La viabilité d’une filière petit calibre nationale auscultée par la DGA

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La Direction générale de l’armement (DGA) a été chargée d’étudier la viabilité économique de la relance d’une filière de munitions petit calibre sur le sol français, un exercice déjà mené auparavant et un nouvel épisode dans une saga au long cours.

« J’ai confié une mission au DGA [Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva] il y a de cela maintenant quelques semaines pour documenter le coût de la recréation d’une filière en la matière », déclarait hier le ministre des Armées Sébastien Lecornu au Sénat. 

Cette analyse, la DGA l’établira « en travaillant de concert avec l’ensemble des environnements concernés par les munitions de petit calibre », ajoutait le ministre lors de débats entourant l’adoption du projet de loi de finances pour 2024. Derrière les armées, bien d’autres acteurs sont susceptibles d’y jouer un rôle. Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer et les douanes, évidemment, mais également la Fédération française de tir car le sujet « pose aussi la question des débouchés civils ». 

Un petit calibre n’est pas l’autre et il s’agira aussi de caractériser le marché en tenant compte de sa segmentation. « Le petit calibre, ce n’est pas uniforme », rappelle le ministre des Armées avant de mentionner un 9 mm sur lequel « il y a quelque chose à faire ».

Cheval de bataille des parlementaires du Rassemblement national, la question de la recréation d’une filière souveraine a maintes fois été posée par le passé. Dès 2017, les analyses préalables du ministère relevait l’absence de compétitivité d’un tel projet. Entre le retour à une logique de stock, le durcissement de la préparation opérationnelle, la demande accrue et le protectionnisme appliqué à certaines matières premières, le contexte a depuis lors bien changé. Mais si le fond fait consensus, la forme fait toujours autant débat.

« Cela aura forcément un coût », rappelle le ministre des Armées. Un investissement initial évalué à 100 M€ par le sénateur Aymeric Durox, à l’origine d’un amendement proposant d’ôter cette somme du programme 144 «  Environnement et prospective de la politique de défense » pour la réinjecter au profit des équipements. Sans succès. Hors de question, en effet, de grever les budgets fléchés vers l’innovation et le renseignement alors que s’amorce une loi de programmation militaire allouant 16 Md€ aux munitions entre 2024 et 2030, une ligne en hausse de 7 Md€ par rapport à la période en finition. 

Pour Sébastien Lecornu, il est impensable d’y aller à l’aveugle. « Si on recrée une filière sans modèle économique et sans débouchés avérés, le risque est d’y mettre de l’argent public et de le voir disparaître à terme, et cela évidemment personne ne le souhaite ». C’est tout l’enjeu du mandat confié au DGA.

« Je reviendrai devant le Sénat, et devant le parlement de manière globale, je pense d’ici à la moitié de l’année 2024 pour donner une orientation définitive sur ce sujet », clôturait Sébastien Lecornu. En cas de nouvel échec, restera l’idée d’un partenariat stratégique avec un allié proche. Une voie médiane qui sacrifie la pleine souveraineté à la maîtrise des coûts, car potentiellement synonyme de communalisation des  besoins. 

Crédits image : Matthieu L./35e RI