Cinq pays européens ont choisi de s’accorder pour renflouer conjointement leurs stocks de missiles sol-air Mistral 3. Une première synonyme de visibilité pour l’industriel en charge, le groupe européen MBDA.
Le rapprochement n’est pas sans rappeler celui réalisé par la Paris et Rome en décembre dernier pour l’acquisition de 700 missiles Aster. La France est cette fois rejointe par la Belgique, Chypre, la Hongrie et l’Estonie, tous signataires ce lundi d’une lettre d’intention pour l’achat groupé de missiles Mistral 3. « La défense du ciel européen ne peut se faire qu’avec des solutions industrielles européennes », annonçait le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, en marge de la cérémonie de signature.
Dans les rangs français, c’est l’aboutissement d’un processus lancé dès les premières discussions relatives à EDIRPA, mécanisme financier européen destiné à inciter aux achats d’armements conjoints. « Nous avons de suite proposé un certain nombre de produits et le Mistral a été identifié comme produit le plus fédérateur à proposer dans ce cadre », nous explique MBDA à l’occasion du salon du Bourget.
Selon le cabinet ministériel, le besoin combiné pourrait dépasser le millier d’exemplaires, « soit plus de 500 millions d’euros pour les missiles et les systèmes associés ». Les livraisons à venir permettront, selon les cas, de muscler la capacité existante ou de relancer celle disparue. Le voisin belge, par exemple, avait depuis longtemps annoncé son intention de récupérer une capacité sol-air très courte portée (SATCP) mise sous cocon depuis 2017 et réactivée trois ans plus tard.
Pour les Estoniens, ces missiles viendront renforcer les stocks existants au profit des deux brigades d’infanterie et compléter une trame composée à terme de systèmes PIORUN polonais et IRIS-T allemands. L’intérêt, tant pour Tallinn que pour ses quatre partenaires, est multiple. « Nous recevront les Mistral en Estonie plus rapidement, pour un coût moindre et cela augmentera certainement la coopération avec les Français », résumait hier le ministre de la Défense estonien, Hanno Pevkur.
Les discussions vont désormais bon train pour parvenir à la signature d’un contrat-cadre piloté par la France, jalon qui devrait être franchi d’ici 2024. À chaque pays ses enjeux et son calendrier, et chacun conserve donc l’opportunité de contractualiser des marchés à la Direction générale de l’armement, intermédiaire mandaté pour négocier les futures commandes auprès de MBDA.
Cette lettre d’intention, c’est autant une reconnaissance des capacités du missile qu’une promesse de visibilité pour le groupe européen. Celle-ci participera à soutenir l’objectif de doublement progressif des capacités de production de Mistral à compter de début 2025. « Envisagée avant l’EDIRPA, cette montée en cadence est notre contribution à la logique d’économie de guerre », explique l’entreprise. Cette perspective nécessitera également de plancher sur la réduction du cycle de production en travaillant main dans la main avec la chaîne de sous-traitance, autre chantier pour lequel MBDA ne ménage pas ses efforts.