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2021, année du Jaguar

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Deux ans après le Griffon, le Jaguar s’apprête à son tour à entrer en scène. Retardées en raison de la crise sanitaire, les livraisons démarreront finalement en mai prochain avec pour enjeu majeur la projection du Jaguar sur un théâtre d’opération extérieure en 2023.

Vers les premières livraisons

Il aura été l’une des vedettes des dernières célébrations du 14 juillet à Paris. Successeur des VAB HOT, AMX-10RC et ERC 90, le Jaguar sera livré à 300 exemplaires à l’armée de Terre, dont la moitié à l’horizon 2025. Signe de la montée en puissance du programme, la DGA a passé commande en septembre de cette année d’une nouvelle tranche de production de 42 exemplaires. Conformément à la loi de programmation militaire, ces véhicules arriveront dans les forces entre 2022 et 2023.

Loin des pavés parisiens, c’est sur les terrains d’essais qu’aura principalement évolué le Jaguar cette année. Hormis la mobilité sur sable évaluée à DGA Essais de missiles à Biscarosse, les experts de DGA TT ont poursuivi la qualification en terrain boueux à Bourges, dans un environnement «  très dimensionnant pour la chaîne de mobilité », expliquait l’ingénieure en chef de l’armement (IGA) Marie, directrice du programme Scorpion, lors d’un récent point presse sur le sujet. L’aspect mobilité n’éclipse en rien la question de la fonction feu, plus prégnante que sur le Griffon et sujette à une première campagne de tests en 2020. Au début du mois de décembre à Bourges, le Jaguar a ainsi tiré « plus de 300 coups de canon de 40 mm pour les essais de qualification de la fonction feu, fonction majeure évidemment pour ce véhicule », ajoutait l’IGA Marie.

Pour la DGA, cette phase a néanmoins « subit la crise sanitaire de plein fouet ». Délicats à organiser en raison des mesures sanitaires, ces rendez-vous techniques ont été à l’arrêt durant plusieurs mois en raison du confinement. Ils n’ont repris qu’une fois entamée la phase de déconfinement. La densité des évaluations sera donc accrue dans les mois à venir. « Les centres d’essais de la DGA sont extrêmement mobilisés sur Scorpion du fait de la reconstruction du calendrier de qualification suite à la crise Covid. Les essais en 2021 seront très, très denses », annonçait l’IGA Marie.

Et si le Covid-19 a décalé l’entame des livraisons, il ne remet pas en cause les futurs grands jalons. Selon le projet de loi de finances 2021, l’armée de Terre percevra vingt Jaguar l’an prochain. Les premiers seront réceptionnés dans le courant du mois de mai. Ce parc initial permettra d’entamer de concert l’évaluation opérationnelle du véhicule par la Section technique de l’armée de Terre (STAT) et la formation des escadrons au sein du régiment de chasseurs d’Afrique (1er RCA) de Canjuers. Centre de perception et de formation unique pour le Griffon et le Jaguar, le 1er RCA a formé une centaine d’instructeurs Griffon sur les 12 derniers mois. Ce cycle continuera avec des formations dispensées d’ici à l’été prochain au profit de la 13e DBLE et du 126e RI. Six mois plus tard, sa mission d’instruction sera élargie au Jaguar.

Dans la lignée du Griffon, le 1er RCA établira un socle d’instruction destiné aux primo-formateurs des régiments de cavalerie. Une mission qui nécessitera l’achèvement notamment de nouvelles structures de simulation dédiées. Tant ce chantier que ceux relatifs au soutien en régiment des Griffon ont subi l’impact de la crise sanitaire. « Les chantiers se sont arrêtés au moment du confinement au mois d’avril », précisait le colonel Olivier, officier de programme Scorpion au sein de l’État-major de l’armée de Terre. Ces opérations n’ont repris qu’après avoir été adaptées aux mesures de distanciation, occasionnant « des retards qui n’ont pas eu d’influence sur la montée en puissance Scorpion de l’armée de Terre ».

Un Jaguar lors d’essais en environnement boueux (Crédits: DGA)

Le 1er REC a priori en pointe

Traditionnellement « en tête de la colonne », le 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) devrait être le premier régiment de cavalerie à basculer dans l’ère Scorpion. Selon une communication régimentaire, les légionnaires du Royal étranger ont dans ce sens approché le Jaguar dès janvier 2019 à l’occasion d’une campagne de tests menée au camp de Carpiagne.

Trois ans après cette présentation initiale, ils pourraient donc inaugurer en janvier 2022 le cycle de formation Jaguar prodigué par le 1er RCA. Qu’il s’agisse du 1er REC ou d’un autre régiment, l’armée de Terre prévoit d’équiper un premier escadron blindé « à l’horizon de février 2022 », détaillait le colonel Olivier. D’après le plan d’équipement présenté en 2019 par l’armée de Terre, le 1er REC serait suivi des 4e régiment de chasseurs (Gap), régiment d’infanterie chars de marine (Poitiers) et 5e régiment de dragons (Mailly-le-Camp).

Tous devraient profiter de l’arrivée progressive des différentes briques du système de préparation opérationnelle (SPO) Scorpion. Commandées cette année auprès de RUAG et Agueris (John Cockerill), les cabines de simulation SERKET sont ainsi attendues en 2022. Elles serviront à l’entraînement des équipages de Jaguar et des futurs Leclerc XLR et Griffon « véhicule d’observation d’artillerie ».

Le SPO comprend ensuite la commande, en 2021, du système de simulation embarquée statique SEMBA pour Jaguar. Les premiers exemplaires seront livrés un an plus tard. Une fois installé sur les véhicules de la dotation régimentaire, SEMBA répondra aux besoins d’entraînement d’un SGTIA en garnison ou sur un théâtre d’opération extérieure. Pour les troupes projetées, il représente un outil avec lequel il sera possible « de jouer une mission en amont pour voir quel va être le terrain, comment faut il s’organiser et faire un vrai ‘rehearsal’ de la mission en opération », rappelait le colonel Olivier.

SEMBA présentera par ailleurs une capacité de simulation distribuée grâce à laquelle plusieurs régiments interconnectent leurs cabines. Il sera alors possible pour un escadron ou un peloton de Jaguar de jouer un scénario tactique dans lequel la gestion des feux, par exemple, sera simulée simultanément par les artilleurs d’autres régiments. Selon le colonel Olivier, « cela permet de préparer les CENTAC en amont, de gagner du temps dans la préparation opérationnelle et de rationaliser les moyens ».

Entre les formations au 1er RCA et les livraisons en régiment, le tout concourra à alimenter un cycle d’expérimentation qui doit aboutir en 2023 au déploiement d’une brigade interarmes (BIA) Scorpion sur un théâtre d’opération extérieure. Un jalon majeur synonyme d’engagement opérationnel initial pour le Jaguar, deux ans après l’envoi au Mali d’un premier GTIA doté du Griffon, tel qu’annoncé en septembre par le ministère des Armées.

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