Valls confirme l’augmentation continue du budget de Défense

Le budget de défense français continuera à croître, a déclaré le Premier ministre français Manuel Valls aux participants de l’Université d’été de la Défense à Paris le 6 septembre, car « nous avons changé d’époque; c’est la fin d’une forme d’insouciance. Nous sommes sur un autre terrain ». La France doit « investir beaucoup dans la sécurité des français », a-t-il ajouté, pour qu’elle puisse atteindre le seuil de 2% de PIB investi dans la défense recommandé par l’OTAN (il atteint actuellement 1,8%), un chiffre que Valls pense « atteignable », voire « peut-être plus ». « Nous n’avons pas le choix et puis la menace est là » et « n’a jamais été aussi élevée », explique-t-il.
 

Dans un rare moment d’intimité, Valls a admis que la seule chose qui le tienne éveillé la nuit est le « défi considérable, considérable, considérable » posé par la radicalisation islamique des jeunes français. Il a averti qu’ « il est fort probable que le type d’attaque de cet été se reproduise ou qu’on cherche à les reproduire » parce que « la situation de l’EI en Irak et en Syrie nous laisse penser que c’est ce type d’actions qui sera privilégié, surtout si les frappes de la coalition détruisent progressivement l’appareil logistique, technique et humain de l’organisation terroriste ».
 
Le Premier ministre a déclaré que la France « face à une mutation profonde de la sécurité avec un continuum majeur entre sécurité intérieur et extérieur, entre DGSE, DGSI, entre ministère de la défense et ministère de l’intérieur. Il y a un changement ». Cela signifie qu’ « il faut continuer a engager les moyens (tant humains que financiers) », et ceux-ci « iront croissant », ajoute-t-il.
 
S’exprimant d’une manière remarquablement franche et informelle lors d’une table ronde, il a été le premier Premier ministre français à accepter une invitation pour s’exprimer durant l’Université d’été de la Défense, qui est un incontournable du calendrier de l’environnement de défense français.
FOB a appris que Valls avait donné carte blanche aux trois autres membres de la table ronde pour lui poser des questions : le général Jean-Paul Palomeros, qui a dirigé le commandement allié Transformation de l’OTAN, Olivier Darrasson, fondateur et président de CEIS (qui organise l’Université d’été de la Défense), et Alexis Bautzmann, président de l’éditeur Aréion.
 
Et le spectre des questions relatives à la défense et à la sécurité fut large, allant de la France à l’OTAN en passant par l’Europe. Valls estime clairement que l’Europe doit être responsable de sa propre défense même si il concède que « nous ne partageons pas tous en Europe les mêmes visions concernant les risques entre l’Europe oriental et l’Europe du Sud ou entre les fondateurs [de l’Union Européenne] et les nouveau arrivants ». Il explique que même si « l’OTAN reste le creuset du partenariat Euro-Atlantique, c’est un outil indispensable d’interopérabilité mais en revanche je suis convaincu que le destin de l’Europe passe par une politique européenne de défense. Je pense même que c’est au coeur de son destin ».
 
En réponse à une question concernant ses priorités pour les derniers mois du gouvernement qu’il a dirigé avant les élections présidentielles de l’année prochaine, Valls précise qu’il a été profondément bouleversé par les attaques terroristes successives en France et que sa priorité absolue était désormais « la protection des citoyens français, et ça sera également le cas pour le prochain gouvernement ».