L'armée de Terre aura son Patroller en 2018

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Enfin ! L’armée de Terre recevra son système de drone Patroller à partir de 2018, suite à la signature cet après-midi (5 avril) à Montluçon, au centre est de la France, d’un contrat de 350M€ entre la DGA et Sagem (Safran), le constructeur.
 

Vincent Imbert, directeur adjoint de la Direction Générale de l’Armement et Philippe Petitcolin, directeur général de Safran, échangent le contrat Patroller, observés par Ross McInnes (derrière Imbert), président du Conseil d’administration de Safran, et le ministre de la Défense français Jean-Yves le Drian (Crédit photo : Christina Mackenzie)


 
Le contrat porte sur 14 drones et six stations de contrôle au sol, ou, en d’autres termes, deux systèmes complets comprenant chacun cinq drones et deux stations de contrôle. Deux drones et deux stations de réserve sont inclus dans le contrat. Les Patroller seront opérés par une unité de la Brigade de Renseignement, le 61e régiment d’artillerie basé à Chaumont, à 270 km à l’est de Paris. Chaque système sera mis en œuvre par une équipe de quatre personnes : un pilote (officiellement dénommé « téléopérateur »), un chef de mission (qui doit justifier de sept années d’expérience dans le pilotage de drone), un opérateur de capteurs et un analyste d’images.
 
Sagem développe le Patroller sur fonds propres depuis près d’une décennie. Patrick Durieux, directeur du département commercial drones de Sagem, a précisé auprès de FOB que les ingénieurs avaient rapidement décidé de ne pas concevoir d’aéronef, ou de vecteur aérien, « car ce n’est pas ce que nous (Sagem) faisons et que nous savions qu’il existait de nombreuses solutions sur le marché ».
 

Le Stemme S6 (Crédit photo: Stemme)


Sagem a porté son choix sur un vecteur basé sur le Stemme S15, conçu par une PME allemande, Stemme AG, à Strausberg dans  l’est de l’ancienne République  démocratique allemande. Le  Stemme S15, d’un poids d’une  tonne, est lui-même basé sur le  Stemme S6, un planeur à  moteur destiné au tourisme.  Stemme a depuis créé une division, Ecarys, pour commercialiser cette plateforme.
 
Durieux précise que le Stemme n’a pas été choisi uniquement pour sa capacité d’emport d’une charge utile de 250 kg et son plafond de vol de 6 000m, mais aussi parce qu’il est extrêmement silencieux. Il ne peut être entendu au delà d’une distance de quelques centaines de mètres.
 
Alors que Sagem développait le Patroller, et afin d’être en mesure de voler en France et de respecter les règles de l’aviation civile, la société a maintenu un pilote à bord afin que celui-ci puisse prendre la main sur l’appareil si jamais le système de pilotage à distance tombait en panne. Néanmoins, des militaires ont dit à FOB que l’armée n’était pas intéressée, pour le moment, par cette option « pilote à bord ».
 
Le Patroller, choisi en janvier 2016 suite à un appel d’offre qui l’a vu s’opposer au Watchkeeper de Thales, remplacera le système SDTI (Sperwer) actuel de l’armée de Terre. Mais le Patroller joue dans une toute autre catégorie : il peut voler trois fois plus longtemps (près de 20 heures), ses caméras couleur et infrarouge fournissent des images beaucoup plus détaillées et couvrent une zone deux fois plus grande.
 

Les senseurs du Patroller fournissent une image de très haute qualité. Nous voyons ici une image en couleur (en bas à gauche), une image infrarouge (en haut au centre), et, en haut à gauche, une image de la caméra arrière montrant à l’opérateur l’empennage du Patroller. Sur la droite on remarque une carte sur laquelle la route et la position de l’appareil sont affichées en rose (gauche, centre). Le Patroller se trouvait à environ 2 km de la scène observée ici. (Crédit photo : Christina Mackenzie)


 
« Bien entendu, cela signifie que nous allons devoir former plus de gens parce qu’après quatre heures de service, le personnel a besoin de repos et devra être immédiatement remplacé par une nouvelle équipe », ajoute un officier.
 
J’ai entamé cet article par « Enfin », non seulement parce que l’armée de Terre est impatiente de mettre la main sur ce système de drone de dernière géneration, mais aussi parce que ce contrat aurait dû être signé le 31 mars. Sauf que l’avion transportant à la fois le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian et le directeur général de la DGA Laurent Collet-Billon ainsi que plusieurs journalistes, dont FOB, n’a pas pu se poser sur l’aérodrome de Montluçon, malgré trois tentatives, à cause d’un épais brouillard. Le Patroller aurait pu, quant à lui, atterrir car il peut opérer par tout temps et peut même décoller et atterrir par vent latéral.
 

Ce modèle grandeur nature du Patroller présent sur le site de Sagem (Safran) à Montluçon a été littéralement assailli durant la visite du ministre de la Défense le 5 avril 2016 (Crédit photo : Christina Mackenzie)