L’analyse de la valeur, voici l’une des cartes que la Direction générale de l’armement (DGA) souhaite jouer pour produire plus, plus vite et moins cher, principal enjeu de la bascule vers l’économie de guerre souhaitée par le président de la République.
Ce soir, le ministre des Armées Sébastien Lecornu réunira à nouveau le délégué général pour l’armement (DGA) et les principaux représentants de l’industrie de défense française pour une réunion au format « économie de guerre ». Un troisième rendez-vous après ceux de septembre et novembre 2022 pour lequel l’ordre du jour s’annonce chargé.
Parmi les points discutés, la simplification de l’expression de besoin des armées. Pour y parvenir, les acteurs concernés planchent notamment sur une légère adaptation du processus de conduite des programmes d’armement. L’idée ? Anticiper et généraliser l’étape d’analyse de la valeur, l’un des principaux enseignements de la guerre en Ukraine pour le DGA, Emmanuel Chiva, et « une petite évolution mais qui a un gros impact » d’après le cabinet ministériel.
Cette étape réunirait les armées, la DGA et les industriels autour d’une même table en amont des grands choix structurants. Aux derniers de chiffrer les spécificités du matériel proposé. « Cela permettra aux armées de se rendre compte des caractéristiques techniques très coûteuses (…) et finalement de pouvoir optimiser la copie dans une logique de coût objectif pour éviter les spécifications pas ou peu utilisées mais qui en revanche coûtent très chers », indique l’entourage du ministre.
« Prenez l’exemple d’un système d’armes conçu pour fonctionner de manière nominale jusqu’à moins 35 degrés Celsius ; en pratique, on se bat rarement à moins 35 degrés. Est-ce vraiment grave s’il fonctionne nominalement jusqu’à moins 25 degrés et moins bien entre moins 25 degrés et moins 35 degrés ? », questionnait à ce titre Emmanuel Chiva en novembre dernier face aux sénateurs de la commission défense.
Bien appliqué, le principe permettrait non seulement de simplifier et d’accélérer mais aussi de diminuer la note finale. Pour certains systèmes, l’économie réalisée serait de 30% du coût global, estimait le DGA. Et celui-ci d’ajouter que « la guerre en Ukraine nous a forcés à nous interroger sur ce sujet et nous force aujourd’hui à mettre en place des processus pour systématiser cette analyse de la valeur dans l’ensemble de nos systèmes ».
La question est par ailleurs étroitement liée à celle du maintien en condition opérationnelle. Le besoin en MCO dépend en grande partie du degré de sophistication du matériel. Intégrer cette donnée dans l’étape d’analyse de la valeur, et au-delà négocier des contrats globaux et non plus seulement d’acquisition, paraît donc essentiel pour s’assurer que « les marges limitées en amont ne soient pas récupérées en aval ».
Crédits image : Adrien Daste / Airbus