Le GCOS relance la piste du drone MAME

Share

Du Black Hornet III au Reaper, l’arsenal de drones mis à disposition des forces spéciales françaises est vaste mais reste incomplet, relevait le commandant du COS (GCOS), le général Éric Vidaud, lors d’une récente audition parlementaire. Entre autres objectifs, celui-ci a relancé la piste de l’acquisition de drones MAME (Medium Altitude, Medium Endurance) pour muscler les moyens de renseignement du COS et lui conférer une capacité en propre de frappe ciblée.

L’idée n’est pas neuve. Le GCOS précédent, l’amiral Laurent Isnard, la mentionnait déjà en décembre 2017 face aux parlementaires. Celui-ci militait alors pour l’obtention d’une capacité ISR complémentaire et avait proposé « de lancer par conséquent un programme d’acquisition de drone moyenne altitude, moyenne endurance (MAME) ».

Cet intermédiaire entre le mini-drone type SMDR et un Reaper, l’ex-GCOS le définissait à l’époque par son endurance – 100 km pour six heures de vol –, sa capacité d’emport – une charge ROEM et « des armements de faible charge » et sa souplesse d’emploi – qui ne nécessiterait que « trois commandos ». « Tout ce matériel existe sur étagère, nous pouvons l’acheter immédiatement si vous nous donnez le budget nécessaire – ce sont de petites sommes », avait conclu le général Isnard.

Trois ans plus tard, les forces spéciales déploient « de très nombreux drones de taille et de modèles différents, que ce soit au Levant ou au Sahel ». La trame continue de s’étoffer, profite de la montée en puissance des Reaper, mais ne comprend toujours pas de drone MAME. Et le besoin pour un système intermédiaire offrant « souplesse d’emploi, endurance, et l’emport de doubles charges » demeure intact, souligne le général Vidaud.

Entre SMDR et Reaper, le drone MAME souhaité par le COS présenterait une autonomie de 6 heures et un rayon opérationnel de 100 km. Ici, l’un des RQ-7B Shadow V2 opérés par l’US Marine Corps. (Crédits : USMC/cap. Jesse Carter-Powell)

Les solutions disponibles sur étagères existent mais sont rares. Ainsi, le système Falco du groupe italien Leonardo satisfait les exigences d’élongation et d’emport. Seul hic, le gouvernement italien a dès l’origine imposé son veto à l’emport d’armement. Un garde-fou politique qui n’existe pas outre-Atlantique, où le groupe Textron propose une variante armée du RQ-7B Shadow pouvant embarquer le missile Fury, fruit d’un développement conjoint avec la filiale britannique de Thales. La dernière version, le Shadow V2 Block III, doit entrer en service cette année. Opter pour une plateforme américaine irait néanmoins à l’encontre de la volonté de souveraineté affichée par la France pour son armement, sans compter d’éventuelles restrictions d’emploi.

Du côté de la BITD française, seul le Patroller de Safran s’approche un tant soit peu de la définition du GCOS. S’il répond aux critères en termes de renseignement et d’emport de deux charges, son envergure de 18 mètres, sa masse de 1,2 tonne et, plus globalement, son empreinte logistique pèseront sur la flexibilité caractéristique des forces spéciales. Bien que destiné aux missions tactiques, le Patroller est, de par ses performances, considéré comme faisant partie du segment MALE.

Deux des trois systèmes SDT commandés en 2016 pour 300 M€ devraient être livrés cette année. Ils seront certes opérés par le 61e régiment d’artillerie de Chaumont, mais rien n’empêche une mutualisation qui profiterait aussi aux forces spéciales. Faute de solution disponible idéale, reste l’option du développement d’un nouveau vecteur, scénario peu plausible mais auquel la filière française serait d’autant plus réceptive qu’il offrirait une charge supplémentaire bienvenue en période de crise.