Le tout nouveau Campus Cockerill à Commercy construit sur un site occupé par le 8RA jusqu’à sa dissolution le 25 juin 2013. CMI acheta le site il y a trois ans. (Crédit photo : Christina Mackenzie)
C’est peut-être une simple coïncidence, mais CMI, une entreprise belge de 200 ans qui espère acheter Renault Trucks Defence (RTD) à Volvo, organisait aujourd’hui un grand événement sur son nouveau Campus Cockerill à Commercy, dans l’est de la France, évènement qui ressemblait for à du lobbying. Parmis les invités, FOB a vu des membres des commissions de défense des deux chambres du Parlement français, un ancien ministre de la Défense, des hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie, des politiciens locaux et d’autres personnalités. L’événement était révé pour permettre à Bernard Serin, le PDG, Jean-Luc Maurange, le président de CMI Defence et Patrick Ribayrol, le président de CMI Defence France, de souligner le caractère français de cette entreprise belge.
Les invités de CMI regroupés dans les tous nouveaux bâtiments avant de voir les démonstrations du savoir-faire de DMI Defence (Crédit photo : Christina Mackenzie)
Mettre l’accent sur ce côté français est vital pour CMI, car RTD est un acteur majeur du programme Scorpion de l’armée française et Paris fait pression pour que la société soit achetée par un groupe français. « En France, CMI Defence dispose de toutes les capacités de conception, de développement, de production, de formation et de MCO nécessaires aux programmes français en cours et à venir », expliquait Ribayrol aux invités.
KNDS, le groupe formé par le français Nexter et l’allemand Krauss Maffei Wegmann, est en compétition avec CMI sur le dossier RTD. Nexter est un des trois grands groupes impliqués dans Scorpion. Thales est le troisième. « Nous avons manifesté notre intérêt auprès de Volvo en avril 2016, bien avant qu’ils aient publiquement annoncé en novembre qu’ils voulaient se séparer de RTD », nous a dit Maurange, ajoutant que même si KNDS avait clairement été le favori jusqu’à récemment, il y avait une écoute attentive aujourd’hui pour le cas défendu par CMI.
« Il n’est pas bon pour l’armée française d’avoir un seul fournisseur de véhicules », affirme pour sa part Ribayrol, qui fut général de corps d’armée jusqu’à son adieu aux armes en août 2015. Il argumente que KNDS n’étant qu’à ses débuts, il est trop tôt pour y ajouter un troisième partenaire.
« Nous sommes convaincus que notre offre de valeur, notre capacité d’innovation, de développement et (…) d’écoute et de compréhension des forces armées et de leurs besoins opérationnels sont de nature à pouvoir apporter des réponses et des solutions aux attentes exprimées en France », déclarait Ribayrol devant les invités.
CMI est une société privée détenue à 80,65% par Ebenis SA (qui appartient à Serin) et 19,35% par Dodeca SA (qui appartient à un certain nombre de hauts dirigeants de CMI). La société est active dans cinq secteurs: Énergie (énergie solaire et système de récupération de chaleur); Industrie (métaux); Environnement (créé le 1er août 2016 pour rassembler toutes les solutions environnementales du groupe); Services (principalement dans les secteurs nucléaire, éolien et aéronautique); et la Défense (tourelles et canons).
Le groupe a enregistré des commandes estimées à 1,1Md€ en 2016, soit une baisse de 1,4Md€ par rapport à 2015 et 2014, mais celles-ci ont été jugées exceptionnelles. Son chiffre d’affaires en 2016 était estimé à 1,2Md€, en légère baisse par rapport aux 1,3Md€ de 2015, mais dans l’ensemble il poursuit une tendance à la hausse d’un exercice à l’autre.
CMI emploi 4 600 personnes, dont 1 600 en France et 1 300 en Belgique.
Les acheteurs potentiels de RTD sont susceptibles d’être invités à soumettre leurs meilleures offres en mai ou juin et bien que Volvo avait à l’origine dit vouloir prendre une décision avant l’été cela semble maintenant peu probable, selon Serin, qui croit que Volvo tient compte du calendrier électoral français et de ses élections présidentielles en mai.
Le CPWS (Cockerel Protected Weapon Station) de CMI Defence sur un véhicule Renault Trucks Defence (Crédit photo : CMI)