Eurosatory 2022 : PHOBOS, une nouvelle carte à jouer dans la robotique pour SERA Ingénierie

Share

Après une première incursion dans la robotique militaire grâce à la mule ROBBOX, SERA Ingénierie retente sa chance avec le robot PHOBOS. Dévoilé la semaine dernière à Eurosatory, il a pu se confronter au terrain lors du challenge CoHoMa organisé fin mai par le Battle Lab Terre. 

SERA Ingénierie, c’est « en majorité des ingénieurs en provenance de la course automobile, de la Formule 1 au Paris-Dakar, et qui amènent leur expertise pour des applications militaires », nous explique-t-on. Entre les 2500 m2 réservés à la production et le bureau d’études, « on parle d’une vingtaine de personnes consacrées au prototypage et à de la petite série ».

C’est en capitalisant sur ces compétences que SERA, filiale du groupe SOGECLAIR, a conçu le système d’ouverture d’itinéraire miné (SOUVIM 2) opéré par le 13e régiment du génie de l’armée de Terre ainsi qu’un véhicule d’attaque rapide pour les forces spéciales françaises. Elle mise aujourd’hui partie des enseignements du ROBBOX également pour proposer le PHOBOS, un robot polyvalent et modulaire de 2 tonnes dont 1 tonne de charge utile.

Crédits : SERA Ingénierie

« PHOBOS a été conçu comme un véhicule en suivant deux lignes directrices ». Premièrement, il s’agissait de s’affranchir de toute problématique de mobilité grâce à un châssis 100% « maison », une propulsion 4×4, des suspensions très larges et un empattement proportionnellement comparable à celui des véhicules Scorpion. « Il est pensé pour franchir tout type de terrain. Nous avons grimpé des pentes à 60°, nous avions du mal à suivre derrière ».

Et deuxièmement, l’autonomie. Exit la motorisation hybride du ROBBOX, le PHOBOS est construit autour d’un unique moteur diesel et d’une transmission hydraulique. Grâce au réservoir de 90 litres extensible jusqu’à 200 litres, l’autonomie maximale « se compte en semaines ». Une capacité utile pour certaines missions au long cours, comme la surveillance d’emprises sensibles, et qui s’avère déterminante pour alimenter n’importe quel équipement embarqué.

Pour Eurosatory, l’expert de la mobilité a choisi d’approfondir la fonction « armement » en ajoutant un tourelleau téléopéré équipé de deux paniers de roquettes fournis par Thales et d’un module de désignation de la gamme iXblue. « Cela avait du sens au vu de l’actualité », estime SERA Ingénierie.

Autre exemple d’intégration : le laser HELMA-P de Cilas. Ici sur le ROBBOX, en attendant le surplus de mobilité et d’autonomie promis par le PHOBOS

D’autres effecteurs sont à l’étude, à l’image du laser anti-drones HELMA-P de CILAS, dont un prototype vient d’être acquis par le ministère des Armées. « Rien n’empêche d’imaginer d’autres kits pour d’autres missions, comme la logistique, l’évacuation médicale, et des applications civiles au profit des pompiers ou de la Gendarmerie nationale par exemple ».

À peine créé, le PHOBOS s’est déjà confrontée à un scénario opérationnel. C’était lors du challenge CoHoMa, auquel SERA participait avec la « Force W », une équipe pilotée par Thales. Le PHOBOS jouait alors le rôle de « véhicule mère », capable de lancer, de récupérer, de recharger et de relancer un micro-robot ou un micro-drone. Il était lui-même piloté depuis un autre véhicule mère, un VAB modifié. Lancée en novembre 2021, la conception a abouti à un premier tour de roues six mois plus tard. « Cela aura été un gros challenge pour les équipes, motivées par l’obligation d’être au rendez-vous de CoHoMa ».

D’autres démonstrations, d’autres pistes d’amélioration sont au programme. La plateforme est aboutie, mais les réflexions se poursuivent sur l’intégration de nouveaux modules d’autonomie, d’aides à la conduite et de l’intelligence artificielle. Le PHOBOS est parvenu au stade du prototype, mais SERA réfléchit dès maintenant à son industrialisation. Une phase délicate pour laquelle elle pourra s’appuyer sur les compétences du groupe SOGECLAIR, qui dispose d’une dizaine d’usines et de sites d’intégration dans le monde.