L'avenir du char de combat principal

Share
 
D’après lui, « L’OTAN et ses alliés » ont produit environ près de 18 000 chars de combat principaux de dernière génération, parmi lesquels plus de la moitié se trouvent être des M1 Abrams américains, mais un nombre bien inférieur d’entre eux sont encore en service aujourd’hui. Ils seraient alors capables de rassembler 4000 Abrams, – et si besoin 4000 seraient encore à l’abri dans le désert californien – 3 500 Leopard 2 d’origine allemande (estimation assez large qui inclut probablement tous les utilisateurs européens du Leopard 2, même si ils ne sont pas membres de l’OTAN – comme la Suisse ou l’Autriche – mais aussi le Canada), 2000 Merkava israélien (qui est le nombre total produit plutôt que le nombre de tanks disponibles), 200 Leclerc français « sur un total de 800 produits », 227 Challenger 2 du Royaume-Uni « sur un total de 398», 200 Ariete italiens, 350 Type 90 japonais and 300 K2 de Corée du Sud.

 

Clairement, si il y a réellement 100 000 chars de combat principaux, l’écrasante majorité d’entre-eux ne sont ni opérés ni produits par les « Occidentaux ». Selon Drummond, ce serait même 82 000 chars, le plus souvent de production soviétique, russe ou chinoise qui équiperaient de multiples armées à travers le monde. La plupart seraient de vieux T-55, T-62, T-64 produits à des dizaines de milliers d’exemplaires par les usines de l’Union Soviétique, et des T-72 dont 25 000 exemplaires produits ont été dénombrés ! D’après les chiffres du consultant britannique, la Russie a plus récemment produit 3000 tanks Type-90 qu’elle tente d’exporter un peu partout.
 
Si les Chinois ont moins de tanks à déployer, plus de la moitié sont relativement récents, sur 6 700 tanks, 3 700 seraient des Type 96 ou des Type 99 développés à la toute fin des années 1990. La Corée du Nord disposerait de pas moins de 5 000 tanks, principalement des T-72, T-62 et Type 59. Comme pour les Russes, le gros de la flotte indienne, qui compterait 4 300 unités, est composée de T-72 et de T-90, alors que le Pakistan n’aurait que moitié moins à aligner. Si l’Iran aurait jusqu’à 1 000 tanks à disposition, les flottes du « reste du monde » (anciens satellites de l’URSS, Afrique, Amérique du Sud, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est) vont de 100 à 200 unités de MBT par pays, très souvent produites en pleine Guerre Froide. Rappelons par ailleurs, que les Emirats Arabes Unis ont acquis pas moins de 388 chars Leclerc auprès de la France entre les années 1990 et 2000.
 
« Pour résumer, le tank reste l’arme terrestre absolue » nous dit Drummond. Pour lui, les décideurs de l’OTAN ont beau « parler » d’une nouvelle génération de chars plus petits, plus légers, voire autonomes, « ou quelqu’ils soient« , dans le pire des scénarios possibles (la guerre !) ils devront être en mesure de faire face à l’avantage numérique écrasant des vieux tanks appartenant aux « dictateurs ». Effectivement, bien que nos formats d’armée – ou le principe de dissuasion nucléaire dans le cas français ou britannique – nous pousseraient à penser le contraire, Drummond veut nous rappeler à la réalité : « la quantité est une qualité en soi ».

 

« Ce qui est certain » insiste le consultant britannique « c’est que les chars de combat principaux de l’OTAN sont devenus trop gros et trop lourds pour être aussi répandus qu’on l’aurait voulu. » Il est vrai, comme l’indique Drummond, que peu de ponts voire de routes peuvent supporter 70 tonnes de masse (ici, un article allemand intéressant sur un projet à coups de milliards pour que les MBT puissent traverser l’Europe) et que dans le cadre d’un déploiement rapide ou d’une force expéditionnaire, les chars de combat principaux ne peuvent voyager que par des transporteurs lourds, qu’ils soient aériens ou maritimes.

 

Toujours plus pessimiste – mais il faut bien des pessimistes pour appréhender tous les risques possibles – Drummond nous accorde que le blindage lourd et moderne a bien un avantage certain grâce aux systèmes de protection active (APS) qui rendent le blindé uniquement vulnérable aux obus flèches (« APFSDS kinetic penetrators ») d’un autre blindé, mais selon lui, il y a aussi une arme qui pourrait changer la donne : les munitions à impulsion électromagnétique (EMP) rendant tout système électronique inéffectif. « Les armements EMP réduiront les coûteux chars d’assaut principaux en pièces de métal immobiles. Les équipages partiront, mais le char et tous les systèmes embarqués seront alors inutiles. » prévient Drummond, avant de continuer « Attendons-nous à voir des tanks équipés de systèmes réversibles, comme des commandes manuelles. »
 
Si ses prédictions sont correctes, Drummond espère que l’OTAN et ses alliés, pourront compter sur des véhicules de combat blindés à roues et plus petits qui sont « peu coûteux et peu sophistiqués » sur lesquels on installerait des canons « légers » et des missiles anti-chars (un clin d’oeil au Jaguar français ?), bref des véhicules plus adaptés au combat d’infanterie et au combat urbain. Là encore, le britannique prévient, on tendra logiquement vers une amélioration de leurs capacités mais il ne faudra pas réitérer la même « erreur » qu’avec les MBT : si les lance-missiles de dernière génération coûtent plus cher que les véhicules qu’ils sont censés détruire, on se retrouve sur la mauvaise piste.

 

Alors, si une première solution serait effectivement de s’intéresser de plus près aux véhicules blindés 8×8 (VBCI T40, Boxer allemand etc) pour s’équiper en « petits tanks plus légers et plus agiles », ceux-ci seraient encore trop lourds ! L’idéal de Drummond est un véhicule de moins de 20 tonnes équipé d’un même niveau de protection qu’un MBT (blindage et surtout, protection active). Dans ses rêves, de très lourdes frappes viendraient détruire la plupart des blindés de fabrication russe ou chinoise, mais dans la réalité, pour changer le rapport de force actuel, seule une large flotte de petits blindés (agiles) destructeurs pourrait satisfaire. Mais attention une dernière fois, conclut-il, « Avant tout, la technologie doit réduire les coûts et non les augmenter. » C’est là que ça va se compliquer.