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Une première « promo ONU » formée à l’école des drones de l’armée de Terre

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Unique en son genre, le Centre de formation des drones de l’armée de Terre poursuit son internationalisation au profit d’armées et d’organisations étrangères. Le mois dernier, ses instructeurs ont formé pour la première fois une douzaine de personnels civils de l’Organisation des Nations unies (ONU) venus des quatre coins du monde.

Instruire les instructeurs de l’ONU

Voici plusieurs années que la réputation du CFD a dépassé les frontières françaises pour répondre aux besoins exprimés par des « clients » étrangers. Piloté par les Diables noirs du 61e régiment d’artillerie (61e RA), celui qui s’appelait encore le « Centre de formation délégué » instruisait dès 2014 une dizaine de militaires qataris au maniement de drones de classe M-III, à l’époque dotés d’une heure d’autonomie pour 10 km de portée, en vue d’une acquisition et d’une utilisation opérationnelle.

Sept ans plus tard, c’est au tour des Nations Unies de se tourner vers cette entité pour former ses instructeurs à la mise en œuvre de drones de petites tailles « avec une approche très tactique », nous explique le 61e RA.

« L’ONU cherchait à apprendre à dispenser des savoir-faire immédiatement opératoires pour des troupes déployées dans les opérations de maintien de la paix. C’est donc tout naturellement que la France a proposé ses services et que l’armée de Terre a été sollicitée par l’État-major des armées pour proposer une réponse au partenariat », complète le régiment.

Avec 55 années d’expérience dans le domaine des drones, le CFD faisait office de candidat idéal pour recevoir les douze civils envoyés par l’ONU à Chaumont (Haute-Marne) pour deux semaines de stage. Une session qui s’inscrit dans le cadre de l’UN C4ISR Academy for Peace Operations (UNCAP), établie l’an dernier avec la France entre autres partenaires.

Cours de pilotage sur microdrone Mavic pour ces futurs instructeurs de l’ONU (Crédits : 61e RA/armée de Terre)

Une formation en deux temps

Dispensée en français et en anglais, cette première itération du stage contenait un bloc théorique et un bloc pratique. Le premier a permis d’aborder les notions de base en aéronautique, telles que la mécanique de vol ou la météo. Il comprenait également des notions élémentaires en imagerie, notamment en relation avec le rayonnement électromagnétique. S’y ajoutait un module lié à la réglementation aérienne, avec des questions de procédures, de circulation aérienne ou encore de coordination dans la 3e dimension.

Quant au volet pratique, celui-ci contenait un important module de pilotage sur base des quatre drones de marque DJI dont dispose le régiment : les Mavic, Mavic Pro 2, Phantom 4 et Entreprise. L’idée étant d’arriver le plus rapidement possible à l’assimilation de leur emploi opérationnel dans un contexte tactique. Chaque cours s’accompagnait enfin d’un volet pédagogique permettant au stagiaire de mieux appréhender les futurs cours qu’il aura à mener.

Officiellement qualifiés début août, ces nouveaux instructeurs iront à leur tour transmettre leurs savoirs et savoir-faire dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Cette internationalisation croissante du CFD n’aura en rien impacté le calendrier de stages réservés à l’armée de Terre et aux différents services français qui le sollicitent, de la Gendarmerie nationale à la DGA, en passant par la DIRISI, l’ECPAD et le SIRPA Terre. « Nous avons simplement réarticulé notre calendrier des stages pour honorer la demande de l’ONU », souligne le 61e RA.

(Crédits : 61e RA/armée de Terre)

La montée en puissance du CFD

En parallèle au rayonnement international, le CFD doit soutenir l’acculturation entreprise côté français. D’ici à 2024, 3000 vecteurs de toutes tailles, du nanodrone Black Hornet 3 au drone MALE Patroller, seront en service dans l’armée de Terre. Ce sont aussi 2500 opérateurs à former pour assurer leur mise en œuvre. Héritier du Bureau école du drone (BEc) puis du Centre d’Instruction Système d’Armes (CISA) du 61e RA, le CFD ne chôme donc pas depuis sa création en 2019. L’an dernier, sa trentaine d’instructeurs spécialisés ont accueilli et formé 877 stagiaires au cours de 156 sessions.

Le centre dispose aujourd’hui d’un catalogue de 25 stages différents centrés sur la mise en œuvre de tout type de drone ainsi que sur l’imagerie aérienne et satellitaire, la maintenance et le renseignement. Autant de chiffres qui, selon le 61e RA, lui confèrent officieusement le titre d’ « école des drones de l’armée de Terre ».

« Si le CFD a atteint une certaine maturité, il suit l’évolution du monde militaire et technologique et continue de s’adapter aux défis de demain », rappelle le 61e RA. Son effectif et ses compétences continueront donc d’augmenter « afin de s’inscrire pleinement dans les directives du chef d’Etat-major sur la « dronisation » annoncée de l’armée de Terre ». Les Diables noirs constituent pour cela un vivier idéal qui « permet de sélectionner en permanence les candidats qui ont l’expérience opérationnelle la plus récente et qui dégagent une véritable appétence pour la transmissions des compétences ».

Parmi les premières conséquences tangibles de cette montée en puissance, la mise sur pied au début de l’été d’une septième batterie. À charge de celle-ci d’accompagner le renouvellement des moyens et l’extension capacitaire opérés en 2021 avec la perception des premiers systèmes SMDR et Parrot ANAFI USA et d’un simulateur en vue de l’arrivée du Patroller, en 2022.