Une centaine de Griffon et une quarantaine de Jaguar pourraient finalement être livrés plus tôt que prévu, propose le gouvernement dans un amendement au projet de loi de programmation militaire pour 2024-2030.
Après avoir lissé les cadences de production du programme SCORPION jusqu’en 2035, le gouvernement propose maintenant un petit rétropédalage en anticipant la production de 92 Griffon et 38 Jaguar supplémentaires au profit de l’armée de Terre.
Déposé ce mardi, cet amendement « tire les conséquences de décisions prises postérieurement au dépôt du projet de loi en ce qui concerne les cessions à l’Ukraine », souligne le gouvernement dans un exposé sommaire. L’effort permettra en effet de compenser l’envoi de VAB et d’AMX-10RC aux forces ukrainiennes, des dons dont l’ampleur n’a jamais été officialisée.
En cas de feu vert parlementaire, la cible de Griffon en service en 2030 sera rehaussée de 1345 à 1437 exemplaires. Celle du Jaguar de 200 à 238 exemplaires. Les équipements donnés à l’Ukraine ne seront pas forcément remplacés « dans un ratio de un pour un parce que cela dépend aussi du besoin. Quand on cède des VAB, par exemple, on les remplace en partie par des Griffon », soulignait ce matin le cabinet du ministre des Armées. Même limité, le coup de pouce permettra à quelques compagnies et escadrons de basculer plus rapidement qu’espéré dans l’ère SCORPION, « accélérant ainsi la modernisation et la numérisation du combat de l’armée de Terre ».
Pour éviter de peser sur le format des armées, ce recomplétement de matériels cédés à l’Ukraine sera financé « hors ressources budgétaires de la LPM ». Conformément à ce qui a été annoncé, l’aide à l’Ukraine « sortira » en effet de l’enveloppe de 400 Md€ demandée pour la prochaine période. Et si une petite partie, « pour un peu plus de 1 Md€ », est « malgré tout intégrée dans les 413 Md€ » pour « renouveler de façon anticipée les capacités », celle-ci sera bien prise en charge par un financement interministériel, insiste l’entourage ministériel.
Ces blindés seront par ailleurs livrés « avec le souci de limiter les pics de charge des industriels concernés et en cohérence avec la livraison des équipements annexes », complète le gouvernement. Cet amendement, ainsi que les 1732 autres soumis jusqu’à présent, seront discutés à partir de lundi prochain en séance publique de l’Assemblée nationale.