Eurosatory 2022 : l’ambition renouvelée de Nexter dans la défense sol-air basse couche

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Drones armés, munitions rôdeuses et autres nouvelles menaces aériennes prolifèrent, motivant de nombreuses armées à réinvestir dans la défense sol-air courte portée, ou basse couche (SABC). Pour Nexter, il s’agit d’être force de proposition. Le groupe français s’est donc servi de la formidable caisse de résonance qu’est Eurosatory pour renforcer sa position dans ce segment.

Miser sur le Serval

Le sujet du bouclier anti-aérien n’est pas neuf, mais les conflits récents amènent les États à se pencher sur des capacités SABC souvent devenues embryonnaires, voire sorties des inventaires. « Ce que l’on voit en Ukraine nous montre que la menace des drones est beaucoup plus conséquente et structurée que ce qu’on imaginait », explique Nexter. Le contexte a donc « très probablement contribué à accélérer la nécessité d’étudier de nouvelles solutions qui permettent de traiter l’ensemble du spectre de menaces, qui soient mieux protégées et beaucoup plus mobiles ».

Pour Nexter, il s’agissait avant tout de miser sur la modularité du Serval pour concevoir une variante « ATLAS RC » en collaboration avec MBDA. L’idée découle de la concordance entre « notre analyse, qui a montré qu’il y avait de l’espace et un besoin pour ce genre de solution » et « une volonté des forces de renouveler leur capacité de défense aérienne courte portée, et notamment sur le plan de la mobilité ».

Évoqué il y a quelques années par l’armée de Terre, une déclinaison SABC du Serval faisait une première apparition durant Eurosatory 2022

« Le principe, c’est de prendre ce système et de reproduire ce qui a été fait sur le véhicule MPCV ou la Peugeot P4 en son temps pour l’Armée de l’Air française sur un Serval pour disposer d’une solution mobile de défense anti-aérienne au profit des infrastructures et des convois ». Soit une version flexible répondant bien mieux aux impératifs de protection et de mobilité que les Mistral MANPADS et PAMELA en service dans l’armée de Terre.

Le Serval ATLAS RC récupère le tourelleau téléopéré de MBDA, armé de deux missiles Mistral et d’une mitrailleuse de 7,62 mm pour l’autoprotection du véhicule. La configuration est néanmoins à déterminer avec le client, que ce soit la France pour Scorpion et sa suite ou pour un éventuel prospect export. Si le rapprochement avec MBDA est naturel, la question des capteurs nécessaires pour la désignation d’objectifs est posée. Un Serval pourrait ainsi s’intégrer dans une bulle anti-aérienne existante ou devenir la première brique d’une bulle en création.

Ce Serval SABC, mentionné il y a plusieurs années par l’artillerie française, est aujourd’hui au stade de l’étude de concept et n’a pas vocation à rejoindre les forces dès demain. En revanche, des discussions se poursuivent avec la Direction générale de l’armement (DGA) et l’armée de Terre avec pour aux besoins tout en répondant aux pré-requis du programme Scorpion.

Un éventail de solutions

Mais Nexter pousse la modularité un cran plus loin. « À partir du moment où on sait intégrer l’ATLAS RC sur un Serval, on peut aussi l’intégrer sur un TITUS », souligne le groupe, qui défend « cette capacité propre à l’intégrateur système de proposer différents types de solutions en provenance de plusieurs industriels ».

À l’inverse, rien n’empêche de transférer la solution SABC présentée sur le TITUS sur le Serval. Le TITUS est connu de longue date, mais sa suite d’effecteurs et de capteurs est inédite. En son centre, un tourelleau téléopéré ARX30 de 30 mm présenté pour la première fois en version anti-drones « Nerod ». Nexter s’est en effet rapproché de MC2 Technologies pour y accoler une solution non-létale, le fusil anti-drones Nerod. Derrière, une version ARX30 C-UAV est annoncée pour 2025.

Autre porteur, mais une même logique d’intégration de solutions « maison » ou externes mise en avant par Nexter au cours d’Eurosatory

De nombreuses questions restent ouvertes, à l’image du choix de l’outil de commandement et de contrôle (C2). D’autres effecteurs sont par ailleurs envisagés. « Nous travaillons avec d’autres fournisseurs que MBDA et MC2 technologies », indique Nexter, qui discute aussi avec CILAS pour l’intégration d’une arme laser.

Qu’importe le porteur et ce qu’il portera, ce qui compte pour Nexter c’est bien de démontrer sa capacité à intégrer de nouveaux systèmes d’armes pour permettre ensuite à la DGA et à la Section technique de l’armée de Terre d’émettre un choix. Alors, pari gagné ? Le temps le dira, mais l’intérêt initial est bien présent. Les premières touches pré-salon ont été confirmées par « les nombreuses manifestations d’intérêt » constatées en seulement cinq jours d’exposition.