Cinq pays s’allient pour concevoir l’hélicoptère multirôle de demain

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Trois NH90 TTH Caïman déployés au sein de l’opération Barkhane (Crédit : armée de Terre/MinArm)

 

Cinq pays, dont la France, ont signé le 23 octobre une lettre d’intention posant les bases du programme « Next Generation Rotorcraft Capability » (NGRC). Placé sous la bannière de l’OTAN, NGRC vise à pourvoir au remplacement des hélicoptères médians multirôles actuellement en service.

 

Entre des Puma conçus dans les années 1960 et des NH90 et AW101 plus récents, l’OTAN estime à plus d’un millier le nombre d’hélicoptères médians qui devront être remplacés dans les deux prochaines décennies. NGRC réunit la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la Grèce autour d’un même enjeu : concevoir et produire une plateforme capable de succéder à ces flottes à l’horizon 2035-2040. La LoI signée fin octobre n’en en rien contraignante. Cette coopération reste par ailleurs ouverte à d’autres membres et partenaires de l’OTAN, après accord des pays participants.

 

Officiellement dévoilé hier, NGRC rejoint le panel de « High Visibility Projects » (HVP) en cours de réalisation au sein de l’Alliance atlantique. Les cinq partenaires vont maintenant se concentrer sur la définition des besoins afin d’alimenter la prochaine étape, consacrée à l’élaboration du concept. Celle-ci ne démarrera qu’après la signature d’un Memorandum of Understanding par les ministres de la Défense, envisagée au plus tôt pour 2022. La phase conceptuelle de NGRC se concentrera « initialement sur les capacités médianes multirôles en tenant compte de la rapidité des évolutions technologiques et des besoins futurs des participants », souligne l’OTAN.

 

Le sujet NGRC réunit les pays abritant deux des plus grands hélicoptéristes de la planète, Airbus Helicopters et la division hélicoptères de Leonardo (ex-AgustaWestland). Le premier, par la voix de son PDG Bruno Even, s’est d’ores et déjà dit « prêt à s’associer et à coopérer sur un tel programme européen pour répondre aux besoins de nos clients européens ». « Il est bon que nos clients militaires amorcent ces réflexions. L’industrie a besoin d’une vision à long termes sur ces besoins », expliquait-il au magazine spécialisé Flight Global.

 

S’il se matérialise, NGRC pourrait répondre au besoin exprimé par le programme « Hélicoptère de manœuvre nouvelle génération » (HM NG), brièvement évoqué dans le PLF 2021. Avec HM NG, le ministère des Armées envisage de remplacer ses Puma, Caracal et Cougar subistants par « des appareils de la classe 10-12 T en cherchant une rationalisation du parc de chaque armée » à l’horizon 2040. Une définition qui, bien qu’extrêmement restreinte, entre dans les cordes tout aussi limitées de NGRC.

 

Asseoir ce besoin dans un cadre OTAN peut paraître surprenant, car éloigné du discours souverainiste défendu par certains européens. C’est néanmoins un choix pragmatique qui permet d’inclure directement le Royaume-Uni, ce qu’interdit la Coopération permanente structurée mise en place par l’Europe.

 

Faire de NGRC un nouvel High Visibility Project, c’est aussi profiter d’un mécanisme de coopération éprouvé. Ce programme devient ainsi le 13e HVP et le cinquième dans lequel la France décide de s’investir. De part son approche multilatérale, ce dispositif forme un cadre dans lequel les participants décident de développer, produire et, éventuellement, d’acquérir conjointement des capacités critiques. Avec, à la clef, « des coûts réduits grâce aux économies d’échelle tout en améliorant les valeurs opérationnelles grâce à une meilleure communalité des équipements, de l’entraînement, de la doctrine et des procédures ».

 

Enfin, NGRC pourra tirer partie des RETEX d’un programme à l’objectif similaire et lui aussi réalisé dans un cadre OTAN : le NH90. La multiplication des sous-variantes et le dédoublement des interlocuteurs industriels, par exemple, sont des écueils vécus avec le NH90 qui mériteront d’être considérés dans la méthode et la définition du besoin du NGRC.