe, incontestablement ». Un départ pressenti depuis quelque temps et consécutif d’une décision mûrie de longue date. « Cela fait très longtemps que je considérais qu’il fallait que je fasse un mandat limité dans le temps ».

Ce souhait, le CEMA l’exprime en novembre dernier auprès du président de la République. « Je lui ai demandé de bien vouloir me laisser partir à partir de quatre ans de mandat, c’est à dire le 21 juillet prochain ». Sans succès dans un premier temps.

Emmanuel Macron souhaitait en effet maintenir le général Lecointre en poste, tous deux partageant « une même compréhension de ce que doit être le rôle des armées, de ce qu’est leur engagement et de ce que sont les enjeux auxquels elles doivent faire face. Je lui ai dit que je souhaitais réellement partir ».

S’il n’a pas obtenu gain de cause, le président de la République a tenu à saluer « le grand soldat (…), le chef militaire et le serviteur de l’État », indique l’Élysée dans un communiqué cité par LCI. Emmanuel Macron « remercie tout particulièrement le général Lecointre pour son action inlassable à ses côtés dans la direction des opérations militaires durant quatre années et lui adresse ses vœux les plus chaleureux pour l’avenir ».

Éviter une politisation de la fonction

En quittant ses fonctions, le général Lecointre tient avant tout à éviter une politisation de sa fonction. « Je ne souhaitais pas que le chef d’état-major des Armées parte à l’issue du mandat d’un président de la République ou exactement au même moment où se termine le mandat du président ».

En partant, le général Lecointre veut ainsi « à tout prix préserver les armées d’un soupçon sur leur absolue neutralité ». Au service de la présidence et non d’Emmanuel Macron, le CEMA a « le devoir absolu de dire au président de la République absolument ce qu’il pense sur les risques que feraient courir telle ou telle décision du chef de l’État », a-t-il rappelé.

L’autre raison, c’est ce « tuilage » qui garantit la continuité alors que s’amorce la seconde moitié de la LPM 2019-2025. « Je ne me vois pas rester six ans en fonction et je ne souhaitais pas, parce qu’il me paraît important qu’il y ait un tuilage, qu’un chef d’état-major des Armées, qui est un chef militaire, soit associé à un politique ».

Le CEMA en déplacement en janvier 2020 au Sahel auprès des militaires de Barkhane (Crédits : EMA)

Poursuite de la LPM et terrorisme

Du côté de Brienne, la nomination prochaine du général Burkhard est sans équivoque. Unanimement apprécié, ce légionnaire de 56 ans « a imprimé une dynamique forte de modernisation et de préparation poussée aux opérations complexes, parfaitement préparé à ces nouvelles responsabilités, il dispose de toute la confiance et l’estime de la ministre des armées », indique la ministre des Armées dans un communiqué.

Une expérience et une vision pointue de l’avenir qui seront appréciées, car les défis ne manquent pas. Cette passation de pouvoir intervient notamment en pleine actualisation de la LPM – exercice d’autant plus périlleux au vu de l’incertitude économique -, alors que s’esquisse le recalibrage de l’opération Barkhane et qu’apparaissent de nouveaux compétiteurs et de nouveaux champs de conflictualité.

« Nous sommes aujourd’hui engagés dans un processus profond de transformation des Armées, de modernisation, avec une loi de programmation militaire qui courra sur deux mandats ». Cet effort de modernisation, de reconstruction « doit être poursuivi (…) sur la prochaine loi de programmation militaire », estime le CEMA.

Autre point d’attention de la « feuille de route » léguée à son successeur : l’évolution de la menace terroriste en Afrique et au Moyen-Orient. Si la menace est aujourd’hui moins élevée en France, les armées doivent continuer les opérations de stabilisation au Sahel afin d’éviter qu’elle ne remonte, explique le général Lecointre.

Et le futur ex-CEMA de faire part d’ « une inquiétude qui est liée au retrait des États-Unis d’Afghanistan et à la recréation d’un État islamiste en Afghanistan. Il faudra que nous soyons extrêmement attentif en matière de renseignement ».