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2 Md€ pour acter le « durcissement important » des stocks de munitions

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Le ministre des Armées l’a réaffirmé ce mardi lors d’une audition au Sénat : un effort financier sera consenti l’an prochain sur le sujet des munitions. Certaines opérations seront accélérées, mais d’autres, à l’instar des missiles antichars et antiaériens, sont programmées depuis longtemps.

Un bond de 500 M€ en 2023

Parmi les nombreux axes évoqués lors de cette audition, il y en a une sur laquelle « il y a, non pas un pivot, mais un durcissement important, ce sont évidemment les munitions. C’est un RETEX lourd, évidemment très structurant », déclarait Sébastien Lecornu aux sénateurs de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Comme annoncé la semaine dernière, le projet de loi de finances pour 2023 contient une ligne de 2 Md€ pour l’achat de munitions, une hausse de 500 M€ par rapport l’année en cours. « C’est clef, cela veut dire 60% de crédits en plus par rapport à 2019 », souligne le ministre des Armées.

Dit autrement, le PLF 2023 alimentera l’acquisition de 200 missiles moyenne portée (MMP), 118 missiles Aster 30 B1 NT pour le système de défense antiaérienne SAMP/T NG et 100 missiles Aster 30 pour les frégates de défense et d’intervention (FDI). Les livraisons, correspondant à 1 Md€, comprennent entre autres 10 000 obus de 155 mm pour les canons CAESAR et 50 millions de munitions de petit calibre. « Bref, une liste importante mais qui vient donner du concret sur notre capacité à remonter en puissance sur nos stocks de munitions ».

L’effort bénéficie donc à l’artillerie, une capacité revenue sur le devant de la scène depuis le 24 février. Le PLF 2023 permettra de recevoir « davantage de munitions que nous n’en avons cédés [à l’Ukraine] », indiquait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, jeudi dernier à Satory. Mais si ces obus « sont pour la France », il n’est pas exclu d’y prélever « ce que le président de la République pourrait donner à un allié et un ami qui s’appelle l’Ukraine ».

Hormis l’artillerie, le programme 178 contient une hausse des crédits d’équipement qui permettra de financer « l’acquisition de munitions supplémentaires pour répondre aux besoins de la haute intensité » de l’armée de Terre. Ce sont principalement des roquettes antichars AT4 F2, qui succéderont prochainement à l’AT4 CS, et d’obus de mortier de 120 mm.

Petit calibre et munitions complexes

Rarement évoqué, le volume annoncé de munitions de petits calibres correspond à un peu plus de la moitié de la consommation annuelle des armées, qui oscille entre 80 et 85 millions de cartouches par an. La situation des stocks était jugée « très satisfaisante » en janvier dernier par le ministère des Armées. Mais cela, c’était avant l’invasion russe de l’Ukraine et toutes les réflexions qu’elle engendre, notamment en termes d’attrition des stocks.

La commission n’aura pas manqué l’occasion de revenir sur le serpent de mer du rétablissement d’une filière petit calibre en France. « Sur le petit calibre, ce n’est pas tant l’Ukraine mais le Covid qui nous rappelle qu’à un moment donné on doit avoir certaines productions en souveraineté », a répondu le ministre des Armées.

« Certaines dépendances sont impensables », a-t-il affirmé, ajoutant que « cela fait partie de la feuille de route du DGA, de définir aussi dans cette économie de guerre là où nous n’acceptons plus qu’il y ait des fragilités sur les stocks, des fragilités sur les sous-traitances ou des fragilités sur des outils de production ».

Si la hausse financière est réelle, elle alimente aussi « des choses qui étaient déjà prévues » et qui sont dès lors décorrélées d’une réaction à la guerre en Ukraine. C’est le cas de munitions complexes dont les commandes et volumes sont programmés depuis longtemps. L’achat d’Aster 30 B1 NT, jusqu’alors fixé pour 2022, est par ailleurs décalé d’une année.

Acter la reconstitution ou l’accroissement des stocks est une chose, réduire les délais d’approvisionnement pour en ressentir les effets au plus vite en est une autre. C’est l’enjeu de réflexions menées sur la production des munitions de 155 mm, que le ministère des Armées souhaite voir réduite à trois mois au lieu de neuf. Pour d’autres segments, il faudra être patient. L’attente se compte en années pour certains missiles. Le premier Aster 30 B1 NT, par exemple, est attendu en 2027, avec trois années de décalage par rapport à l’objectif initial.

Fin 2021, 1150 missiles MMP avaient été livrés aux forces sur les 1950 prévus à l’horizon 2025. Aucune livraison n’est prévue pour cette année et il faudra attendre 2023 pour réceptionner une nouvelle tranche de 200 missiles. Quant aux exemplaires restants, tant la cible que l’échéancier seront mis à jour après le lancement de l’étape 2 du programme prévu en 2023. L’occasion de revoir l’ambition à la hausse, voire d’acter l’accélération des livraisons ? Début de réponse l’an prochain.

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